4ème de la première étape, à 22 seconde de Yates, Thibaut Pinot s’est bien élancé d pour son dernier Tour de France. Une dernière danse où il a pour ambition d’emmener David Gaudu sur le podium et pourquoi pas essayer de gagner une étape si bon de sortie il a.
Arrivez-vous à faire abstraction du fait que ce soit votre dernier Tour de France ?
C’est vrai que je ne me rends pas trop compte que c’est mon dernier grand Tour. C’est plutôt les personnes qui m’en parlent et qui me le font rappeler, mais pour l’instant, rien ne change et je reste dans la même optique que tous mes autres grands Tours. C’est vrai qu’il y a quand même un peu plus d’envie sur ce départ du Tour que certaines fois.
Quels sont vos objectifs pour ce dernier Tour de France ?
Ils sont simples : aider et accompagner David (Gaudu) à aller le plus loin possible. Après, s’il y a une ouverture un jour ou l’autre, ce sera à moi de la saisir. Sur ce Tour de France, il y aura beaucoup d’étapes où les échappées de grimpeurs vont se créer, donc ce sera à nous de les saisir.
Avant le Giro, vous aviez-dit qu’accompagner les meilleurs jusqu’au bout, notamment en montagne, était ce qui vous motivez. Cela a donné un très bon classement général sur le Giro. Y a-t-il aussi l’idée de s’accrocher pour faire un bon classement général final ?
Ce qui est sûr, c’est que je ne perdrai pas de temps en faisant exprès. Il y a deux étapes assez dures sur les deux premiers jours. On verra ce que ça donne, mais mon objectif est d’accompagner David le plus loin possible. Cela veut dire rester auprès des meilleurs jusqu’à l’arrivée. Quand je parle de bons de sortie, ça peut être en première, deuxième ou troisième semaine. Et si je n’ai pas de bons de sortie, ça veut dire que je suis resté haut dans le classement avec David, ce qui sera une bonne chose. Je ne me pose pas vraiment ces questions-là et j’essaierai tous les jours d’être le mieux possible avec David.
« En 2019, on a touché du doigt de gagner le Tour »
Comment construisiez-vous l’équipe autour de vous quand vous étiez leader de l’équipe ?
Il y a plusieurs décideurs. J’ai toujours l’idée d’avoir un vrai groupe autour de moi. Sportivement, bien sûr qu’il fallait répondre présent, mais j’avais aussi besoin d’être entouré de gens de confiance et d’amis. C’était important pour moi de vivre des belles choses.
Il y a une très belle étape dans les Vosges avec des cols que vous connaissez très bien. Pourrait-on vous y voir à l’avant ?
Ce sera la dernière étape de montagne, donc, forcément, ce sera une journée particulière pour tout le monde et pour moi en particulier parce que ce sera sur mes routes d’entraînement. Après, on n’en est vraiment pas là. Tout le monde l’a coché car l’étape sera très dure et assez courte. Ceux qui auront du temps à rattraper ce sera la bonne journée. On verra la tactique le matin. Ce qui est sûr, c’est que cette étape offrira forcément du spectacle parce qu’il y a tout pour faire une belle étape.
Pouvez-vous nous raconter votre meilleur moment sur le Tour ? Et le plus difficile ?
Le Tour 2019 a été le meilleur grand Tour que j’ai vécu et le plus solide avec ma victoire au Tourmalet. C’était vraiment l’apothéose de ma carrière au niveau de ce qu’on avait créé avec l’équipe. On avait vraiment un groupe à fond derrière cet objectif d’aller gagner le Tour de France. On l’a touché du doigt et ça a été du très haut niveau durant les Pyrénées. Malheureusement le pire qui pouvait m’arriver est arrivé avec cette blessure à la cuisse qui m’a qui m’a coûté, au moins, le podium. Le Tour de France 2019 a été un Tour fait de hauts et de bas, mais surtout un moment vraiment difficile lors de l’abandon.
« Il y a moyen de mieux protéger les coureurs dans les descentes rapides et dangereuses »
Après le drame du Tour de Suisse et cette polémique sur les descentes. Faîtes-vous partie des fatalistes qui se disent que le vélo demande des risques et qu’il y aura des accidents ? Ou y-a-t-il des leçons à tirer ?
Il y a forcément des leçons à tirer de tout cela. Mais le but de la course est quand même d’arriver le premier et de prendre des risques. Il y aura toujours des coureurs qui prendront des risques. Après, chacun est libre de prendre les risques qu’il veut. A partir de ce moment-là, le débat est plus dans la façon de nous protéger plutôt que la façon de penser ou d’agir des coureurs. Il y a moyen de mieux protéger les coureurs dans les descentes rapides et dangereuses. Il y a vraiment besoin de nous protéger et il faut tirer des leçons et travailler là-dessus pour ne plus que ça arrive.
Etes-vous sûr que ce soit votre dernier Tour et que vous arrêterez à la fin de la saison ?
C’est sûr ! La seule chose qui aurait pu peut-être me faire changer d’avis, c’était le maillot de champion de France. C’est vrai que quand je vois Val’ (Valentin Madouas) encore ce matin, c’est un maillot qui brille et qui donne envie de le porter. Je n’aurais pas eu cette chance. Ma décision a été prise. Je voulais vraiment finir ma carrière au plus haut niveau et ne jamais faire la saison de trop. Je pense que ma saison est plus que réussie pour l’instant. A moi de la continuer jusqu’au Tour de Lombardie et de terminer mon histoire avec le cyclisme de haut niveau de cette façon.
Propos recueillis par Killian Tanguy