Il y aura deux Mbappé à la Coupe du monde ! Outre Kylian avec les Bleus, son père Wilfrid, sera l’un des consultants de New World Sport, émanation du groupe togolais New World TV, détenteur des droits de diffusion dans les pays francophones d’Afrique sub-saharienne, et qui diffusera l’intégralité des 64 matches de la Coupe du monde.
Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’aventure New World Sport ?
On m’a pris pour parler foot, c’est Christian Jeanpierre qui m’a contacté. J’ai réfléchi parce qu’on me propose souvent ce genre de projet. Il fallait que le projet colle avec la personne que je suis et là, avec la Coupe du monde, l’Afrique, tout ça me parle, donc je suis venu avec grand plaisir et plein d’humilité.
Est-ce un défi pour vous de commenter des matches en direct ?
Je ne commenterai pas les matches, donc je ne vais pas faire commentateur parce que là c’est un vrai métier. En tant que consultant, ce n’est pas un défi parce qu’on va parler de quelque chose que je fais depuis 30 ans. Aujourd’hui, les gens ne me connaissent pas. A chaque fois, on leur dit le père de et on va voir qui est Wilfrid Mbappé donc c’est cela qui est important. Je viens en tant que Wilfrid Mbappé. Le football, c’est mon métier, depuis que j’ai 16 ans. Je suis sur un terrain que je connais. Si on me demandait de commenter de la boxe, ce serait un peu plus compliqué !
Avez-vous choisi New World Sport parce que vous allez parler à l’Afrique et au public africain ?
Oui, quelque part oui parce que ça fait partie de mes origines, et ça même si j’ai deux patries aujourd’hui. Après, c’est aussi la qualité du produit, des personnes qui sont là et de ce qu’ils vont en faire, et ce qu’ils en font déjà avec ou sans moi.
Le côté panafricain du projet vous touche-t-il personnellement ?
Tout ce qui touche l’Afrique me touche parce que comme je le répète ce sont mes origines, ça me parle, ça parle à mes parents, mes grands-parents et tout cela me ramène à l’Afrique. C’est avec grand plaisir que je viens à chaque fois, avec toute humilité toujours parce que l’Afrique n’a pas besoin de moi, c’est plus moi qui ai besoin de l’Afrique !
« J’espère que mon fils va faire de grandes choses »
Comment évaluez-vous les chances des équipes africaines à la Coupe du monde ?
Bonnes ! Elles sont bonnes car tout le monde se rend compte que l’Afrique travaille très bien. Avant, on venait et on a fait de très bonnes choses en étant moins bien préparé et cette année je trouve que les équipes sont très bien préparées. Il faut venir avec l’humilité, mais confiance aussi. Je pense qu’elles peuvent faire quelque chose de beau. Jusqu’où elles peuvent aller ? Je ne sais pas mais, ce qui est sûr, c’est que je vois comme tout le monde qu’aujourd’hui ce que produit l’Afrique et ce que propose l’Afrique est très intéressant et ils n’ont pas à rougir par rapport à ce que font les Européens.
Comment sentez-vous l’équipe de France, peut-elle faire le doublé ?
Oui bien sûr, parce que l’équipe de France est une équipe de qualité. Je suis partie prenante avec un garçon qui, j’espère, va faire de grandes choses, mais je suis là pour parler des équipes africaines et comme je l’ai déjà dit je pense qu’aujourd’hui elles sont très bien préparées, donc elles peuvent aborder cette Coupe du monde avec ambition, humilité, il y a quelque chose à faire.
Justement, l’une des cinq équipes africaines (Maroc, Tunisie, Sénégal, Cameroun, Ghana) peut-elle dépasser les quarts de finale voire plus ?
Elles sont très bien préparées et donc elles n’ont pas à venir et jouer petits bras ou petits pieds (sic). Si elles sont à leur niveau, certaines équipes africaines peuvent concurrencer les Européens voire les Sud-Américains.
Quelles équipes africaines selon vous peuvent aller loin dans la compétition, on pense au Sénégal forcément, le champion d’Afrique ?
Oui bien sûr le Sénégal, mais les autres aussi. Je le redis, elles sont très bien préparées. Avant, elles venaient avec une préparation qui était différente de ce qui est fait. Aujourd’hui, même lorsqu’elles viennent jouer des Européens ou autres, elles peuvent montrer un très bon visage. On espère que c’est ce visage-là qu’elles vont montrer lors de cette Coupe du monde.
« Le Cameroun est toujours là »
Vous allez avoir un œil particulier sur le Cameroun, qui vous est cher, quel est son niveau ?
Je pense toujours que mon pays, je vais dire mon pays parce que j’ai deux pays aujourd’hui, peut faire quelque chose parce que je suis tout d’abord un supporteur du Cameroun et que le Cameroun a déjà montré lors des Coupes du monde qu’il est là et qu’il est toujours là !
Donc c’est possible de passer le 1er tour ? parce qu’ils ont un groupe compliqué avec la Suisse, le Brésil, et la Serbie…
Ils ont un groupe très, très compliqué, parce qu’ils ont avec eux trois grandes nations notamment le Brésil, mais je me rappelle un match d’ouverture, si je ne me trompe pas, un Cameroun-Argentine, où on ne donnait pas cher de la peau du Cameroun, mais qui avait battu l’Argentine de Diego Maradona 1-0 (en 1990, Ndlr). Donc pourquoi pas !
