Pas moins de 10 nouvelles villes figurent sur le Tour pour la première fois cette année, aboutissement d’un très long processus qui date parfois de plusieurs dizaines d’années. Car, à l’image de Vierzon et de son maire, Nicolas Sansu, recevoir la Grande Boucle, pour une arrivée ou un départ, ça se mérite !
De Brest à Paris, sur 39 sites, 10 se préparent donc à découvrir la grande caravane du Tour, pour des départs à Changé (5ème étape), Vierzon (7ème étape), Sorgues (11ème étape), Céret (15ème étape), Pas de la Case (16ème étape) et Chatou (21ème étape) et pour des arrivées à Landerneau (1ère étape), Pontivy (3ème étape), Malaucène (11ème étape) et Quillan (14ème étape).
200 000€ de frais pour Vierzon
Il leur a fallu débourser en frais de participation à l’organisateur, ASO, 144 000 euros pour une arrivée et 96 000 euros pour un départ, une somme que tous les édiles que nous avons interrogés considèrent presque anecdotique tellement les retombées qu’ils en attendent sont plus importantes. Ainsi du maire de Vierzon, Nicolas Sansu qui table sur un investissement total compris entre 180 et 200 000 euros
« Mais avec seulement 50 000 euros à la charge de la commune, le reste étant assumé par des partenaires, des sponsors télé et les collectivités locales. Pour une ville de 26 000 habitants comme Vierzon, 50 000 euros, c’est rien comparé à ce que nous en attendons globalement en termes de notoriété, d’animation et de dynamique collective autour de l’événement, en amont du 2 juillet. »
Déjà hôte de deux étapes de parisnice et du grand départ du Tour de l’Avenir, Vierzon se désespérait presque de pouvoir enfin accueillir aussi le Tour, conscient que son passé dans le vélo, notamment à travers l’ancienne classique Paris-Vierzon, ne suffisait pas à compenser une situation géographique très peu favorable au coeur de la France, loin des zones stratégiques, et sur des parcours sans trop de reliefs. « Depuis que je suis élu, en 2008, on tentait notre chance régulièrement, insiste Nicolas Sansu, en étant conscients de nos lacunes, mais sans considérer que les échecs étaient rédhibitoires. »
Vierzon a préféré un départ à une arrivée… « parce que les coureurs sont plus disponibles avant l’étape qu’après »
« Au contraire, cela n’a fait que renforcer notre volonté de développer le cyclisme dans la ville pour être prêt le moment venu. Le hasard a voulu que ce soit cette année, on est super heureux. »
Présent tous les ans sur une étape du Tour, le maire qui, enfant, rêvait devant les exploits de Van Impe dans l’Alpe d’Huez, a su tisser sa toile et entretenir son réseau, jusqu’à nouer des liens d’amitié avec les représentants d’aso fréquentés lors du passage de Paris-Nice.
Par sa persévérance, la récurrence de ses engagements dans le cyclisme toute l’année, la crédibilité acquise dans l’organisation d’événements sportifs, Vierzon a d’abord fait ses preuves. La stratégie peut servir d’exemple.
Jusque dans le choix d’être ville de départ plutôt que ville d’arrivée : « j’ai vu les deux, précise Nicolas Sansu, et je sais que les coureurs sont plus disponibles avant un départ qu’après une arrivée où ils disparaissent immédiatement une fois la ligne franchie. Pour un départ, ils prennent le temps d’être présentés le matin au sein du village départ et une fois partis, cela ne vous empêche pas de suivre l’étape sur un écran géant et d’avoir des animations toute la journée. Si l’arrivée est plus intéressante pour la télé, en l’occurrence on parlera davantage du Creusot que de Vierzon le 2 juillet, je préfère largement le contact plus direct que nous pourrons avoir avec tous les coureurs avant le départ. »
Une grande première pour les Vierzonnais
Cerise sur le gâteau, cette 7ème étape sera aussi la plus longue (248 km) de cette édition (et depuis 21 ans). Après les échecs des candidatures de 2014 et 2015, Vierzon regardait jalousement ses voisines Bourges en 1973 et Saint Amand Montrond à trois reprises (2001, 2008 et 2013) faire la fête sans elle.
En décrochant enfin la timbale, les Vierzonnais vont pouvoir se rappeler au bon souvenir de ses deux champions locaux, vainqueurs d’étapes, Georges Meunier en 1951 et 1953, et Jean Graczyk, deux fois maillot vert en 1958 et 1960 et mettre en lumière le club cycliste local (CCV), organisateur de Paris-Chalette-Vierzon qui espérait la participation d’un de ses membres, le sprinteur Marc Sarreau, avec AG2R Citroën.
Comme historien du vélo, Nicolas Sansu n’oubliait pas non plus de se rappeler au bon souvenir d’un autre héros local, Albert Bourlon. En 1947, le Berrichon avait établi le record de la plus longue échappée en solitaire victorieuse sur 253 km entre Carcassonne et Luchon. Cinq kilomètres de plus que cette 7ème étape. Ce n’est pas cette année qu’un autre natif du Cher, Julian Alapahilippe, pourra battre le record !
Tom Boissy