Victoire Berteau (22 ans) est redescendue de son nuage, mais est retournée en hauteur dans les montagnes, à Tignes pour se préparer pour les championnats du monde sur piste (3 au 13 août). C’est depuis là-bas que la coureuse de Cofidis est revenue sur son titre de championne de France décrochée le 24 juin à Cassel (Nord) et qu’elle a abordé ses futures échéances, dont les Jeux Olympiques de Paris, son objectif n°1.
Un titre de championne de France à domicile. Vous ne pouviez pas rêver mieux !
C’est sûr ! Je connaissais vraiment bien les routes de Cassel. J’habite à 45 minutes, donc je vais toujours m’entraîner près du Mont Rouge ou du Mont du Chat. Un titre à la maison, devant sa famille et son public nordiste, ce n’est que du bonheur.
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Vous étiez moins nombreuses que les autres équipes UCI (7 de la FDJ-Suez, 9 de St Michel Mavic Auber93 WE). Mais c’est l’équipe Cofidis qui a été la plus forte. Comment l’expliquez-vous ?
On a vraiment couru en équipe. Le plan était établi dans le bus le matin. Valentine (Fortin), Flavie (Boulais) et Séverine (Eraud) géraient les coups. Morgan (Coston) devait être sur la grosse échappée matinale qui allait prendre beaucoup de champ et qui aurait peut-être pu se jouer la gagne. Et moi derrière je devais rester avec les favorites. On savait que l’on avait moins de cartouches, étant moins nombreuses, ce qui faisait de nous des outsiders. On n’était peut-être pas autant surveillées que la FDJ et ça a joué en notre faveur.
Victoire Berteau heureuse du choix de Vasseur
Cédric Vasseur, le manager général de la Cofidis, a préféré améliorer l’équipe féminine avant de créer une équipe continentale. Ce premier titre de champion de France hommes et femmes confondues, deux ans après la création de l’équipe féminine lui donne finalement raison.
Je suis contente qu’on lui ait montré que l’on méritait notre place dans le peloton et qu’on mérite peut-être encore plus de budget (sourire). Ça fait plaisir que les femmes ramènent le titre après leur deuxième année. C’est aussi important pour nous qu’il nous valorise et nous prenne autant en considération avant de monter une équipe continentale.
Etait-ce un crève-cœur de ne pas prendre le départ du Tour de France avec le maillot national sur le dos pour préparer les championnats du monde sur piste ?
C’est un petit crève-cœur parce que l’on se dit que c’est ton tour national, que tu as le maillot bleu blanc rouge et que tu seras beaucoup regardée par le public français. Tout le monde attendra ton passage. Mais, depuis 2016, mon objectif est clair : Paris 2024 ! Je me lève tous les jours avec cet objectif en tête. On est à un an des Jeux et rien ne peut changer mon plan pour l’année prochaine.
Où prenez-vous le plus de plaisir : sur la piste ou sur la route ?
Avant, j’avais peut-être tendance à dire sur la piste en compétition. Mais je m’amuse vraiment sur la route, à l’entraînement. Après, j’ai vraiment progressé sur les courses sur route et j’ai un peu plus d’importance dans l’équipe. Donc maintenant, je m’amuse autant sur la route que sur la piste.
« Un titre à la maison, devant sa famille et son public nordiste, ce n’est que du bonheur »
Votre modèle est-il plus sur la piste ou sur la route ?
Peut-être plus sur la piste parce que mes modèles étaient Lotte Kopecky (Belgique) et Laura Kenny (Grande-Bretagne). Laura Kenny ne fait que de la piste, mais Kopecky fait de la route et de la piste donc si mes deux idoles font de la piste, je dirais que c’est plus la piste.
En 2024, le Tour de France sera après les Jeux Olympiques. Il y aurait la possibilité de faire les deux ?
Oui, c’est dans le planning. L’année prochaine, je ferai les classiques flandriennes et certainement que ma dernière course sera les championnats de France. Après, je partirai, comme cette année, sur un gros stage d’hypoxie et une fin de préparation sur piste et les Jeux Olympiques, je l’espère.
Hormis les Jeux Olympiques, quelle course rêveriez-vous de gagner ?
Paris-Roubaix.
Une classique, plus qu’un Tour de France ?
Oui, complètement.
Le cyclisme au féminin se démocratise de plus en plus, mais il y a encore du travail à l’image de la mésaventure du Tour des Pyrénées où le peloton s’est retrouvé au milieu de la circulation. Est-ce un acte isolé ou cela représente votre quotidien ?
Non, c’est vraiment un acte isolé. Avant les championnats de France, j’ai fait le Tour de Suisse, il n’y avait pas une seule voiture sur la route, tout était pour nous. C’est peut-être en France qu’on a plus ce problème-là.
En Bretagne, il n’y avait pas assez de motos donc elles passaient leur temps à doubler le peloton. Ce qui est un peu dangereux, mais je comprends parce qu’elles assurent notre sécurité. Par contre, au Tour de Suisse, aucune moto n’a doublé le peloton car il y avait assez de motos. Les Pyrénées étaient vraiment un cas isolé et j’espère que ça ne se reproduira plus.
Vous êtes en couple avec la Belge Saartje Vandenbroucke. Pourrait-on vous voir alignées toutes les deux sur un Tour de France un jour ?
Oula non (rires). Saartje a arrêté la compétition à haut niveau. Elle travaille à côté maintenant. Elle continue de faire du vélo pour se faire plaisir et passer du bon temps ensemble sur le vélo. Victoire fait toujours des courses UCI comme la Baloise ou le Tour de Belgique, mais par pur plaisir.
Propos recueillis par Killian Tanguy