mercredi 7 juin 2023

Alain Giresse : « Imaginer Platini jouer avec Mbappé, ça fait rêver… »

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Au jeu de la comparaison entre générations, l’ancien milieu de terrain des Girondins et de l’OM, Alain Giresse vainqueur de l’Euro 1984 et deux fois demi-finaliste de la Coupe du monde donne son avis sur Mbappé.

Mbappé est le nouveau capitaine des Bleus, est-ce anecdotique ?

Ce n’est pas anecdotique, mais ce n’est pas non plus de nature à influer sur la qualité de ses performances. Mbappé ne va pas changer de dimension parce qu’il a le brassard. Il était déjà le joueur le plus marquant de l’équipe de France, il va le rester, ni plus ni moins. C’est souvent le cas avec les grands joueurs, Messi et Maradona avec l’Argentine, Cruyff avec les Pays-Bas, Platini avec les Bleus… il n’y a que Zidane en 1998 qui ne l’avait pas au profit de Deschamps. C’est souvent le cas, mais pas automatique.

Ce nouveau statut peut-il influer sur la trace qu’il va laisser dans l’histoire du foot français pour l’amener à rejoindre ou dépasser Kopa, Platini et Zidane dans la légende ?

Je n’aime pas ces hiérarchies virtuelles qui sont faites pour amuser la galerie. Il faut faire très attention et ne pas insulter l’histoire. Sous prétexte qu’un joueur, en l’occurrence Mbappé, explose au niveau international, il faudrait oublier tout ce que ses prédécesseurs ont fait pour le football français ? Ce serait leur manquer de respect. Des grands joueurs ont marqué l’histoire du foot français, la génération de Kopa en 1958, celle de Platini, puis de Zidane… sans oublier Papin qui a gagné un Ballon d’Or. Ce n’est pas rien (rires) ! Chacun dans son registre, chacun avec des résultats différents.

Mbappé digne successeur des grands joueurs de la génération 98

Certains ont gagné une Coupe du monde, d’autres non…

Les titres sont une chose, ce qu’un joueur représente dans l’histoire du football en est une autre. Nous avons aussi connu des jours de gloire avant Mbappé. Il s’agirait de ne pas l’oublier.

Le profil de Mbappé reste tout de même préfère imaginer l’extraordinaire complémentarité qu’il y aurait eu à associer Platini et rare dans un football français qui a souvent eu des milieux de terrain comme leaders, à l’instar de Kopa, Platini, Zidane, et même vous.

C’est exact. Le football français a souvent manqué de joueurs percutants, plus directs et qui évoluaient dans la verticalité. Avec ses qualités de vitesse et de finition, Mbappé se rapproche davantage d’un Thierry Henry que d’un Papin qui excellait dans la surface, un pur buteur, et avait besoin de moins d’espace pour s’exprimer. Il faut maintenant voir combien de temps il va parvenir à maintenir ses performances à un aussi haut niveau. Il n’est qu’à la moitié de sa carrière, c’est aussi pour ça qu’il est difficile de faire un bilan et de le comparer aux autres.

« Avec sa vision du jeu, Platini l’aurait servi sur un plateau »

Mbappé apparait indispensable à l’équipe de France, autant que Platini à votre époque, moins que Zidane…

C’est vous qui le dites. Lorsque Zidane s’en est allé, il a fallu qu’il revienne pour atteindre la finale de la Coupe du Monde 2006. Sans lui, cela aurait été quand même plus difficile. Kopa, Fontaine, Platini, Papin, Zidane hier, Mbappé aujourd’hui tirent leur équipe vers le haut et manquent toujours au collectif quand ils ne sont pas là. On peut s’en passer un ou deux matches, mais pas beaucoup plus.

Vous avez joué avec Platini, vous voyez jouer Mbappé… pouvez-vous les imaginer dans la même équipe ?

Leur relation technique aurait été naturelle. Avec sa vision du jeu, Platini l’aurait servi sur un plateau, l’aurait mis sur orbite à la moindre ouverture. J’ai aussi joué avec Papin et pour un milieu de terrain c’était un régal de l’avoir parce qu’il vous proposait toujours une solution. Imaginer Platini jouer avec Mbappé, ça fait rêver, oui.

Que pense l’entraîneur que vous êtes devenu du positionnement de Mbappé ?

Sa position de départ côté gauche ne l’empêche pas de se trouver souvent à la finition. Peut-être se retrouvera-t-il un jour dans l’axe en vrai n°9, dans la même évolution tactique qu’un Thierry Henry, ça dépend des joueurs qu’il aura autour. Des joueurs de cette dimension doivent disposer de liberté. Avec Platini, qui a plusieurs fois joué avant-centre en équipe de France, on savait que lorsqu’il redescendait chercher des ballons, il fallait qu’on s’adapte. Tout est une question d’équilibre pour leur permettre d’exprimer leur potentiel dans les meilleures conditions pour l’équipe.

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