Il a été l’un des Français en vue en 2020. Arnaud Démare a été des grandes victoires de Groupama-FDJ et, en 2021, le champion de France ne veut pas rester à l’arrêt. Bien au contraire, c’est sûr de lui et de ses coéquipiers qu’il espère continuer sur cet élan de succès (14 en 2020, personne n’a fait mieux !).
Arnaud, quelques semaines après, que reste-t-il de votre Giro historique avec plusieurs victoires d’étapes, mais surtout le maillot Cyclamen du classement par points ?
Cela reste un moment magique et fort. J’ai tout de même ressenti une grande fatigue dès la fin de l’épreuve. Cela a été dur de tourner la page. Mais, en arrivant à mon hôtel le soir, au moment de la douche, j’ai vraiment eu un soulagement et une grande satisfaction. J’ai vécu de grands moments et notamment ce podium avec mes coéquipiers. C’était pour le prix du fair-play, qui reste anecdotique, mais c’était un moment important de pouvoir partager avec mes coéquipiers, ceux qui m’ont tellement aidé tout au long de l’épreuve. J’ai vécu un Giro intense et exceptionnel. Et surtout une saison exceptionnelle.
C’est-à-dire ?
À tous les niveaux. Au début, avec le confinement, notamment du côté d’Abu Dhabi. Avec mon scaphoïde. Puis toutes ces victoires qui se sont enchainées. C’était vraiment extraordinaire !
Arnaud Démare : « Mes coéquipiers ont fait un travail exceptionnel »
Le fait de rejoindre Bernard Hinault dans la légende du Giro avec quatre victoires sur une seule édition a-t-il une signification spéciale ?
C’est extraordinaire. A la base, j’étais venu pour une seule victoire d’étape. Je ne pensais jamais pouvoir remporter quatre étapes en démarrant le Giro. Vraiment, je dois donner un grand coup de chapeau à mon équipe et mes coéquipiers. Ils ont cru en moi. J’ai cru tout autant en eux. Le travail a payé. On a récolté les fruits de tous ces efforts passés. C’est vraiment fort comme sensation.
Pensez-vous que la première victoire sur Milan-Turin a conditionné la suite de votre saison ?
Tout s’est démultiplié. En arrivant sur le Tour d’Italie, j’avais déjà 10 victoires au compteur. C’était incroyable. On avait tous le même objectif que de briller. Nous avons continué ensemble. On ne voulait plus s’arrêter. Nous avons gagné la première lors de la 4ème étape mais, derrière, on n’a rien lâché. On a continué.
La deuxième est venue et on a continué. La troisième aussi. Finalement, on termine avec quatre victoires puis le Cyclamen devant Peter Sagan. C’était vraiment le plus grand adversaire que je pouvais avoir sur ce classement par points. C’est une référence.
« J’avais l’impression de revivre des moments que j’avais déjà connus par le passé »
Pourtant, la première victoire sur le Giro s’est jouée à peu de choses.
C’est vrai. D’ailleurs, j’avais l’impression de revivre des moments que j’avais déjà connus par le passé, notamment sur Paris-Nice. Ça s’était joué à quelques centimètres. Puis on m’a annoncé vainqueur. C’était incroyable après de connaître la joie de la victoire quelques minutes plus tard.
Ça me rappelle aussi tout le travail effectué à l’entraînement et notamment avec mon père, derrière le scooter, quand je pousse pour donner un dernier coup de rein. Cela a fait la différence. Mes coéquipiers ont aussi fait un travail exceptionnel.
Pourtant, vous aviez déjà gagné sur le Giro…
C’est super d’avoir fait ce que l’on a fait. Je savais que si l’on gagnait rapidement, on aurait d’autres opportunités. Cela a été le cas. C’est une grande fierté. Ce n’était pas gagné avec la concurrence qu’il y avait sur ce Tour d’Italie. Beaucoup d’entre eux avaient d’ailleurs l’envie de se rattraper après les occasions manquées de la reprise. En plus, on ramène un maillot distinctif. C’est génial.
Même si au départ le Cyclamen n’était pas une priorité…
J’avais connu une grosse déception l’année dernière en le perdant (2ème, 13 points derrière Pascal Ackermann, Ndlr). Je savais que l’on pouvait gagner une étape, mais même avec quatre victoires, le maillot n’était pas gagné d’avance.
Peter Sagan est un maître en la matière. Il sait se mettre dans les bons coups pour engranger des points. Il peut aller en montagne prendre des points quand, nous, les sprinteurs, on a plus de mal. C’était chaud surtout en fin de Giro. Lors du dernier sprint, j’ai vraiment compris que c’était fait.
Arnaud Démare : « Je sais ce qu’il faut faire pour pouvoir être performant »
Avez-vous senti que ça vous permettait de grandir et de passer un cap en 2020 ?
Déjà, le fait de porter le maillot de champion de France, c’est quelque chose d’exceptionnel. Mais il est vrai que pour le grand public, gagner le classement par points, c’est aussi très important. Personnellement, c’est une satisfaction, mais je veux d’abord retenir les victoires. Sur le Giro, on en a réussi quatre. Ce n’est pas rien.
Après, le maillot Cyclamen, c’est un plus pour le grand public. J’ai reçu énormément de messages de soutien et d’encouragements. Ça m’a donné une force supplémentaire. C’est devenu un objectif au fur est à mesure. C’était bien de le réussir.
Qu’attendez-vous des prochains mois ?
J’espère continuer sur cet élan. Je n’ai que des belles choses à retenir pour l’année qui arrive. On a acquis une force collective qui me permet d’avoir une grande confiance. Quand j’y repense, de fin juillet jusqu’au mois d’octobre, on a eu un gros collectif qui a permis de viser la gagne à chaque course. Les gars et le train ont été exceptionnels.
Personnellement, je me sentais bien aussi. J’espère continuer à avoir la patte pour finir. J’ai passé une bonne coupure. Je n’ai pas à me remettre en question. Personnellement,je sais ce qui me convient pour être bon et performant. Je connais ce qu’il faut faire pour pouvoir être performant. C’est cool.
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