Racheté par des Américains (BlueCo), le Racing ouvre cette saison une nouvelle page d’une histoire riche et complexe, débutée il y a plus d’un siècle, et ponctuée d’un seul titre de champion de France (en 1979). Avec un champion du monde sur le banc (Patrick Vieira), l’ambition est de retour.
Le palmarès une équipe de coupe
Face au seul titre de champion de France décroché il y a déjà 44 ans, le Racing oppose 7 coupes à son palmarès. De la première victoire en Coupe de France en 1951, à la dernière victoire en Coupe de la Ligue en 2019, les Alsaciens se sont fait une spécialité des épopées nationales. Derrière le PSG (9 victoires), Strasbourg est le club à avoir soulevé le plus souvent la Coupe de la Ligue, à 4 reprises (1964, 1997, 2005 et 2019).
Trois Coupes de France (1951, 1966 et 2001), trois finales (1937, 1947, 1995), une Coupe Intertoto (1995) et trois titres de champion de France de D2 (1977, 1988 et 2017) complètent un tableau rehaussé par un quart de finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions (1980) et trois huitièmes de finale de Ligue Europa (1979, 1998, 2006).
À LIRE AUSSI : toute l’actu à Strasbourg dans votre édition spéciale
Le moment de gloire 1997, l’élimination de Liverpool
Parmi les 14 participations européennes du Racing, la campagne 1997/1998 en Coupe UEFA reste la plus mémorable à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle a offert trois adversaires de prestige aux joueurs de Jacky Duguépéroux, les Glasgow Rangers, Liverpool et l’Inter Milan. Ensuite et surtout parce qu’après avoir sorti les Ecossais brillamment (2-1 à l’aller comme au retour), et avant de se faire éliminer par l’Inter de Ronaldo, malgré une avance de deux buts (2-0 et 0-3), les coéquipiers de Dacourt, Ismaël et Vencel ont terrassé les Reds 3-0 (doublé de Zitelli et Conteh) à la Meinau en 16èmes de finale avant de tenir la qualif à Anfield Road (0-2) face aux assauts de Fowler, Redknapp, Owen, Ince ou McMananam. Un vrai morceau de bravoure !
Le stade La Meinau
A l’emplacement du jardin Haemmerlé qui accueillait l’ancêtre du Racing, le FC Neudorf, le stade strasbourgeois est appelé La Meinau (du nom du quartier en bordure du Krimemeri qui signifie mes prairies en Allemand) depuis 1921. Après quatre rénovations et modernisations, la plus significative en 1984 pour l’Euro (où sera établi le record d’affluence, 44 566 spectateurs, pour un RFA-Portugal), la dernière en 2018, la capacité est ramenée à 23 000 places qui deviendront 32 000 à l’horizon 2026.
Avec une affluence moyenne de 25 279 spectateurs la saison passée, 20 000 abonnés cette saison, et un taux de remplissage de 97%, la Meinau est un des stades les plus chauds de l’hexagone.
Le joueur emblématique Frank Leboeuf
Lors de son passage à Strasbourg, entre 1990 et 1996, Frank Leboeuf est devenu international et a acquis la dimension qui allait lui permettre, trois ans après sa première cape, d’être champion du monde avec les Bleus de Jacquet. S’il était un joueur de Chelsea lors de la finale face au Brésil, c’est bien en Alsace où il a disputé 220 matches et marqué 54 buts (une stat exceptionnelle pour un défenseur central), et permis au club de remonter en L1, qu’il a explosé pour devenir un des meilleurs défenseurs du monde. Finaliste de la Coupe de France en 1995, vainqueur de la Coupe Intertoto, tombé en 16èmes de finale de la Coupe UEFA face au Milan AC, Leboeuf a laissé son empreinte à la Meinau.
L’entraîneur de légende Gilbert Gress
Né et formé au Racing, l’ancien milieu offensif international (3 sélections) a doublement marqué l’histoire du club. Comme joueur (1959-1966 et 19731975), il a gagné la Coupe de France en 1966 avant d’être transféré à Stuttgart, et de s’y imposer, à une époque où aucun international français évoluait à l’étranger. Comme entraîneur surtout, il a remporté le seul et unique titre de champion du club en 1979.
Profondément marqué par la culture du football allemand, il a réussi à transmettre ses convictions sur le football total et offensif en devançant les deux immenses favoris, le FC Nantes et l’AS Saint-Etienne, avec une équipe composée majoritairement d’Alsaciens. Quart de finaliste de la C1 la saison suivante, il n’échoue que face à l’Ajax avant d’être licencié par le président Bord malgré le soutien de tous les supporteurs. Il reviendra à deux reprises sur le banc alsacien (1991-1994 et 2009) avec moins de réussite.
La recrue Sylla, un pari à 20 M€
L’arrivée du consortium américain BlueCo, également propriétaire de Chelsea, a permis au Racing d’effectuer cet été le transfert le plus élevé de son histoire (devant les 10 M€ d’Habib Diallo en 2020). Le défenseur central international ivoirien de 20 ans, Abakar Sylla, a en effet été acheté 20 M€ au Club Bruges pour un transfert de cinq ans.
Malgré son jeune âge, le joueur formé à la Société Omnisports de l’Armée de Yamoussoukro a déjà 5 sélections avec les Eléphants, un titre de champion de Belgique en 2022 et 6 matches de Ligue des Champions la saison passée avec un but inscrit pour une victoire face au Bayer Leverkusen.
La star Gameiro, le grand frère
En attendant l’éclosion des jeunes Diarra, Mwanga, Sow, Bakwa, Emegha ou Gabriel, Kevin Gameiro fait office de joueur phare du premier effectif du Racing version BlueCo. A 36 ans, de retour dans son club formateur, l’international (13 sélections, 3 buts) passé par Lorient, PSG, Séville FC, l’Atlético Madrid et Valence a souhaité mettre sa grosse expérience au service du nouveau projet alsacien. En prolongeant jusqu’en 2024, le quadruple vainqueur de la Ligue Europa (2014, 2015, 2016 et 2018) espère confirmer ses deux dernières saisons à 11 et 10 buts.
Tom Boissy