L’écrivain et journaliste anglais, Simon Kuper, collaborateur pour le Financial Times et auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le football, décrypte le regard de ses compatriotes sur le club de la capitale française et sur Neymar. So british.
La finale de Lisbonne en Ligue des Champions a-t-elle changé l’image du PSG outre-Manche ?
Non, pas fondamentalement. D’abord parce que le PSG a perdu, ensuite parce que son parcours n’a pas laissé de traces sportives fortes avec une victoire considérée comme chanceuse face à l’Atalanta Bergame et une demi-finale trop facile face à Leipzig. Le PSG reste le club du Qatar, créé artificiellement à coup de millions d’euros et qui continue de perdre contre les clubs historiques du foot européen.
Le compare-t-on à Manchester City, autre club financé par des fonds du Moyen-Orient ?
On pourrait et peut-être que ce serait logique, mais les supporteurs anglais ne font pas la relation car ils ne s’intéressent qu’à la Premier League, une compétition que Manchester City a gagnée. Cela a crédibilisé leur projet sportif et donc financier. Le PSG en a fait de même en France, mais personne ne regarde la L1 en Angleterre.
Qu’est-ce qui pourrait améliorer l’image parisienne aux yeux de vos compatriotes ?
C’est une bonne question (rires) ! Gagner la Ligue des Champions ne ferait pas de mal… à condition que ce ne soit pas contre un club anglais. Et aussi, peut-être que Neymar n’y joue plus… car il représente tout ce que déteste les supporteurs anglais : un joueur qui ne cesse de se rouler par terre et qui est le symbole du bling-bling en dehors des terrains. Il manque d’humilité et de simplicité.
« Si un joueur anglais de premier plan signait à Paris un jour… »
Pourrait-il tout de même jouer en Angleterre un jour ?
A la différence de Messi, qui serait accueilli comme un héros à City ou ailleurs, parce qu’ils le respectent d’abord en tant qu’homme, je ne pense pas que Neymar aurait le même accueil. Sa personnalité serait un frein à son intégration.
Les Anglais préféraient-ils l’ancien PSG, celui de Ginola, Weah, Lama, Raï… ?
L’équipe des années 90 avait d’autres vertus, plus en rapport avec les valeurs qui transcendent les supporteurs anglais. Mais personne ne s’en souvient aujourd’hui ! A la limite, les gens se souviennent davantage des Verts des années 70, parce qu’ils ont joué face à Liverpool, ou de l’OM des années 90 car il y avait Waddle. Le seul joueur anglais à être passé au PSG, David Beckham, n’y est resté que quelques mois sans marquer les esprits.
Si un joueur anglais de premier rang signait à Paris, l’image du club pourrait-elle évoluer positivement ?
Au moins, les Anglais s’y intéresseraient un peu plus souvent, et pas seulement en Ligue des Champions quand le sort lui réserve un club de Premier League, comme ça arrive très souvent depuis l’arrivée des Qataris. Mais cette récurrence ne suffit pas à crédibiliser le PSG à leurs yeux. Pour finir, à titre personnel, je précise que je suis un admirateur du jeu du PSG, Neymar compris (rires)…