En juin 2019, l’Olympique Lyonnais est entré au capital de l’ASVEL, présidé par Tony Parker. Jean-Michel Aulas voit en ce dernier son successeur. Un défi à la hauteur de « TP ». L’ancien quadruple champion NBA n’a pas peur de le dire. Entretien exclusif.
Quelle relation entretenez-vous avec le football ?
Jeune, j’ai commencé par le football, j’avais joué pendant quatre ans quand j’étais petit. C’était mon premier “love”, j’adorais le foot. En France, c’est le sport numéro 1. J’étais très rapide, c’était un sport adapté à mes qualités et c’est pour ça que j’ai joué pendant longtemps. Mais après, en regardant la Dream Team en 1992, et avec un père basketteur, j’ai “switché” de sport. Mais j’ai toujours gardé un amour pour le foot. Avec le temps, j’ai eu beaucoup d’amis dans le foot, je suis allé voir de nombreux matches : des finales de Champions League, des rencontres de L1, des matches à Old Trafford… Je me suis rendu un peu partout en Europe pour voir du foot.
Petit, aviez-vous une idole dans le foot ?
Marco Van Basten. Ma mère est néerlandaise et elle était très fière des Pays-Bas (champions d’Europe en 1988 quand Tony avait six ans, Ndlr). Il y avait Van Basten, Gullit… Comme tous les jeunes de l’époque, je regardais Téléfoot tous les dimanches matin pour voir toutes les actions, tous les buts. Ensuite, je le dis souvent, France 98 est l’équipe qui a donné un nouvel élan au pays et à la France : celle d’une France qui gagne. Cela a toujours été ma mentalité et c’est vrai que 1998 a inspiré beaucoup de sportifs en France.
Le rapprochement entre l’OL et l’ASVEL a eu lieu il y a un an, qu’est-ce qui vous impressionne le plus chez Jean-Michel Aulas dont vous vantez souvent les qualités ?
« Jean-Michel Aulas ? C’est un visionnaire ! »
Tony Parker
C’est un tout : ses débuts, son parcours, son amour pour le foot, sa passion pour le sport, son intelligence dans le monde de l’entreprise… A l’époque, c’était un visionnaire. Il suffit de voir où le club était quand il a commencé il y a trente ans (en L2) et où il est aujourd’hui : c’est impressionnant. Maintenant que je suis passé de l’autre côté de la barrière et que je suis à mon tour dirigeant, je vois tout ce qu’il faut gérer : les droits TV, les sponsors… Je suis impressionné et je pense qu’il est le meilleur président français des trente dernières années, tous sports confondus.
Vous rappelez-vous de votre première rencontre avec Jean-Michel Aulas ?
C’était en 2005 ou en 2006 : un ami en commun nous avait présentés pour une opération de jeux vidéo. D’ailleurs, Juninho était également présent. A partir de ce jour, on est toujours restés en contact. En 2009, j’ai commencé à intégrer l’ASVEL en tant qu’actionnaire minoritaire. En 2014, j’ai pris la majorité et je suis devenu président. J’ai toujours demandé des conseils à Jean-Michel qui regardait mon évolution dans le monde de l’entreprise et à la tête du club de basket. Jusqu’au moment où on a décidé de se marier (sic).
Il vous présente aujourd’hui comme son successeur et vous avez récemment dit à Amandine Henry lors d’une émission sur Eurosport que les jeunes doivent s’habituer à vous appeler président…
(Rires) C’était une blague ! Au contraire, je n’aime pas quand on m’appelle “président”. J’ai l’impression que je suis trop jeune pour cela ! Je préfère qu’on m’appelle Tony et qu’on me tutoie.
« C’EST UN POSTE QUI NE SE REFUSE PAS »
Tony Parker
Au-delà de l’anecdote, est-ce désormais inéluctable de vous voir devenir président de l’Olympique Lyonnais un jour ?
Je le répète depuis que Jean-Michel Aulas m’a présenté comme son successeur : ce serait un honneur et beaucoup de responsabilités. C’est un poste qui ne se refuse pas. Pour moi, ce serait une suite logique car j’ai beaucoup investi dans le sport en France : le basket, le e-sport, le ski, le foot. J’aimerais continuer ce qu’a accompli Jean-Michel et aller encore plus haut à l’international avec les États-Unis et la Chine. C’est aujourd’hui mon rôle : je suis au conseil d’administration et je suis ambassadeur de l’Olympique Lyonnais à l’international.
L’amour du sport féminin vous rapproche également avec Jean-Michel Aulas.
Jean-Michel est un pionnier en la matière. De mon côté, j’ai toujours aimé le sport féminin avec ma mère et ma grand-mère qui était championne des Pays-Bas de tennis. Quand j’ai commencé à lancer des camps de basket, ils ont tout de suite été mixtes car je voulais que les femmes aient autant d’importance que les hommes. C’est pour ça que j’ai aussi racheté l’ASVEL féminin en 2017.
Succéder à Jean-Michel Aulas sera un défi immense. A votre hauteur ?
Bien sûr, ce sera immense et excitant. On peut accomplir tellement de choses pour faire grandir le budget. Oui, la pression sera énorme, mais j’aime les challenges comme cela. Et j’ai hâte. Je dois encore apprendre beaucoup de choses. Le but n’est pas qu’il parte tout de suite, au contraire ! C’est Jean-Michel qui décidera du timing. Il a évoqué trois ou quatre ans, il sentira quand le moment sera venu. C’est un honneur qu’il me considère comme son successeur.