jeudi 18 avril 2024

Ballon d’Or : Karim Benzema décrypté par ses formateurs

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Sacré Ballon d’Or cet automne, Karim Benzema n’a pas manqué de saluer au moment des remerciements son club formateur l’Olympique Lyonnais, où il a évolué de 1997 à 2009. Ses anciens éducateurs saluent eux le sacre d’un phénomène.

Armand Garrido, son formateur en U16-U17 : « Il aime travailler »

« Je ne vais pas cacher qu’il y a une certaine fierté à avoir contribué à la formation d’un Ballon d’Or, je me dis que ça n’arrive pas à tout le monde ! Il y a de la fierté, mais un peu de frustration car ce n’est pas un joueur que je peux fréquenter comme je le souhaiterais. Il manque quelque chose derrière, une certaine proximité. Karim venait d’un quartier parfois qualifié de difficile, la facilité était de l’avoir sous la main afin de travailler pleinement. Mais je tiens à dire qu’on n’a jamais eu le moindre problème avec lui à la formation, jamais, jamais, jamais ! Et peu de gens en parlent, mais il est question d’un joueur qui n’a jamais un carton rouge en presque 20 ans de carrière ! Sa réussite vient de son investissement car c’est un garçon volontaire, qui aime travailler. »

Gérard Bonneau (recruteur de l’Académie) : « Un mental au service du talent »

« Dès qu’il a intégré le centre de formation, on a toujours senti chez Karim son projet de devenir un grand footballeur professionnel. Il a toujours su ce qu’il voulait. Ce Ballon d’Or, au fond de lui, je pense que c’est un aboutissement. Si on avait un pari entre formateurs, on n’aurait pas pu imaginer cela quand il avait 16 ou 17 ans. Par contre, au fur et à mesure de sa carrière, on se disait qu’il y aurait peut-être une chance d’y arriver. »

« Le problème, c’est qu’il est de 1987, une génération exceptionnelle avec notamment Lionel Messi et Luis Suarez, alors que Cristiano Ronaldo est de 1985. Du coup, on se disait quand même que ce serait dur… C’est incroyable qu’il y soit parvenu malgré cette génération de malades ! Il s’est battu jusqu’au bout, cela atteste de la qualité de son mental. Karim a su mettre son mental au service de son talent, c’est un exemple sur ce point. »

« Au-delà de ses qualités naturelles, il a toujours travaillé ses manques en écoutant ses coachs. Après avoir été écarté de l’équipe de France pendant cinq ans et avoir raté la Coupe du Monde 2018, c’est énorme qu’il soit parvenu à devenir mentalement Ballon d’Or. Cela prouve sa force mentale ! Ce qu’il a, il le mérite. Sa période difficile, au lieu de l’affaiblir, lui a donné une force supplémentaire. Cela aurait pu le tuer. Au contraire, il est revenu en équipe de France et il a réussi un parcours qui lui permet d’être Ballon d’Or ! »

« Son cerveau doit avoir des ressources incroyables, tout le monde ne peut pas accomplir cela ! Je suis heureux pour lui, sa famille, le club de l’OL, tous ceux qui l’ont formé, des poussins à ses entraîneurs professionnels. L’OL aura formé un Ballon d’Or, c’est unique ! J’ai une telle admiration pour le joueur. Aujourd’hui, je me sers de son parcours quand je parle à un jeune pour lui dire de bien construire son projet, de faire attention à son entourage : « C’est toi qui construis ton projet, pas les autres ». C’est ce que Karim a toujours fait. Quand il finira sa carrière, je suis sûr que ce sera un personnage du football. Il a deux poumons et un troisième le football ! »

