mardi 10 décembre 2024

Vendée Globe : Kojiro Shiraishi, le samouraï des mers

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Pascal Auchet
Pascal Auchet
Journaliste

L’histoire de Kojiro Shiraishi, seul navigateur asiatique engagé sur le Vendée Globe a sa place parmi les grandes légendes du Japon ancestrale.

Dans l’histoire du Vendée Globe, on ne trouve qu’un seule navigateur japonais. Agé de 57 ans, Kojiro Shiraishi en est même à sa troisième participation à la course autour du monde. Plus jeune marin à boucler un tour du monde en solitaire sans escale, à l’âge de 26 ans (un voyage de 176 jours), Kojiro Shiraishi est une véritable exception dans un pays qui n’a pas la culture de la navigation au large. 

Yukoh Tada, tel un maitre Je’daii

Dès sa plus jeune enfance, Kojiro Shiraishi a pourtant soif d’aventure et rêve de prendre le large. Formé aux métiers de la marine marchande et de la pêche, sa vie va changer quand il rencontre celui qui va devenir son maitre spirituel : un chauffeur de taxi qui répond au nom de Yukoh Tada, vainqueur du premier BOC Challenge (tour du monde en solitaire par étapes pour monocoques) au début des années 80. Pendant 6 ans, Kojiro Shiraishi, travaille gratuitement pour le mythique marin, en échange d’un toit, de la nourriture, et surtout, d’un apprentissage à la voile sportive. 

Malheureusement, le 8 mars 1991, Yukoh Tada se suicide, alors qu’il se trouve à Sydney, dépressif. Shiraishi ramène alors le bateau de son maitre à Tokyo, le rebaptise Spirit fo Yukoh et fait le tour du monde en hommage à celui qui lui a tout appris. 

Après plusieurs grandes courses comme coéquipiers ou en solitaire (à bord de Spirit of Yukoh 2, puis Spirit of Yukoh 3), avec des résultats probants (en 2008, il est régleur à bord du catamaran Gitane 13 de Lionel Lemonchois, qui bat le record de traversée du Pacifique nord), se rapproche de l’un de ses rêves ultimes : participer au Vendée Globe.

« C’est la seule course qui me rend plus fort, qui me donne envie de me surpasser ».

Une course à laquelle Yukoh Tada a dû renoncer en 1989, faute de moyens. Le 6 novembre 2016, il devient le premier navigateur asiatique à prendre le départ de la mythique course, à bord de Spirit of Yukho IV. Malheureusement, moins d’un mois plus tard (le 4 décembre), il casse son mât au large du cap de Bonne-Espérance et est contrait à l’abandon. 

Il en faut beaucoup plus pour le décourager. « Je veux achever ce que j’ai entrepris, maintenant je veux être le premier à le terminer », explique le marin japonais. « C’est la seule course qui me rend plus fort, qui me donne envie de me surpasser »

Cette fois, il trouve un sponsor de taille et son bateau ne s’appellera plus Spirit of Yukon, mais DMG Mori Global One, du nom de son sponsor. Malgré des avaries importantes (qu’il parviendra à réparer cette fois), il termine 16ème. Et très vite, annonce qu’il se présentera au départ de la prochaine édition. Toujours sur le même bateau, mais optimisé, pour plus d’ambitions. 

Parallèlement, Kojiro Shiraishi et son sponsor oeuvre pour le développement des courses au large et la formation de marins japonais, à travers la DMG Mori Sailing Academy.   Quelques jours avant le départ, Kojiro Shiraishi évoquait ses inspirations, sur le site officiel du Vendée Globe. « Mon maître, Yukoh Tada est le marin qui m’inspire le plus. A était un simple chauffeur de taxi qui faisait des courses de voile, qui gagne aussi une course autour du monde, sans parler anglais, il est un peu comme moi. C’était un artiste, une personne avec beaucoup d’idées folles. Il avait une énergie incroyable et c’est ce qui m’inspire le plus ».

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