jeudi 28 mars 2024

Aymeric Minne : « Cet Euro m’apporte beaucoup d’expérience et de confiance »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

A 24 ans, le demi centre du HBC Nantes a disputé sa première compétition internationale avec l’équipe de France. Bien que frustré par la 4ème place finale à l’Euro, Aymeric Minne en ressort grandi. Entretien pour Le Quotidien du Sport et Handball magazine.

Cet Euro était votre première compétition avec l’équipe de France. N’est-ce pas frustrant de terminer 4ème alors que les Bleus trustent les médailles ?

Bien sûr que c’est frustrant. Il y a de la déception car ça se joue à un ballon sur les deux matches. Ce n’est pas comme si on avait perdu de 5 ou 6 buts. Là, on n’était vraiment pas loin, ça s’est joué sur des détails, donc c’est frustrant. Mais, avec un peu de recul, cela reste quand même une superbe expérience surtout qu’on n’est pas passés pas loin de la correctionnelle et de se faire sortir au 2ème tour.

On peut être contents de notre compétition avec un groupe assez jeune. Ce n’était pas non plus l’équipe qui avait gagné les JO puisqu’il y avait des absents. Ramener la médaille en chocolat, c’est décevant, mais, en même temps, si l’Islande n’avait pas perdu contre la Croatie, on se serait fait sortir au 2ème tour. Personnellement, je considère que j’ai la chance d’avoir connu un dernier carré de Championnat d’Europe.

Aymeric Minne pas surpris par la médaille en chocolat

D’habitude, seuls les trois premiers ont une médaille. Là, vous avez eu une médaille ! Comment l’avez-vous accueillie personnellement ?

Avec Nantes, on en avait déjà eu une l’année dernière à Cologne (les Nantais avaient terminé 4èmes du Final Four de la Ligue des Champions, Ndlr). Ils ne nous l’avaient pas mise autour du cou. Elle nous attendait dans le vestiaire. Une médaille couleur chocolat… Ça permettait de garder un souvenir de l’événement. Je n’ai donc pas été si surpris.

Pour d’autres, c’était la première fois, ils l’ont mal pris. Hugo Descat disait que ce n’était pas pour nous la médaille, mais pour les Danois. Ça n’a donc pas plu à tout le monde, mais au moins ça fait un souvenir que je vais garder. Il faut quand même être fier d’avoir fini dans le dernier carré d’un Championnat d’Europe !

Peut-être que cette médaille pour la 4ème place deviendra la généralité, pourquoi pas, mais en tout cas il faudra changer la couleur, car couleur chocolat ce n’est pas top comme message…

Quelle image garderez-vous de cet Euro ?

La fin du premier match contre le Danemark (victoire 29-30 de la France, Ndlr). C’était un match à la vie, à la mort. Si on ne gagnait pas, on était éliminés. On était derrière tout le match, on est passés devant qu’en fin de match. J’étais sur le banc, mais j’ai vu une symbiose de tout l’effectif. Ça poussait énormément. Peu importe les temps de jeu qu’on avait eus, tout le monde était déterminé à se qualifier. On a vu une union collective incroyable. Et quand on a gagné, tout le monde a explosé !

Vous avez réussi deux gros matches dans cet Euro, contre les Pays-Bas (8/10) et la Suède (8/9), lequel vous a le plus marqué ?

Forcément la Suède car ce n’était pas le même contexte. Contre les Pays-Bas, on a eu un peu de mal mais, au final, on gagne de 10 buts (34-24, Ndlr) alors que la Suède c’était une demi-finale, ça n’a donc pas la même valeur à mes yeux.

« Nikola Karabatic m’a tout de suite mis à l’aise »

Malgré votre jeunesse et votre inexpérience à ce niveau, vous n’avez pas eu peur et vous avez pris vos responsabilités.

Contre la Suède, je n’étais pas rentré en première période. Je commence la deuxième. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre. Si je n’avais pas été bon, on aurait dit que c’était ma première compétition, une demi-finale de Championnat d’Europe, ça n’aurait pas été « grave ».