« Je suis sûr qu’on le retrouvera, mais le plus tard possible. Tant qu’il peut jouer, il jouera ! Entraîneur ? Je ne sais pas, mais la certitude est que ce serait intéressant d’avoir un Karim qui conseille des jeunes. Un peu comme Zizou, c’est une référence. On dit souvent aujourd’hui que les jeunes sont pressés, il peut faire bouger certaines choses. Lui a toujours été respectueux. Il n’a connu que deux clubs, l’OL et le Real Madrid, ce n’est pas un mercenaire du football. On ne l’a jamais entendu au Real faire du chantage à un départ à Manchester ou ailleurs, pourtant un joueur de son calibre a forcément suscité des intérêts. »

Cyrille Dolce (un de ses éducateurs en poussins) : « 12 ans au Real, on ne rend pas compte ce que ça signifie »

« J’avais la chance d’être dans le staff de l’époque, dirigé par Pierre Navarro et Fernando Ferrari. C’est ce dernier qui l’avait repéré lors d’un plateau poussins en 1996, il avait l’œil pour dénicher les pépites. Ce Ballon d’Or ne récompense pas son talent, mais son travail. Je l’ai revu il y a six ou sept ans à Bron et il me racontait comment il s’était mis au service de Cristiano Ronaldo. Mais il m’avait aussi dit : « Je regarde ce qu’il fait ».

« Je ne m’étais pas rendu compte qu’il allait devenir ce qu’était Ronaldo au niveau du leadership. Il a su être patient pour endosser ce costume. C’est merveilleux de durer à ce point dans le temps et de décrocher un Ballon d’Or à presque 35 ans, c’est extraordinaire.

« De mon point de vue, dans une équipe, il ne faut pas 36 coqs dans un poulailler (sic), il ne faut pas plusieurs vedettes. Karim a eu la grande intelligence de ne pas rentrer dans ce jeu-là au Real Madrid, tout simplement car il aime le foot ! Cela fait 12 ans qu’il est au Real, 12 ans ! Je pense qu’on ne se rend pas compte de ce que cela signifie… »

Alain Olio (ex-directeur du centre de formation de l’OL, entre 2002 et 2007) : « Programmé pour réussir »

« Karim a été un cas particulier dans la mesure où on l’avait mis au centre de formation afin de ne pas prendre de risque par rapport à son environnement et de tout faire pour qu’il ait une vie plus réglée. Il a été très tôt déterminé par rapport à ce qu’il voulait faire. Ce n’était pas un garçon à problèmes, il n’y a jamais eu de soucis avec lui, si ce n’est quelques anicroches bénignes avec quelques joueurs. »

« Il a été exemplaire dans son comportement. Avant les pros, il était passé par la réserve (12 buts en 14 matches en 2004/2005, Ndlr). Il était programmé dans sa tête sur ce qu’il voulait faire. Il ne montrait pas car c’était un taiseux, on le voit encore aujourd’hui, mais il savait très bien ce qu’il voulait. J’ai envie de dire qu’il était difficilement pénétrable psychologiquement alors que sa plus grande qualité est qu’il était programmé dans sa tête pour réussir. Le grand choix de Karim, c’est d’avoir été au Real en 2009. Avec une autre dimension de joueurs et d’entraîneurs, il a encore franchi des caps supplémentaires. »

Il ne reviendra pas

Eternel fantasme du président Jean-Michel Aulas, Karim Benzema ne reviendra pas boucler la boucle à l’Olympique Lyonnais comme tous les supporteurs en rêvent. L’avant-centre du Real Madrid l’a encore rappelé récemment lors d’un échange avec le streamer Zack Nani sur Twitch. « J’ai laissé une belle image à Lyon, il faut que ça reste comme ça. Tu ne peux pas partir et revenir. Je n’arrive pas à faire ça ». A 35 ans, il n’est pas prêt d’arrêter sa carrière. Sous contrat jusqu’à la fin de la saison au Real Madrid, il est probable qu’il prolonge prochainement ce bail jusqu’en 2024 ou 2025. Hyper-revanchard après avoir manqué la Coupe du monde sur blessure, on devrait encore le revoir dans les prochaines semaines s’épanouir en Ligue des Champions.

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