Vahid Halilhodzic est certainement l’attaquant le plus efficace à avoir défendu les couleurs du FCN. Deux fois meilleur buteur du championnat (en 1983 avec 27 buts et en 1985 avec 28 buts), l’international yougoslave, aujourd’hui sélectionneur du japon, a été le moteur essentiel du titre de 1983. En cinq saisons, il aura marqué 93 buts en d1 et entretenu l’idée, depuis son départ en 1986, d’un éventuel retour.
Saviez-vous où vous mettiez les pieds lorsque vous avez débarqué à Nantes en 1981 ?
Des joueurs yougoslaves qui jouaient déjà en France, à Bastia pour Dragan Dzajic ou à Nice pour Nenad Bjekovic, m’avaient conseillé de signer à Nantes parce que c’était un club à part dans le paysage du football français.
J’avais pourtant d’autres propositions qui auraient été plus intéressantes financièrement, en Allemagne, en Italie ou en Angleterre, mais je voulais découvrir la France, ce beau pays, votre culture. Je savais aussi que le FC Nantes déployait un jeu offensif et cette perspective m’attirait beaucoup.
Comment s’est passée votre adaptation ?
La première saison a été très difficile pour moi (7 buts seulement en 1981/1982, Ndlr) et la barrière de la langue plus le changement de système tactique m’ont posé des difficultés sérieuses.
Mais contrairement à ce qu’on a pu dire, je n’ai jamais envisagé de quitter le club. Nous jouions les qualifications de la Coupe du monde en Espagne avec la Yougoslavie et je voulais absolument prouver que je pouvais m’adapter à votre championnat. J’avais 28 ans, j’étais encore ambitieux.
Qu’est-ce qui vous posait problème dans le jeu à la nantaise que vous découvriez ?
J’avais l’habitude de jouer en Yougoslavie comme l’Ajax, avec deux avant-centres et deux vrais ailiers, en 4-2-4. A Nantes, c’était différent et le jeu à une touche de balle n’était pas évident à intégrer, ce n’était pas dans mes habitudes.
Il m’a fallu du temps, mais quand je m’y suis mis, j’ai marqué but sur but ! (27 la 2ème saison, Ndlr) Après le départ de Jean Vincent, j’ai beaucoup discuté avec Coco (Suaudeau), je me suis adapté, il a aussi fait un pas vers mon jeu.
Avec quel joueur aviez-vous le plus d’affinités techniques ?
Avec Lolo Amisse, un super passeur, qui m’a mis énormément de caviars, avec Bruno Baronchelli aussi, ou Burruchaga, Morice… que de bons joueurs. Ce Nantes là a été la meilleure équipe dans laquelle j’ai jouée. Il ne nous manquait qu’un ou deux joueurs de classe internationale pour espérer gagner une Coupe d’Europe.
Depuis votre passage, Nantes n’a jamais retrouvé un buteur de votre dimension, même si Loko et Ouédec ont aussi marqué leur temps. Pourquoi selon vous ?
Un buteur ne se fabrique pas sur commande. On ne s’improvise pas buteur, c’est quelque chose d’inné. Le sens du but, vous l’avez ou vous ne l’avez pas. Moi, je l’avais, c’est certain. Il est difficile, impossible, de former des buteurs.
« Suaudeau a pu jouer à la Nantaise car il avait sous la main des joueurs capables de le faire »
Comme entraîneur, vous n’avez jamais été un adepte du jeu à la nantaise, pourquoi ?
Par rapport à ça, j’ai entendu beaucoup de conneries d’écrites ou de dites par ceux qui pensent qu’il suffit de le décider pour jouer comme Nantes de cette époque ou comme le Barça. Non, ça ne marche pas comme ça, il faut d’abord avoir les joueurs pour et ensuite se donner du temps pour travailler. Je n’ai jamais eu ni l’un ni l’autre.
Suaudeau a pu jouer à la Nantaise car il avait sous la main des joueurs capables de le faire, et un centre de formation qui les préparait pour ça. J’adore le jeu à la Nantaise, j’ai toujours adoré la technique, le mouvement, la prise d’intervalles, etc…., mais j’ai surtout toujours joué en fonction des qualités de mes joueurs.
Quel regard portez-vous finalement sur vos années de joueur à Nantes ?
J’en conserve un souvenir fantastique, inoubliable. Ce furent mes meilleures années de footballeur.