lundi 2 décembre 2024

Transferts : pourquoi « la data » est devenue incontournable

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Alors que Toulouse est reconnu pour l’utiliser à outrance (et avec succès), la data prend de plus en plus de place aujourd’hui sur le marché des transferts. A l’image du cabinet Avisia, les sociétés spécialisées perfectionnent leurs outils, pour être de plus en plus performantes.

Alors que le mercato est ouvert officiellement depuis 10 jours, il y a un terme qui est de plus en plus à la mode : « la data ». Pour faire simple, ce sont toutes les données statistiques qui résument la performance des joueurs et qui font leur profil digital. Duels gagnés, ballon récupérés, passes décisives, expected goals, buts… Selon les postes, ces données, souvent très techniques, sont de plus en plus prisées par les clubs, qui s’en servent pour recruter, mais aussi chez les agents qui utilisent les informations pour mettre en avant les qualités de leurs joueurs.

« Avisia Player Index » : un outil qui rend les données data intelligentes

Face au développement de ces nouveaux moyens utilisés par les cellules de recrutement, les sociétés spécialisées ne cessent d’innover pour être plus performantes.

C’est notamment le cas du cabinet de conseil Avisia, qui a lancé le « Avisia Player Index ». L’idée est « d’ajouter une surcouche d’informations intelligentes », explique Pascal Bizzari, le directeur général.

L’objectif est d’aller plus loin que de simples données data, pour apporter une expertise supplémentaire aux recruteurs. En somme, rendre les informations collectées intelligentes en les analysant, les comparant et les classant. Le tout à l’aide d’un algorithme qui s’appuie sur plus de 50 données statistiques.

Dans « le player index », deux notes émergent de cette analyse : la note « ligue », qui correspond au niveau du joueur dans son championnat, et la note « globale », qui correspond au niveau du joueur s’il évoluait en Ligue 1, « grâce à un coefficient de comparaison de niveau entre les championnats ».

Mieux : avec à son algorithme, Avisia peut aussi se projeter dans le temps et anticiper sur la valeur marchande d’un joueur dans l’avenir. Surtout, il permet aux clubs de dresser un rapport « qualité/prix » de sa future recrue, très précieux.

Thijis Dallinga (Toulouse), le symbole de la data

C’est comme ça par exemple que Toulouse a recruté Thijis Dallinga l’été dernier. Pascal Bizzari raconte : « Nous avons commencé par nous mettre à la place de Brendan MacFarlane et Olivier Jaubert (ndlr : responsables du recrutement au TFC) en sélectionnant des joueurs au profil de buteur, jeune, avec des caractéristiques physiques adaptées à la Ligue 1 et dont la Valeur marchande ne dépasse pas les 5M€.

Sur les 35 joueurs qui correspondaient à ces critères, Thijs Dallinga était : 2ème en Expected Goals par 90 minutes, 2ème en Touches de balle dans la surface de réparation, surperformant dans les principaux indicateurs moyens des avant-centres de L1 ».

Une étude digitale qui permettait alors à Pascal Bizzari d’affirmer, lors de la signature du joueur de 22 ans (pour 2,5 millions d’euros) : « Thijs Dallinga semble donc être l’un des meilleurs rapports qualité / prix sur le marché ».

Toulouse n’a pas été déçu. Un an plus tard, l’ancien meilleur buteur de la D2 néerlandaise a inscrit 18 buts en 37 matchs (toutes compétitions confondues) et largement contribué à la bonne saison du TFC (13ème en Ligue 1 et vainqueur de la Coupe de France).

Pour le directeur général d’Avisia, « le player index » permet de « valoriser les performances des joueurs ». L’exemple le plus marquant reste le Napolitain Khvicha Kvaratskhelia.

La data ne serait pas passée à côté de Khvicha Kvaratskhelia (Naples)

L’histoire du Georgien est tout simplement incroyable. Revenu au Dinamo Batoumi, en Géorgie, en raison de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, alors qu’il jouait au Rubin Kazan, le joueur a été proposé à plusieurs clubs, tous réticents à l’idée de mettre entre 8 et 10 millions d’euros sur une Géorgien complètement inconnu.

Pourtant, l’étude approfondie de son « player index » aurait révélé tout son potentiel et incité les plus grands clubs à miser sur lui. Acheté par Naples 10 millions l’été dernier, à l’âge de 21 ans, il en vaut au moins 80 aujourd’hui !

Un exemple qui renforce Pascal Bizzari dans ses convictions. « Nous souhaitons accompagner les plus petits clubs, aux finances plus limitées que les plus grands, pour détecter de nouveaux talents, notamment à l’étranger et encore peu connus sur le marché », explique-t-il.

On se pose quand même la question : si un club comme l’OM avait consulté le cabinet Avisia et son « player index », aurait-il misé 32 millions d’euros sur Vitinha ? « Pour ce joueur, c’est un peu différent », souligne le patron d’Avisia. « Visiblement, le jeune portugais a subi le contre-coup d’un déracinement, une arrivée dans un nouveau championnat, une nouvelle ville… C’est une question d’adaptation et d’intégration ». La preuve que derrière l’intelligence artificielle des algorithmes, il restera toujours une part d’humanité.

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