L’ancien porteur du maillot jaune et vainqueur d’étape (en 2014) appréhende son onzième Tour avec beaucoup de sérénité et de recul. A 35 ans, Tony Gallopin, sans écarter l’idée de son dernier Tour de France, il se régale dans un rôle d’équipier. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Que représente ce Tour 2023 pour vous ?
Je l’ai préparé comme les dix précédents. Depuis l’an passé, je ressens moins de pression car j’ai beaucoup moins d’ambition personnelle. Il y a moins de stress aussi car j’ai mes repères, je connais la course, les organisateurs, la plupart des cols qui sont au programme… Je place le plaisir au-dessus de tout en me disant qu’il s’agit peut-être de mon dernier.
Que vous a inspiré la découverte de ce parcours ?
Paradoxalement, le départ dans le Pays basque enlève à l’équipier que je suis la pression maximum qu’il y avait dans les bordures et sur les pavés du grand départ de l’an dernier. Cette fois, ce sera moins stressant car on devrait rapidement voir une hiérarchie se former. Sinon, je me réjouis de retrouver un Pays basque que j’aime beaucoup, où j’ai souvent bien marché sur la Clasica notamment (remportée en 2014, 2ème en 2016 et 2017, Ndlr).
Ce Tour ne passe ni par la Normandie, ni par le Nord, ni par la Bretagne et aborde tous les massifs montagneux… ce n’est pas pour me déplaire. Mes caractéristiques correspondent à ces étapes de moyenne montagne. Le final est aussi très intéressant et rare en Alsace.
Comment jugez-vous votre début de saison ?
Il est pas mal. J’avais souhaité introduire pas mal de nouveautés dans mon programme. J’ai découvert l’Australie, été sur le Tour de Romandie et de Suisse pour la première fois. Je me suis régalé en m’épanouissant dans ce rôle d’équipier et au soutien des plus jeunes, nombreux chez Trek. Après avoir bénéficié de l’expérience des plus anciens à mes débuts, c’est à mon tour de transmettre.
« Pedersen en valeur sûre, Ciccone en montagne et Skjelmose pour le général »
Vous êtes revenu dans une équipe américaine que vous aviez déjà fréquenté en 2012-2013, sous le nom de RadioShack. Retrouvez-vous la même philosophie de course et d’entraînement ?
Mes anciens coéquipiers sont devenus mes directeurs sportifs, et j’ai même retrouvé un entraîneur que j’avais à l’époque, ou quelques membres du staff, mais cela n’a plus rien à voir.
Quel peut être le rôle de votre formation sur ce Tour ?
Comme toutes les autres équipes, nous rechercherons au moins une victoire d’étape comme en 2021 et 2022 avec Bauke (Mollema) et Mads (Pedersen). Nous avons une équipe pour ça avec un leader, Mads Pedersen, qui a gagné sur les trois grands Tours lors des neuf derniers mois ! C’est une valeur sûre. En montagne, on a Ciccone et pour le général Mathias Skjelmose a le potentiel pour bien figurer. Il pourrait être notre fil rouge cette année.
Et vous, vous n’espérez pas ajouter une seconde étape à votre palmarès ?
Il faut être réaliste. Je n’ai plus rien gagné depuis 2018 (Etoile de Bessèges et la 7ème étape de la Vuelta, Ndlr) et j’ai traversé ensuite des moments difficiles. Ceci-dit, si on est chacun focus sur notre rôle d’équipier, on a tous au fond de nous un petit espoir de pouvoir accrocher une bonne échappée. Je fais partie d’une équipe sans grand leader à protéger absolument, donc avec pas mal de liberté et la possibilité d’écrire encore de belles histoires. La flamme est encore-là.
Pensez-vous que la victoire finale peut échapper à Pogacar ou Vingegaard ?
Vu ce qu’ils ont montré, ce qu’ils montrent depuis le début de la saison, ils restent les deux immenses favoris. J’espère que Gaudu pourra s’immiscer sur le podium et que Bardet, une valeur sûre du top 10 depuis dix ans, sera encore présent. David a passé un cran cette année, on l’a vu sur Paris-Nice. S’il lui manque encore quelque chose pour aller les chercher, les aléas de la course peuvent l’aider.