vendredi 19 avril 2024

Cyclisme : l’Afrique est-elle le futur du cyclisme ?

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

En 2025, pour la première fois, c’est sur le continent africain que se dérouleront les championnats du monde sur route, à Kigali. Devançant la candidature du Maroc, le Rwanda, déjà hôte d’une épreuve accueillant des équipes Word Tour depuis 1989. Le pays affirme son rôle de locomotive d’une Afrique où le cyclisme ne cesse de gagner du terrain.

En 2022, c’est en février que beaucoup d’équipes feront une fois de plus escale en Afrique pour une étape intégrée à l’UCI Africa Tour depuis 2009, le Tour du Rwanda (20-27 février).

Classé en catégorie 2.1 de l’UCI, l’épreuve est avec la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon, l’autre épreuve phare d’un circuit qui comprend aussi le Tour du Mali et le Tour de Limpopo en catégorie 2.2.

Dans la perspective des Mondiaux de 2025, on peut imaginer qu’elles seront de plus en plus recherchées pour apprendre à connaitre la nature accidentée des paysages très vallonnés des environs de la capitale, notamment le déjà réputé mur de Kigali. Le Rwanda aura le privilège d’être, à jamais le premier pays africain à organiser un Mondial de vélo, en 2025.

Préféré au Maroc (Tanger), le Rwanda confirme ainsi sa montée en puissance, l’Afri-que de se positionner également comme un terrain de jeu à découvrir, un nouveau territoire à conquérir.

En jouant un rôle essentiel dans la reconstruction du pays après le génocide des Tutsis en 1994. En véritable vecteur de réconciliation, le cyclisme y est devenu très populaire. À partir des années 2000, dans le sillage de Jonathan Boyer, premier coureur US à faire le Tour de France (en 1981). Il devient entraîneur de la première équipe rwandaise professionnelle, Team Rwanda, en 2006.

L’UCi se développe en Afrique

Trois ans après, le Tour du Rwanda intégrait le circuit UCI en catégorie 2.1. Il impulsait la création du centre d’entraînement national à Musanze, dans le nord du pays en 2014. En même temps, un peu plus au sud, en Afrique du Sud, naissait MTN Qhubeka, qui allait devenir en 2015, la première formation africaine à disputer le Tour de France.

Chez Lampre, l’Ethiopien Tsgabu Girmay s’affirme comme un des plus sûrs espoirs du peloton. Il n’est peut-être pas encore celui qui pourra espérer gagner un grand Tour ou une grande Classique. Mais le temps joue pour tous ceux que sa réussite inspire, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Sénégal, en Egypte et en Tunisie, au Burkina Faso, autant de pays qui organisent également leur propre Tour.

Après le Maghreb, l’Afrique du Sud et de l’ouest, c’est à l’est que se lève un nouvel espoir. Au Rwanda évidemment, mais aussi en Erythrée, en Ethiopie, et au Kenya où a réussi à percer une équipe pro, les Kenyan Riders.

A force de se structurer et de semer de petites graines, beaucoup. À l’instar de Jean-Pierre Van Zyl, directeur du centre international de cyclisme en Afrique du Sud, estiment « qu’il est légitime d’espérer voir un coureur noir africain sur le podium d’un grand Tour d’ici quelques années ».

Rwanda, Kenya, Erythrée, Ethiopie… le vent se lève à l’est

Véritable épicentre du cyclisme africain, le centre d’altitude (1400 m), adossé à une université, a été créé en 2005 par l’ancien pistard Frédéric Magné. Il a vu passer près d’un millier de coureurs africains avec les meilleurs sélectionnés. Tous les ans pour rejoindre le centre suisse basé à Aigle, au siège de l’UCI, avec l’espoir de faire partie d’une équipe européenne.

Depuis quinze ans, le nombre de licenciés, comme de courses (une cinquantaine), est en constante augmentation, principalement dans les pays où l’état investit dans les infrastructures routières et aide les clubs à acheter vélos et matériel.

Quand ce n’est pas le cas, ce sont des entreprises qui se substituent à lui, comme en Centrafrique, où Bolloré Logistics a sponsorisé l’équipe nationale.

Les Fauves, via sa filiale Vivendi Sports, ou financé le Tour de l’espoir du Cameroun, première des six épreuves comptant pour la Coupe des nations des U23, tout en rachetant, via Canal + Afrique, les droits des courses africaines les plus importantes, à savoir le Tour du Faso, la Tropicale, le Tour du Rwanda…

Là où les équipes européennes peuvent repérer les meilleurs coureurs africains, jusqu’à présent principalement originaires du Rwanda, de l’Erythrée ou de l’Afrique du Sud. Deux nouveaux centres d’entraînement sont prévus en Afrique de l’Ouest et en Egypte avec l’objectif de faire germer une locomotive dans chaque pays pour que les gamins puissent s’identifier et se projètent vers une carrière pro autrement qu’avec un ballon dans les pieds.

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