Les équipes africaines ne sont-elles pas assez ambitieuses ?
Que ce soit les Européens, les Africains ou les Sud-Américains, il faut venir dans cette Coupe du monde avec humilité. Qui est capable de dire : je viens, je vais gagner ! Personne ! Il faut néanmoins être ambitieux et je pense que les équipes africaines sont ambitieuses et elles ne vont pas venir en touristes. Le passé nous a montré que souvent elles font de bonnes choses et j’espère que cette année elles vont continuer à faire de belles choses.
Un champion d’Afrique a-t-il les épaules pour rivaliser ?
Oui bien sûr ! On néglige souvent le format de la Coupe d’Afrique. Les matches sont très durs et les gens ne se rendent pas compte. Un champion d’Afrique peut rivaliser avec un champion d’Europe. J’espère qu’un pays africain fera de très bonnes choses, voire deux ou trois, pourquoi pas.
Le fait que ce Mondial se déroule pour la première fois en novembre/décembre peut-il changer le rapport de forces ?
Ça change la donne pour tout le monde, parce que personne n’a vécu ça. Donc personne ne sait. On va tous découvrir d’avoir une Coupe du monde à cette période. Les joueurs auront moins de matches dans les jambes. Avant, on arrivait avec 60 matches, là on va arriver avec une vingtaine de matches, donc on devrait avoir des joueurs en meilleure forme. Le plus important est d’avoir une belle Coupe du monde, plus dure aussi parce que s’ils sont en meilleure forme ça veut dire que ça va être compliqué ; mais pour le téléspectateur et les spectateurs je pense qu’on on va voir de bonnes choses.
« Les Africains, quand ils abordent les Coupes du monde, n’y vont plus en victimes »
Ne voit-on pas trop belles les équipes africaines qui n’ont pas autant de top joueurs mondial que les équipes européennes ou sud-américaines ?
Si je vous suis, le Cameroun ou le Sénégal n’auraient jamais fait ce qu’ils ont fait parce qu’ils n’avaient pas non plus le nombre de joueurs ! Aujourd’hui, sur un terrain, sur la volonté, sur l’organisation, on peut faire des choses. Le football le montre. C’est le seul sport où quelqu’un qui n’est pas favori peut battre un favori. Aujourd’hui, la vérité, c’est que l’Afrique travaille très bien et j’espère qu’ils vont le démontrer lors de la Coupe du monde. Personne ne peut dire : je rentre sur un terrain, je suis sûr de battre le Cameroun, le Maroc, le Sénégal. Eux, ils sont là et ils ne vont pas se laisser battre, ils sont là aussi comme les autres, ils ont un projet, il va falloir respecter leur projet.
Qu’est-ce qui séparait jusque-là les équipes africaines des équipes sud-américaines et européennes, dans la quête d’une Coupe du monde, et qui a pu être comblé depuis ?
Ce qui a été comblé depuis, c’est le travail, c’est ce qu’ils ont mis, le travail, l’organisation et aujourd’hui quand ils ont mis ça en place on voit très bien que le regard a changé. Aujourd’hui, personne ne peut arriver et dire : c’est le Sénégal et je vais cocher une victoire. Eux aussi peuvent cocher une victoire, la différence est là. Les Africains, quand ils abordent les Coupes du monde, ils n’y vont plus en victimes.
Quel est votre favori pour cette Coupe du monde ?
Je n’ai pas de favori parce que je n’arrive pas à me situer sur cette Coupe du monde. Je vois beaucoup de favoris, donc que le meilleur gagne, avec une petite étoile pour la France…
« Kylian est épanoui »
On ne peut pas terminer sans une question sur votre fils, comment le sentez-vous à l’approche de ce Mondial ?
Mon fils est épanoui peu importe où il joue, parce que sa passion c’est le football et tant qu’il joue au football, il est heureux, c’est ce qui est le plus important. Quand il est heureux, moi je suis heureux en tant que père, c’est le plus important, tout le reste ne m’intéresse pas.
Une finale France-Cameroun, ce serait le rêve pour vous ou un déchirement ?
Ce serait l’idéal, quelque part ce serait un rêve, mais je prends une finale Cameroun autre chose ou France autre chose sans problème.
Sans aller jusqu’à une finale, une confrontation entre les deux pays aurait un caractère particulier, non ?
Ce serait un plaisir, cela voudrait dire que les deux auraient passé le 1er tour. Quand je vois la poule du Cameroun, s’il passait ce serait déjà une très bonne chose, une très belle performance. Donc avant de choisir mon camp, et de toute façon je n’aurai pas de camp à choisir, ce serait un vrai plaisir d’avoir ce match-là.
L’Afrique n’a accueilli qu’une seule fois la Coupe du monde, c’était en Afrique du Sud en 2010. Trouvez-vous ça normal ?
Normal, pas normal, ce n’est pas à moi de dire. Tout le monde veut accueillir la Coupe du monde et il y a une seule place. Moi ce n’est pas mon débat, mon débat, c’est d’avoir une belle Coupe du monde, c’est tout ce que j’espère, peu importe où elle se passe, c’est donner du bonheur aux gens et du plaisir. Le foot a la chance comme d’autres sports de pouvoir donner ça aux gens pendant un mois.