Le milieu de terrain international portugais de 28 ans vient de réaliser la meilleure saison d’une carrière trop longtemps sous-estimée. Car à Monaco, entre 2014 et 2017, comme à Manchester City depuis six ans, il s’est toujours appuyé sur une intelligence de jeu exceptionnelle pour étoffer un palmarès désormais XXL. On comprend pourquoi le PSG continue d’en faire une priorité absolue.
Bernardo Silva a été utilisé à six postes différents par Pep Guardiola cette saison avec Manchester City. L’ancien monégasque sait tout faire avec un ballon à condition qu’il utilise son pied gauche, surtout de la réflexion qui accompagne toutes ses prises de risques et ses initiatives dans le jeu.
Bernardo Silva n’a pas attendu de faire gagner leur première Ligue des Champions aux Citizens pour être « l’un des meilleurs joueurs que j’ai entrainés dans ma vie » selon un coach, Pep Guardiola, qui, en matière de grands joueurs, de Messi à Iniesta en passant par Xavi, De Bruyne, Müller, Lewandowski ou Ribéry, en connait un rayon.
A Monaco déjà, celui que Jemerson appelait l’Elfe, « parce qu’il réalisait des trucs de malade comme un magicien ou un elfe avec ses grandes oreilles » avait déjà marqué les esprits pour un titre de champion de France 2017 et une épopée jusqu’en demi-finale de la Ligue des Champions qui portaient sa marque au moins autant que celle de Kylian Mbappé.
Guardiola fan de Bernardo Silva
Ce n’est pas pour rien qu’aujourd’hui, en souvenir des 30 buts et 20 passes décisives délivrées en trois saisons, Luis Campos fait des pieds et des mains pour l’attirer au PSG comme il l’avait attiré à Monaco en 2014, d’abord prêté ensuite définitivement acheté 16 M€. De la même manière, l’origine de son transfert à City pour 50 M€ en mai 2017 remontait à l’exceptionnel 8ème de finale retour de C1 remporté par les joueurs de Jardim aux dépens de ceux de Guardiola. Pourtant vainqueur 5-3 à l’aller, City explosait au retour 1-3.
Là où le commun des observateurs avait remarqué les trois buteurs à travers le génie naissant de Mbappé, le travail de fond de Bakayoko ou Fabinho au milieu, Guardiola, lui, préférait insister auprès de ses dirigeants pour entrer en contact le plus vite possible avec ce petit n°10 de 23 ans, pendant de Thomas Lemar à droite, à qui rien de semblait difficile, surtout pas de choisir les bonnes options de jeu.
Il l’avait déjà remarqué, buteur à Tottenham et à Moscou en phase de groupe, passeur à 3 reprises, pour ce qui demeure encore l’une des meilleures saisons de sa vie, cru 2016/2017, avec 13 buts et 13 offrandes sur un total de 67 matches. Arrivé sur le Rocher au sein d’un effectif pléthorique dans l’indifférence générale en provenance de son club formateur « Quitter Benfica a été la chose la plus difficile de ma carrière » -, Bernardo Silva ne serait plus jamais le même.
A city, jamais moins de 60 matches
Confronté à un championnat très physique, dans un club où il a pu bénéficier de vrais relais avec un directeur sportif, un coach et des coéquipiers portugais (Ricardo Carvalho, Fabio Coentrao, Joao Moutinho, Helder Costa, Rony Lopes ou Ivan Cavaleiro), le Lisboète a su tirer son épingle du jeu en faisant preuve d’une capacité d’adaptation qui ne pouvait que faire merveille dans un contexte encore plus relevé, mais finalement plus accessible pour ses qualités, du côté de Manchester.
En Premier League, dans une équipe tournée vers la possession du ballon et la prise de risques permanente, son sens du jeu et sa polyvalence allaient immédiatement le rendre indispensable.
Capable de mener le jeu dans un rôle axial, de s’excentrer pour les besoins de l’animation offensive, de reculer d’un cran pour être à la première relance, où même dans un rôle de défenseur latéral certes très porté vers l’avant mais tout de même assez éloigné des standards du genre, Bernardo Silva fait fonctionner sa tête bien plus que ses jambes pour résoudre tous les problèmes liés à des situations de jeu aussi différentes.
Attaquant, il est capable de conserver le ballon dos au but pour mieux le solliciter dans un espace profond, ou de dribbler dans la surface pour se mettre en position de frappe.
Un joueur discret mais avec un superbe pied gauche
Nommé dans la liste des meilleurs joueurs du championnat dès sa première saison, sur celle du Ballon d’Or 2019, il ne cesse depuis d’enchaîner les performances de très haut niveau avec une régularité rare pour un profil comme le sien, très peu souvent blessé malgré des saisons à rallonge, jamais moins de 60 matches, à jouer la gagne sur tous les tableaux, à gagner cinq fois la Premier League (2018, 2019, 2021, 2022 et 2023), deux fois la Cup (2019 et 2013), quatre fois la Coupe de la League (2018, 2019, 2020 et 2021), deux fois le Community Shield (2018 et 2019), et donc la Ligue des Champions après une finale perdue en 2021.
A l’instar d’un Messi qui a mis très longtemps à transférer son influence catalane avec l’Albiceleste, l’international lusitanien n’a pas la même réussite avec la sélection. Depuis sa première cape en 2015, nonobstant une Ligue des Nations remportée à domicile en 2019 avec le trophée du meilleur joueur, il n’a jamais eu la même réussite.
Un petit peu comme si le Portugal, vainqueur de l’Euro 2016 en France sans lui (blessé à la cuisse droite, il avait déclaré forfait) ne l’avait pas vraiment intégré à son fonctionnement, trop ébloui par l’aveuglante notoriété d’un CR7 vieillissant.
A un an de l’Euro 2024… et deux ans de la fin de son contrat, à la croisée des chemins, Bernardo Silva n’a jamais été aussi proche de rejoindre le PSG, pour une nouvelle étape de sa carrière. Et pour retrouver (ou pas) Kylian Mbappé. Pour tous ceux qui avaient été frustrés de voir leur association monégasque ne peut aller au-delà d’une saison, l’occasion est trop belle de la remettre au centre du jeu. Avec tête de Bernardo Silva et les jambes de Kylian Mbappé…