dimanche 3 novembre 2024

Avec Serhou Guirassy (Stuttgart), la Guinée peut rêver d’un exploit à la CAN

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Dauphin d’Harry Kane au classement des buteurs de Bundesliga, l’international guinéen de Stuttgart Serhou Guirassy (27 ans) n’a pourtant pas toujours reçu le crédit mérité à ses débuts en France.

Pour mieux comprendre l’évolution d’un joueur, il faut souvent remonter à ses origines. Steve Boue, son ancien coach à la J3 Amilly, peut parler de l’attaquant de Stuttgart Serhou Guirassy en connaissance de cause.

« J’ai bien connu Serhou lors de la saison 2010/2011. Il avait 14/15 ans. Il avait évolué à Amilly déjà vers ses 12 ans. Il était ensuite parti à Montargis, le club voisin. J’avais été le chercher là-bas. Serhou était un garçon assez réservé, calme et très respectueux. Il se sentait très bien dans le groupe. Il ne faisait pas beaucoup de bruit. Mais, sur le terrain, il était déjà un sacré phénomène. »

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Stuttgart, le club idéal

« A cet âge-là, il était déjà très grand, très costaud, très physique, il répondait vraiment présent dans les duels. Je le faisais jouer comme attaquant. Dès qu’on le lançait en profondeur, on ne le revoyait plus ! Il était excessivement adroit. Il savait quand frapper le ballon et quand délivrer une passe. Le seul petit bémol qu’on pouvait lui trouver est qu’il était un peu nonchalant dès qu’il s’agissait de défendre. Autrement c’était très, très fort. »

Une proximité très étroite existait entre le jeune footballeur et son entraîneur. « Je venais le chercher, je le ramenais, je l’emmenais faire des essais un peu partout. Je décelais quelque chose en lui. J’avais beaucoup de contacts avec ses grands frères. Moins avec ses parents car ils ne parlaient pas trop le français ». Les premiers tests ne se soldent pas par une franche réussite. En Bourgogne, mais pas que.

« Même lors de nos détections départementales chez nous, Serhou n’était même pas pris. Je ne comprenais pas toujours. Je l’ai notamment emmené à Auxerre. Là-bas, on lui reprochait un peu sa nonchalance. Je continuais à encourager Serhou malgré tout, en lui disant de persister à travailler et que cela finirait par payer. Puis j’ai obtenu le contact d’un certain Monsieur Costa, recruteur à Laval, c’est parti de là et très vite ! ».

« Il se relève toujours »

Pourtant, même dans notre élite en professionnels, à Lille, Amiens, Rennes, le natif d’Arles n’est pas utilisé à pleine carburation : « En L1, il a dû disputer une centaine de matches au maximum (109 avec Lille, Amiens et Rennes, Ndlr). Mais cela tenait aussi à la manière dont on l’utilisait. A Rennes, par exemple, cela jouait beaucoup sur les côtés. Serhou, lui, est un joueur qui s’épanouit davantage dans l’axe ».

Parti sur la pointe des pieds de Rennes, Guirassy revit en Allemagne. Week-end après week-end, l’international guinéen qui a porté le maillot de l’équipe de France en U16, U19 et U20 demeure une menace permanente et colle aux crampons au classement des buteurs de Harry Kane, pourtant lui dans un collectif bien plus fourni au Bayern Munich :

« Quand je regarde ses statistiques actuelles en Bundesliga, je ne suis pas plus étonné que cela concernant son déroulement de carrière. Car quand il était à Laval à 17 ans, il était déjà sur un banc de L2. Je le connais bien. Serhou peut tomber, mais il se relève de suite. C’est un grand trait de caractère chez lui. Je l’ai eu au téléphone récemment. Il vit le truc à fond, mais sans se fixer d’objectifs précis. Il sait que dans le football de haut niveau la régularité prime surtout. »

Un énorme défi attend Serhou Guirassy à la CAN

« Là, il est bien à Stuttgart (16 buts en 13 matches de championnat, Ndlr) et il veut faire de son mieux. Après, il verra. Personnellement, je le vois aller encore plus loin et ailleurs (il est sous contrat jusqu’en 2026 et sa valeur est estimée à 40 M€, Ndlr), mais cela c’est juste mon avis personnel (Manchester United, Newcastle, l’AS Rome seraient sur les rangs, et surtout le Milan AC qui pourrait enlever la décision cet hiver selon le quotidien italien du Corriere dello Sport, Ndlr). Il porte également les couleurs de la Guinée (12 sélections, 3 buts, Ndlr). C’est un boost incroyable pour lui. Il est très bien vu par ses copains làbas. Serhou est en train de monter… »

« C’est quelqu’un qui joue et qui prend du plaisir. Mais s’il a des opportunités qui se présentent, il les saisira. Toutefois, comme il le dit toujours, il n’oublie pas d’où il vient. On se voit dès qu’il le peut. C’est quelqu’un qui est resté très simple. Son entourage l’ai aidé là-dessus. Ses frères sont là. Par son comportement, on ne dirait pas que c’est un grand joueur professionnel dans le sens où Il est resté le même, il dit toujours bonjour à tout le monde ».

Humble et simple en dehors des terrains et si féroce dessus, tel est le moteur de l’intenable Serhou Guirassy. Son prochain défi : tenter de sortir de sa poule à la CAN (13 janvier – 11 février), avec la Guinée. Pour y parvenir, les Guinéens devront envoyer au tapis le Cameroun ou le Sénégal. Inutile de préciser que tout le pays attend ses exploits en Côte d’Ivoire…

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