Si on avait été éliminés, l’attention n’aurait pas été sur moi, on n’aurait pas signalé que j’étais passé à côté. J’avais une sorte de non-pression et également une forme d’insouciance qui ont fait que j’ai commencé à prendre ma chance. Ça a plutôt bien fonctionné, j’étais bien en jambes, du coup j’ai continué, j’ai insisté et, au final, j’ai fait un bon match.

En quoi cette expérience à l’Euro va vous servir en club ?

Côtoyer et jouer tous les deux jours contre des joueurs de ce niveau-là va m’apporter beaucoup d’expérience et de confiance. Ça me motive beaucoup pour cette deuxième partie de saison. J’avais ressenti la même chose après Cologne où cette 4ème place m’avait donné envie de retourner tout de suite travailler. J’avais le sentiment d’être devenu un handballeur meilleur.

Côtoyer et jouer avec Nikola Karabatic est-ce un rêve quand on est joueur ?

C’était mon premier stage avec lui. Les autres fois, il n’était pas là. J’avais hâte de le découvrir au quotidien. C’est quand même une légende de notre sport. Il était super gentil, avait toujours un mot pour moi avant les matches en me disant qu’il fallait que je me lâche, que je ne me prenne pas la tête, qu’il avait confiance en moi et que ça allait le faire. Il me mettait à l’aise.

On s’entraînait tous les jours ensemble depuis le 2 janvier donc, en compétition, je n’ai jamais ressenti cette pression de me dire : « Je joue aux côtés de Nikola Karabatic ! »

Aymeric Minne espère titiller le PSG

Votre coéquipier à Nantes, Linus Persson, champion d’Europe avec la Suède, ne vous a-t-il pas trop chambré ?

Non, pas trop. En plus, il n’a passé que trois jours là-bas (légèrement blessé en fin d’année et papa d’une petite fille, le Suédois était réserviste et a été appelé pour les deux derniers matches, Ndlr). Il est donc resté humble sur sa victoire.

Un mot sur Nantes. L’objectif du H est-il désormais la 2ème place ?

On avait pour ambition de concurrencer le PSG cette saison, mais on s’est tout de suite tiré une balle dans le pied en perdant dès le premier match contre Cesson (2927, Ndlr) puis à la maison contre Limoges (27-29, Ndlr). Au moment où on se dit qu’on peut inverser la tendance, on fait un gros match chez nous contre Paris pour, au final, perdre (29-30, Ndlr).

Désormais, je ne les vois pas perdre assez de matches pour leur passer devant, l’objectif va donc être de conserver cette 2ème place et de distancer Aix. Ça va dépendre beaucoup de nous. Il ne faut pas perdre des matches contre des équipes qui sont derrière nous, mais qui restent de bonnes équipes, et ça n’est jamais évident à l’extérieur. Si on gagne ce genre de match, ça va le faire d’autant qu’Aix n’a pas l’habitude de ce genre de duel pour la 2ème place.

Le PSG avec ses moyens est-il intouchable en France ?

Non car en début de saison on avait vraiment l’ambition de les matcher. C’est nous qui avons perdu bêtement des matches, des matches qu’on ne doit pas perdre. On ne peut pas se le permettre face à une équipe comme Paris qui est un rouleau compresseur et qui ne perd pas de points dans ce genre de match.

Nantes pas encore au niveau de Paris

A l’image de Nantes la saison dernière ou Montpellier cette saison, les clubs français marchent fort en Ligue des Champions. N’y a-t-il pas un complexe en championnat face au PSG ?

Montpellier est capable de battre n’importe qui en Ligue des Champions, mais perd en championnat, et pas que contre Paris ou Nantes. Le championnat français est très dur, très exigeant. Si vous mettez moins d’envie et de concentration sur un match, vous vous faites punir tout de suite.

On n’a pas non plus le même effectif que Paris pour gérer les deux compétitions de front, ce qui explique que, d’une année à l’autre, les clubs qui sont alignés en Ligue des Champions, Nantes ou Montpellier, puissent faire le yoyo. C’est ce qui nous est arrivé l’an dernier.

On va au Final Four de Cologne, mais on perd sur la fin des matches en championnat qui nous coûtent la 2ème place. Ce n’est pas un manque d’ambition. Simplement, le championnat est très relevé et il faut être extrêmement régulier pour concurrencer Paris, ce qu’on n’arrive pas à faire pour l’instant.

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