Plusieurs années après l’avoir quittée, ils refont le chemin inverse pour retrouver cette Ligue 1 dont ils attendent désormais qu’elle les relance ou leur offre des sensations oubliées. Parce que parmi tous ceux qui reviennent, dont trois anciens champions du monde, l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs…
Il n’avait plus foulé les pelouses du championnat de France depuis le 14 mai 2016, sous le maillot de l’OL. Sept ans et quatre mois après un parcours qui l’a amené au Barça et à Lecce, Samuel Umtiti est entré en jeu face à Montpellier avec le LOSC lors de la 4ème journée (1-0). De tous les anciens expatriés de retour au bercail cet été, son cas est certainement le plus représentatif.
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D’abord parce qu’il fut un des héros de la campagne russe de 2018, ensuite parce que son profil peut encore lui permettre de se servir de son engagement au LOSC comme d’un tremplin vers cette équipe de France qu’il n’a plus côtoyée depuis juin 2019 (face à la Turquie 2-0).
Malgré la spécificité d’un parcours jalonné de blessures et de rechutes, sa démarche est, selon Olivier Létang, le président lillois qui l’a recruté, « une preuve de l’attractivité du LOSC, et au-delà, de notre championnat. Le retour d’un champion du monde français en L1 est toujours un événement. D’autres clubs étrangers, certains en Arabie Saoudite, étaient intéressés, ça rend son choix encore plus fort et valorisant pour nous. »
A 29 ans, Umtiti n’en a surtout pas fini avec le très haut niveau. Si tel avait été le cas, il aurait rejoint les pays du Golfe. Non, pour lui, « me retrouver à Lille, après une saison quasi complète à Lecce, est un vrai plaisir. Lorsque j’ai quitté la France, j’étais à Lyon où mon cœur est resté dans cette ville et où, logiquement, j’aurais dû revenir. Si des contacts ont existé, j’ai finalement choisi un club qui me voulait et qui avait les mêmes valeurs que moi. »
Fort de plus de 100 matches disputés avec le Barça, d’un passage réussi en Serie A, et d’un palmarès étoffé de trois Coupes d’Espagne et de deux Liga, le Franco-camerounais n’entend pour autant pas arriver en terrain conquis dans un club où il veut « mettre (son) expérience au service d’un effectif jeune, avec la volonté d’être un exemple. Il s’agit d’une nouvelle étape dans ma carrière. »
Umtiti : « Je reviens avec un mental de gagnant »
« Après avoir retrouvé mes sensations la saison passée, à Lecce, dans un club qui a cru en moi quand peu y croyaient encore, je reviens avec un mental de gagnant, mais avec la volonté de respecter des étapes, penser club avant de penser équipe de France. J’ai déjà vécu des moments exceptionnels avec les Bleus, j’ai envie de les revivre. »
Dans cette quête, il n’est évidemment pas anodin qu’il ait préféré la Ligue 1 à toute autre destination, parce que c’est « un championnat de qualité qui se renforce tous les ans un peu plus avec des joueurs qui reviennent. Etre aussi plus exposé faisait partie de mes critères, mais dans un club ambitieux surtout qui jouait une coupe d’Europe car ça m’a manqué. »
Et de conclure : « Avec ce que j’ai vécu ces quatre dernières années, je ne pouvais pas me permettre de ne pas respecter le foot et de prendre le chemin de l’Arabie Saoudite » plutôt celui de la L1.
Dembélé plus attiré par le PSG que par la L1
D’un champion du monde à l’autre, à un autre niveau d’ambition, si Ousmane Dembélé a fait le même choix, c’est davantage pour les beaux yeux du PSG et de son pote Mbappé que pour une Ligue 1 qu’il n’avait pas forcément vocation à retrouver aussi vite. A 26 ans, ses états de service à Barcelone (3 titres, 2 coupes, 40 buts, 43 passes décisives en 185 matches sur six saisons) auraient pu lui permettre de prolonger au-delà de 2024.
S’il a choisi Paris, c’est avant tout pour y jouir d’un nouveau statut dans un environnement qu’il espère propice à un changement de braquet. Frustré par les performances en dents de scie des Blaugranas autant que par les siennes, il vient chercher plus de régularité et d’efficacité, une présence plus affirmée en Ligue des Champions, pour mieux asseoir sa place en équipe de France avant l’Euro et jusqu’en 2028, le terme de son contrat.
Pour prolonger son bail avec les Bleus, il pouvait difficilement faire mieux que de se retrouver dans la même équipe que son capitaine… Les raisons qui ont poussé Benjamin Mendy à passer de Manchester City à Lorient, ne pouvaient être qu’extra-sportives tellement l’écart est grand entre la réalité du vainqueur de la dernière Ligue des Champions et celle des Merlus. Deux ans après le début de ses déboires judiciaires, avant son entrée en jeu déjà décisive face à Monaco mi-septembre (2-2), soit une coupure de 763 jours, le troisième champion du monde du lot n’avait plus joué en compétition officielle depuis le 15 août 2021 face à Tottenham.
Mendy, le beau coup de Lorient
Dans ce contexte, le premier match du reste de sa vie est un nouveau départ, l’entame d’une seconde carrière qu’il a débutée, ironie du sort, face à son dernier club français, quitté en 2017 sur un titre de champion et une demi-finale de Ligue des Champions, l’AS Monaco.
Six ans ont passé, une éternité pour celui que les supporteurs de Lorient n’ont pas hésité à acclamer à son entrée en jeu, comme pour mieux lui faire comprendre qu’il était le bienvenu dans un club où il a retrouvé un ancien coéquipier monégasque, lui aussi de retour en France, Tiémoué Bakayoko. Le Parisien également passé par Chelsea, Naples et le Milan AC retrouve une région qu’il connait bien pour avoir été formé au Stade Rennais par des formateurs qui ont aussi fait leur chemin depuis, Franck Haise, Julien Stephan et… Régis Le Bris. Le retrouver là est tout sauf une surprise.
« Je dis souvent que j’ai eu la meilleure formation possible, révélait-il au site des Merlus à son arrivée. Ce qui se fait de mieux en France. Et avec Régis (Le Bris) aujourd’hui je retrouve cette exigence, dans son discours, les analyses d’avant et d’après match, les entraînements. Son discours est fluide et sent le football. C’est un régal de l’écouter au quotidien. »
Cerise sur le gâteau, le milieu défensif de 29 ans formera une paire internationale de haut niveau avec son ami Benjamin Mendy « avec qui on se connait par cœur » ! Pour toutes ces raisons, et d’autres encore liées à sa volonté de stabilité et de quiétude, « Lorient était le choix idéal ». Ces deux jolis coups réalisés par le président Féry offrent deux internationaux supplémentaires à la Ligue 1.
Et l’OM d’en accueillir un autre, lui aussi tombé du Rocher monégasque il y a huit ans, Geoffrey Kondogbia. Passé par l’Inter, Valence et l’Atlético Madrid, l’international centrafricain de 30 ans (qui compte aussi 5 sélections en équipe de France) a rejoint un coach, Marcelino, croisé à Valence et qui a depuis quitté l’OM…
« J’avais aussi des clubs de Premier League, disait-il à L’Equipe, une destination qui me plaisait beaucoup, mais quand l’OM s’est présenté, j’ai changé mes plans. Quand l’OM te contacte, la passion de ce club et de cette ville résonne en toi. J’ai besoin de cette pression, de cette passion, j’ai toujours été habitué à ça, j’ai besoin de cette dose d’adrénaline. »