A 22 ans, Tadej Pogacar a réussi l’exploit de remporter le Tour de France. Le coureur slovène a impressionné par son talent et sa capacité à battre les meilleurs, seul, sans une grande équipe à son service. Au point de douter de le voir continuer encore chez UAE-Team Emirates…
C’est la sensation de cette saison 2020. En remportant le Tour de France, Tadej Pogacar a tout simplement écrit une page d’histoire. La veille de ses 22 ans, à 21 ans et 364 jours, le prodige slovène est devenu le deuxième plus jeune vainqueur d’un Tour après Henri Cornet, victorieux en 1904. La force de Pogacar a surtout été la manière dont il a réussi cet authentique exploit. Alors que tout le monde pensait voir le maillot jaune sur les épaules de son compatriote de la Jumbo-Visma, Primoz Roglic, le coureur de UAE-Team Emirates a rappelé à ceux qui en doutaient encore qu’il était de la race des plus grands.
Pogacar a marqué les esprits
Déjà incroyable sur le Tour d’Espagne en 2019, pour son premier Grand Tour, avec une 3ème place sur le podium, un classement du meilleur jeune et surtout trois étapes au compteur, Tadej Pogacar a prouvé une nouvelle fois que le talent n’attend pas le nombre des années. Sur le Tour de France, il a de nouveau remporté des étapes (3), mais il a surtout collectionné les tuniques avec le classement de la montagne, celui du meilleur jeune et bien évidemment le classement général. En dominant le dernier chrono de la Planche des Belles-Filles, la veille de l’arrivée sur Paris, et en reprenant tout son temps de retard sur Roglic, Pogacar a marqué les esprits comme lorsque LeMond surpassa Fignon pour 8 secondes sur les Champs-Élysées en 1989.
« Je suis fier de mon équipe »
Une victoire qui permet à UAE-Team Emirates de remporter son premier Grand Tour sous ce nom. Auparavant, il y a bien eu deux Tours d’Italie grâce à Gilberto Simoni (2001) et Michele Scarponi (2011) au palmarès mais, à l’époque, l’équipe s’appelait encore la Lampre. Mais désormais sur le feu des projecteurs, Tadej Pogacar va devoir composer avec la pancarte et un rôle de favori naturel. Reste à savoir si son équipe sera suffisamment armée pour lui permettre de continuer à jouer les premiers rôles.
En tout cas, dès son arrivée sur les Champs, il n’avait pas manqué de vanter les mérites de cette dernière dans son succès même si elle n’avait jamais eu besoin de prendre les rênes de la course, la Jumbo-Visma régnant en maître. “Je suis fier de mon équipe. Elle a été d’une grande aide pour que je puisse m’accrocher au rêve de maillot jaune. C’est un rêve qui est devenu réalité. C’est incroyable. Ma victoire sur le Tour a vraiment été une victoire d’équipe. J’ai fait la reconnaissance du parcours avec une grande précision. Je connaissais presque chaque virage et chaque mètre. Je ne les remercierais jamais de tout ce qu’ils ont fait pour moi. Que ce soient mes coéquipiers, mes mécaniciens, mon staff… Au départ, mon rêve était déjà d’être sur le Tour de France, un jour. Maintenant le gagner, c’est exceptionnel. C’est le top du top.”
Les abandons d’Aru et Formolo sur le Tour posent question
Beaucoup de personnes sont cependant sceptiques quant à la capacité des troupes de l’UAE-Team Emirates. Sur le dernier Tour, il est vrai que les abandons de Fabio Aru et Davide Formolo ont rapidement empêché Pogacar d’avoir de précieux atouts en montagne. Il a cependant pu compter sur un David de la Cruz impressionnant qui était souvent l’unique coureur à l’accompagner dans les cols. Marco Marcato a su aussi se surpasser, en tant que véritable capitaine de route.
L’an prochain, il sera curieux de voir la stratégie que va aborder son équipe au moment de la voir défendre son titre sur la Grande Boucle. “Maintenant que j’ai gagné le Tour de France, je dois certainement trouver de nouveaux objectifs. J’essaierai de défendre mon titre du Tour de France. A l’avenir, je veux juste être à mon meilleur niveau et essayer de gagner à nouveau.” Pour son coéquipier Rui Costa, il possède tout le talent pour encore repousser les limites. “Il ne réalise pas encore ce qu’il vient d’accomplir, mais il faudra encore compter sur lui dans les prochaines années. On va l’y aider.”
« Je veux faire partie de ce projet ambitieux »
En le prolongeant jusqu’en 2024 en début d’année, UAE-Team Emirates a eu en tout cas le nez creux. Au moment de l’officialiser, le président de l’équipe émiratie, Matar Suhail Al Yabhouni Al Dhaheri, était vraiment enthousiaste. “Notre équipe a un plan à long terme et nous sommes heureux qu’un jeune homme aussi talentueux comme Tadej se soit engagé dans notre projet. Nous sommes une équipe jeune, mais très ambitieuse. L’objectif n’est pas seulement de gagner les courses les plus importantes au monde, mais aussi de promouvoir des modes de vie sains aux Émirats Arabes Unis. Tadej aidera dans les deux sens parce qu’aux Émirats Arabes Unis, les gens sont devenus dingues de l’équipe et de ses coureurs.”
Et la victoire de Tadej Pogacar ne devrait pas freiner la folie autour de l’équipe qui a gagné plus qu’un Tour, mais également du crédit. D’ailleurs, le Slovène ne compte pas s’arrêter là. “J’ai commencé ici et je me sens très à l’aise avec tout le monde. Je crois en l’équipe et je veux faire partie de ce projet ambitieux. Les prochaines années seront fondamentales pour l’équipe et pour ma carrière, avec l’espoir qu’ils seront des années fructueuses pour les deux parties.” A croire que les succès du UAE-Team Emirates ne font que commencer.