Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot ont vécu une saison 2020 à l’opposée. Le coureur de l’équipe Groupama-FDJ a été l’auteur d’une contre-performance sur le Tour l’an dernier. Pour Alaphilippe, son titre de champion du monde lui permet de voir plus grand. Décryptage.
Dans la même situation, Thibaut Pinot a choisi d’apporter une autre réponse. En prolongeant de trois ans son contrat chez Groupama-FDJ, Pinot ne prend aucun risque. De son côté, la perspective de ne connaître aucune autre équipe dans toute sa carrière. Cela n’a pas été un problème. Peut-être parce qu’il estime qu’il n’est pas allé au bout de ce qu’il pouvait espérer avec Marc Madiot.
« Je n’ai pas fini d’écrire mon histoire avec cette équipe » disait-il au moment de repousser toutes les autres offres. À 30 ans, il n’imagine pas pouvoir être plus épanoui et heureux ailleurs. Grandement partagée par tout son team, la frustration de ne pas avoir pu défendre ses chances à 100%. Sur les deux derniers Tours, le Français a échoué. Ces deux contreperformances ne font que transformer sa motivation. Pinot espère décrocher les étoiles.
Un départ eut été considéré comme un désaveu. Alors que Madiot pense toujours, malgré les aléas défavorables, « qu’il a la victoire dans le Tour de France dans les jambes, à condition de croire en lui ! » En l’occurrence, personne d’autre que son emblématique manager peut le convaincre davantage…
Grands tours, classiques, JO, que doit viser Alaphilippe ?
L’avenir du champion du monde pourrait se résumer à cette interrogation presque métaphysique : veut-il sortir de sa zone de confort ou se contentera-t-il d’exploiter au maximum ses points forts ? S’il décidait de rester en terrain conquis, il continuerait à privilégier les grandes classiques. Pour courir après ceux, rares, qui les ont toutes gagnées.
Son âge, son potentiel et sa marge de progression l’autorisent à rêver d’un grand chelem car aucune grande course ne paraît inaccessible à son profil technique et physique de coureur au long cours.
S’il décidait de se mettre en danger, il ciblerait davantage ses objectifs sur un ou deux événements dans la saison pour tenter ce que d’aucuns estiment impossible : gagner un grand Tour. « Il a trop de limites en haute montagne pour espérer gagner un Tour », nous disait Hinault dans Cyclisme magazine. Depuis, même le parcours moins accidenté de 2021 ne l’a pas fait changer d’avis « car il peut aussi favoriser ses concurrents les plus sérieux comme Pogacar, Bernal ou Van der Poel et Roglic.
Et à quoi bon tout sacrifier, sa préparation, son calendrier, ses ambitions pour finir au mieux sur le podium ! » Comme beaucoup d’observateurs, Hinault imagine plutôt Alaphilippe dans le rôle qui lui va le mieux, celui de puncheur, prêt à sauter dans toutes les attaques pour continuer à marquer son temps et accumuler les victoires d’étapes et les grandes classiques.
Cette année, en plus des Monuments, et des JO, « il devra confirmer son titre mondial, ce qui est toujours plus difficile que de le gagner une première fois. » Pour résumer, plutôt que de se servir des Classiques pour préparer les grands Tours, il doit gérer ses efforts pour mieux jaillir dans les Classiques.
Tom Boissy
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