Racheté par le City Football Group en 2020, l’ESTAC n’est pas le seul club de Ligue 2 dans ce cas de figure. Depuis juillet, Sport Republic, propriétaire du club anglais de Southampton, a pris les rênes du Valenciennes F.C.
On a beau savoir depuis des lustres que cela va vite dans le football, on continue à être surpris. En 2011, quand le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco étaient respectivement passés sous bannière qatarienne et russe, cela n’avait pas ressemblé à une révolution.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité du foot dans votre nouveau mag
Beaucoup d’observateurs pensaient qu’il ne s’agissait que de rachats isolés qui devaient beaucoup aux paillettes de la ville parisienne et de la Principauté. Pourtant, douze ans plus tard, ce sont environ la moitié des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 qui appartiennent à des investisseurs étrangers. Pourquoi ces derniers arrivent-ils autant dans le football français, dont le palmarès européen frôle pourtant le ridicule avec seulement deux coupes d’Europe gagnées depuis la création de ces compétitions en 1955 ? En premier lieu, acheter un club français coûte beaucoup moins d’argent qu’un club étranger.
En 2016, Frank Mc Court n’avait ainsi déboursé que 45 millions d’euros pour s’offrir l’Olympique de Marseille. A titre de comparaison, en 2022, le fonds américain Redbird avait finalisé l’acquisition de l’AC Milan pour 1,2 milliard d’euros.
Les Emirats Arabes Unis débarquent à Troyes
Ajoutons également que le football français est réputé pour la qualité de ses centres de formation et le réservoir inépuisable de grands joueurs, comme en témoigne la réussie de la sélection nationale, finaliste de quatre des sept dernières finales de Coupe du monde. Pour les fonds d’investissement américain, cela promet de très belles perspectives en termes de transferts de joueurs.
Le 3 septembre 2020, le City Football Group (CFG), la société émiratie déjà propriétaire, entre autres, de Manchester City, a acquis le club de Troyes. Aux commandes du club depuis 2009 et notamment champion de Ligue 2 2014/2015, Daniel Masoni, qui avait régulièrement évoqué le projet de vendre les années précédentes, s’était déclaré :
« heureux d’avoir été ciblé par un groupe disposant d’une envergure économique suffisante pour pouvoir faire grandir le club de façon significative. Le City Football Group est un acteur majeur du football sur le plan international, qui bénéficie d’un vrai savoir-faire dans la reprise et le développement de clubs de football professionnel. »
Trois ans après, Troyes prend quelques distances
L’homme jouit depuis d’une paisible retraite au Portugal et ne s’exprime pas sur la situation de son ancien club, probablement en raison d’une clause de silence établie dans la transaction de l’époque. Important propriétaire privé de clubs de football, le CFG possédait déjà Manchester City, mais également le New York City FC aux Etats-Unis, Girona FC en Espagne, Sichuan Jiuniu FC en Chine ou encore Mumbai City FC en Inde. L’ESTAC était alors devenu son dixième club.
Il en compte désormais treize. Ce conglomérat qui dépend du fonds souverain d’Abou Dhabi s’est offert récemment le club brésilien de Bahia pour un milliard de réais (environ 181 millions d’euros). Mais il n’est plus question pour l’ESTAC de continuer à servir de terre d’accueil en Europe aux nombreux joueurs prêtés par d’autres membres de la galaxie CFG. Comme Savio transféré de l’Atlético Mineiro vers Troyes en 2022 pour 6,5 M€, mais qui n’a jamais porté le maillot du club de l’Aube : prêté au PSV Eindhoven la saison passée, le jeune brésilien de 19 ans a été prêté cet été au Girona FC…
L’ESTAC noyé dans le city group
Autre club appartenant au City Groupe. Entraîné depuis novembre dernier par Patrick Kisnorbo, Troyes, relégué en Ligue 2 en mai, entend s’appuyer désormais sur des joueurs pleinement investis dans le projet local, comme il l’explique :
« Nous avons une équipe très jeune, ce qui est enthousiasmant. Nous avons sept joueurs formés au club dans le groupe professionnel. Peut-être que notre club prend une direction différente des autres. Mais nous, on est heureux de ce que l’on a ici. Je suis fier de la progression de ces garçons. »
« Ils sont nombreux à avoir grandi à Troyes, ils aiment le club, les fans, la ville. On veut des joueurs qui jouent avec de l’intensité et qui sont fiers de jouer pour la ville. Pour l’instant, nous prenons cette direction. Comme je le disais, cette année est celle de la construction. On est au stade des fondations. »
Soutenu par Ferran Soriano, directeur exécutif de Manchester City, le technicien australien a toujours néanmoins des objectifs ambitieux à mener à bien : mettre en place un jeu séduisant et remonter en Ligue 1. Car, évidemment, le City Football Group a encore la main-mise sur l’ESTAC : le Néerlandais Mattijs Manders, nommé directeur général cet été, était déjà présent dans le City Football Group. A Valenciennes, l’histoire est toute neuve.
VAFC sous pavillon britannique
Ce n’est que le 25 juillet dernier que le pouvoir a été pris par le fonds d’investissement britannique Sport Republic. Celui-ci voit dans le VAFC « énormément de potentiel » pour un club aux infrastructures « exceptionnelles », avec un centre de formation très prometteur et une ferveur certaine chez les supporteurs, selon le communiqué des Britanniques. Dans ce dernier, Sport Republic a brossé dans le sens du poil les fidèles du VAFC :
« Son histoire, la fidélité et la ferveur de ses supporteurs, son stade et ses installations d’entraînement exceptionnels, son centre de formation classé parmi les meilleurs de France, font du VAFC un grand club de football avec énormément de potentiel. Valenciennes a toutes les caractéristiques et les infrastructures pour devenir un club de référence ».
Sport Republic, basé à Londres, avait acquis en janvier 2022 Southampton, relégué en Championship (2ème division anglaise) à l’issue de saison précédente. Le groupe est également actionnaire majoritaire de Göztepe, en 2ème division turque. Comme à Troyes, l’ancien propriétaire Eddy Zdziech, qui n’était plus vraiment en odeur de sainteté auprès des fans, n’a eu que des mots élogieux pour ses successeurs : « Je suis convaincu que Sport Republic possède les capacités pour permettre au VAFC de poursuivre et d’accélérer son développement. »
À Valenciennes, le budget a augmenté d’un tiers
« Leur stratégie et leur souhait de s’impliquer dans la vie locale nous ont totalement rassurés quant à leur volonté de respecter l’histoire de notre club ainsi que le travail entrepris ces dernières années ».
Le budget est passé de 10 millions d’euros à la saison dernière à 15 millions pour cet exercice 2023/2024. A l’échelle de la Ligue 2, cette hausse est significative : douzième budget de Ligue 2 en 2022/2023, le VAFC possèderait désormais le huitième budget de son championnat. De quoi espérer se rapprocher d’une remontée en Ligue 1 alors que le club nordiste stagne dans le ventre mou de la Ligue 2 depuis sa relégation en 2014.
Mal parti, seulement 19ème après huit journées, le VAFC avait toutefois encore le soutien local.