vendredi 29 mars 2024

Andorre, terre d’accueil et d’entrainement des plus grands coureurs

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À l’instar du plus connu de tous, Julian Alaphilippe, de plus en plus de cyclistes posent leurs valises en Andorre. Ils sont aujourd’hui une cinquantaine à y résider à plein temps. On s’est demandé ce qu’ils trouvaient à la petite principauté Pyrénéenne…

Au plus fort de la crise sanitaire au printemps, la France et la plupart des pays européens interdisaient encore toute sortie à vélo. Tous ceux qui avaient choisi l’Andorre ont, eux, bénéficié, d’un bon de sortie plus précoce. Un confinement sur mesure qui leur permettait de poursuivre leur entraînement à certaines conditions.

S’ils s’en sont félicité, ce n’est évidemment pas seulement pour prendre la Covid-19 de vitesse que la cinquantaine de cyclistes professionnels a choisi la petite principauté pyrénéenne comme lieu de résidence. Les étrangers résidant en Andorre bénéficient d’un statut fiscal avantageux. On les appelle les résidents passifs de catégorie C. Et ce statut officiel n’est pas réservé aux seuls sportifs. En effet, les personnes bénéficiant d’une aura internationale ou reconnues pour leur excellence dans leur champ d’action y ont aussi droit.

Alaphilippe et les stars ont rendez-vous à Andorre

Les conditions d’accès sont simples. Avoir un casier judiciaire vierge, vivre au moins 90 jours sur place, justifier de la location ou de l’acquisition d’un logement, satisfaire à la visite médicale de l’immigration. Sans oublier de déposer 50 000 euros plus 10 000 euros par membre de la famille auprès de l’Autorité Financière Andorrane (restituée en cas de déménagement). Si la Principauté a perdu son statut de paradis fiscal depuis 2016, en accord avec l’Union Européenne, elle a conservé une TVA à 4,5%. Cela rend la vie moins chère au coeur d’un parc naturel exceptionnel où le taux de délinquance est proche de zéro.

À proximité de l’Espagne, où le temps clément leur permet de se préparer dans les meilleures conditions en hiver. Au contact de quelques beaux sommets pyrénéens, le col d’Ordino, celui d’Arcalis, hors catégorie, culmine à 2200 mètres -, la Gallina ou Beixalis qui ont été dernièrement goudronnés, les conditions géographiques et météorologiques ne sont pas loin d’être idéales.

Si Julian Alaphilippe s’est installé en altitude après le Tour de France 2018, c’est aussi parce qu’il veut travailler ce qu’il considère être son point faible. Le chaînon manquant à sa panoplie de vainqueur de grand Tour, sa capacité à suivre les meilleurs en montagne.

De la montagne, des cols et de la tranquillité pour les coureurs

Avoir la possibilité de se mesurer, jusqu’à se familiariser, à des hautes altitudes proches ou supérieures à 1500 mètres, en sortant de chez lui, avec des cols accessibles en quelques minutes est un vrai avantage qui a séduit son clan. Depuis deux ans, Julian vit en effet avec sa compagne, Marion Rousse, dans un village isolé en lisière de forêt, à la Massana. « J’adore y être, glisse-t-il. J’y fais énormément d’entraînements. J’ai tout de suite de la montagne autour. En hiver, il y fait froid, je ne le cache pas. Mais après, c’est vraiment un endroit génial pour bien se préparer… »

À l’initiative de Jack Haig, un Australien de chez Bahrain-Victorious, un groupe WhatsApp a même été créé pour coordonner les sorties d’entraînement. Cela permet de croiser souvent d’autres stars du peloton. Egan Bernal, avant que le Colombien déménage sur Monaco cette année. Les frères Yates, Dan Martin, Pavel Sivakov, Esteban Chaves, Dani Moreno, Jonathan Castroviejo, Miles Scotson ou d’autres Andorrans d’adoption comme Marc Soler, Imanol Erviti, Rui Costa, Carlos Betancur et José Joaquin Rojas tous de chez Movistar.

Eux aussi tombés amoureux d’une région qui les bichonne. Joaquim « Purito » Rodriguez, ancien leader de l’équipe russe Katusha, a construit sa carrière et atteint la 1ère place mondiale depuis l’Andorre. « Avant d’y vivre, je vivais à Barcelone. Mais si je voulais progresser dans les grands Tours, je savais qu’il fallait me confronter à la montagne plus souvent. C’est pourquoi j’ai acheté une maison en Andorre en 2006 pour mes entraînements et d’y vivre à partir de 2011 avec ma femme et mes enfants. »

Un groupe Whatsapp pour coordonner les sorties d’entraînement

Les effets positifs n’allaient pas se faire attendre longtemps pour le coureur alors estampillé Caisse d’Epargne qui allait devenir numéro 1 mondial en 2010 à la faveur de victoires de prestige (Flèche wallonne, Tour de Lombardie, 9 étapes de la Vuelta, 3 du Tour et 2 du Giro…).

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« Notamment pour les grands Tours, les conditions d’entraînement y sont parfaites. C’est varié et très calme et beaucoup d’équipes y sont toujours venues faire leur préparation. » Depuis, le champion espagnol a créé une course la « Purito » et une école de cyclisme conscient que sa réussite a fait beaucoup pour l’attractivité de la Principauté jusqu’alors réputée pour ses sports d’hiver. Désormais également associée au cyclisme de haut niveau.

Convaincue d’avoir beaucoup d’atouts pour attirer cette population sportive et à fort pouvoir d’achat, la Principauté a mis les petits plats dans les grands. Et ce, pour offrir les meilleures conditions possibles à ces résidents pas tout à fait comme les autres et qui, contrairement à la Suisse, ne sont pas obligés de résider six mois sur place pour obtenir le statut de résident spécifique.

Andorre moins bling-bling que Monaco

Deux centres d’entraînements de haut niveau y ont été érigés, avec toute la structure médicale nécessaire et une tranquillité qui permet de se concentrer sur son entraînement. Sans être attirés par toutes les tentations qu’on peut retrouver à Monaco, ni être importunés par trop de touristes.

Moins bling-bling et moins fréquentée, plus nature et découverte, grâce à cet afflux soudain de cyclistes plus ou moins réputés de toutes les nationalités. l’Andorre devient petit à petit également un centre d’affaires où de plus en plus d’opportunités s’offrent à ses nouveaux résidents. Même si Gérone possède un petit aéroport, il n’est guère que l’éloignement de Toulouse ou de Barcelone (à plus de deux heures) pour noircir le tableau andorran. C’est juste le prix à payer à la tranquillité et aux victoires futures…

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