UAE Team Emirates, Bahrain-Victorious, Israel-Premier Tech et Astana Qazaqstan ne sont pas des équipes comme les autres. Elles ne représentent pas qu’un sponsor, mais un Etat. L’Arabie Saoudite pourrait rejoindre le mouvement.
Plusieurs équipes se démarquent et pas seulement par leurs résultats. En 2007, le Kazakhstan lance le mouvement avec son équipe Astana, du nom de sa capitale. Par la suite, une réalité géopolitique du Proche Orient active certaines évolutions.
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Désireux de rattraper un certain retard sur le voisin qatari, certains pays du Golfe décident de miser sur le cyclisme. Les Emirats Arabes Unis via la compagnie aérienne étatique Emirates, rachètent la Lampre, pour fonder l’UAE Team Emirates en 2017 ; l’équipe de Tadej Pogacar.
Le Bahreïn n’est pas resté inactif en créant sa propre équipe en 2017. L’équipe devenue Bahrain-Victorious est directement financée par l’Etat du Bahreïn, pour promouvoir le pays dans le monde. Le drapeau israélien flotte aussi à très haut niveau avec la formation Israel-Premier Tech.
« Nous devons promouvoir notre pays pour montrer le vrai visage d’Israël qui est tellement mal compris à cause d’une couverture médiatique à sens unique »
Après des débuts assez timides, cette équipe en est déjà à sa quatrième participation sur le Tour de France. Lors de l’édition 2023, Michael Woods a même remporté une étape de prestige, et ce de la plus belle des manières au Puy de Dôme (9ème étape). Très vite, Sylvan Adams, le fondateur milliardaire d’origine québécoise, a affirmé son ambition. Mais il a voulu aussi faire de son équipe une vraie ambassadrice d’Israël :
« Nous portons nos couleurs nationales bleu et blanc avec le nom Israël fièrement inscrit en grandes lettres sur notre maillot. Nous devons promouvoir notre pays pour montrer le vrai visage d’Israël qui est tellement mal compris à cause d’une couverture médiatique à sens unique » a souligné ce dernier. Kjell Carlstrom, le manager général, évoque les spécificités de la formation qu’il dirige :
« Nous sommes effectivement une équipe spéciale dans une certaine mesure. Sylvan Adams est le contributeur principal financièrement parlant. D’autres personnes et partenaires nous aident aussi. Le tourisme en Israël est un secteur que nous aimons promouvoir. C’est un très bon vecteur pour intéresser les gens. En considérant les choses de cette manière, on peut s’attendre à un certain retour sur investissement. »
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Des sponsors nationaux et les États en soutien
« Chaque saison, nous organisons un stage en Israël. On aime beaucoup faire partager cette idée qu’Israël est un beau pays à découvrir. On a donc une connexion très forte avec ce pays. Ce genre de lien ne doit pas être vu négativement ni comme un excès de pression à notre encontre, mais plutôt comme un atout. »
« La symbolique et le sens donnés aux choses sont évidemment importants et profonds. Les gens sont considérablement connectés et attachés à l’équipe. Ils sont de véritables passionnés. Nos sponsors commerciaux poussent également vraiment derrière nous. »
« Cependant, il existe vraiment chez nous une belle combinaison soudée et solide entre les sponsors commerciaux d’un côté et les efforts que nous consentons pour notre structure. C’est cette symbiose là en particulier qui rend notre équipe si singulière. Ce lien si fort assure une grande stabilité à l’équipe, ce qui n’est pas toujours le cas chez d’autres ».
L’ancien coureur finlandais de la Sky (devenue INEOS Grenadiers) ajoute : « Notre mode de fonctionnement si particulier n’est pas à mettre en relation directe non plus avec l’évolution du cyclisme et sa mondialisation. Que des équipes soient des porte-drapeaux d’un pays, que ces mêmes pays s’ils le désirent, aient des possibilités de se lancer dans ce genre d’entreprise, je le conçois tout à fait. Des pays ont cette capacité d’économie double. »
« Investir dans une équipe cycliste est d’autant plus possible que c’est moins onéreux que dans d’autres sports. Pour autant, nous n’avons pas du tout le même mode de fonctionnement que des équipes comme UAE, Bahrain, Astana… ». Il n’empêche, quelles que soient les origines, les fondations, l’objectif principal reste toujours identique : gagner !
L’Arabie Saoudite avec Jumbo-Visma ?
Et si la Jumbo-Visma venait à être sponsorisée très prochainement par le Pays du Golfe ? Cette idée fait de plus en plus son chemin. L’équipe néerlandaise pourrait être sponsorisée par l’Arabie Saoudite à compter de 2024. Les discussions se sont intensifiées pour que ce pays investisse dans
le cyclisme. Il apparaît que le Royaume serait en contact de plus en plus rapproché avec la célèbre formation néerlandaise.
L’équipe de Roglic et Vingegaard pourrait ainsi changer de sponsor dans un an. Cette formation est actuellement financée par une chaîne de supermarchés aux Pays-Bas et par une entreprise informatique norvégienne. L’équipe du vainqueur des deux derniers Tours de France Vingegaard pourrait alors devenir un nouveau fer de lance de l’Arabie Saoudite qui dépense déjà sans compter pour attirer les stars du ballon rond (Benzema, Kanté…).
Dans ce pays moyen-oriental, on songerait à faire apparaître NEOM City comme partenaire principal de la Jumbo-Visma. En arrivant dans le cyclisme au sein d’une équipe à son apogée, l’Arabie Saoudite confirmerait ainsi son projet via cette ville ultra-moderne. Elle constitue un axe majeur du plan Saudi Vision 2030, cherchant à diversifier l’économie du pays dans les prochaines années.
« Je ne suis pas vraiment surpris par ce genre de connexion. Surtout quand on voit à quel point ce pays a investi récemment dans le sport ces dernières années. Il est d’autant plus intéressant de le faire dans une équipe comme la Jumbo-Visma qui renvoie une si belle image et qui est si performante. Avec cette équipe, on peut croire aussi à un beau retour sur investissement » note Kjell Carlstrom.