C’est fort de leur statut VAP (voie d’accession au professionnalisme) que Bordeaux et Frontignan espéraient accéder à la Proligue la saison prochaine. Mission accomplie pour deux clubs et deux projets différents qui ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin.
Né en 2021 de l’entente des clubs de Bruges et de Lormont, Bordeaux-Bruges-Lormont Handball a tout de suite eu comme objectif de ramener le hand de haut niveau dans la capitale girondine. Dans le sillage de l’entrepreneur local, Jean-Paul Onillon, vite rejoint par l’ancien président de la Ligue et ancien international de rugby, Philippe Bernat-Salles, puis par Philippe Gardent, le projet s’est vite concrétisé.
Aussitôt dit, aussitôt fait avec l’accession officialisée en Proligue à cinq journées de la fin d’un championnat de Nationale 1 qui ne pouvait être qu’une parenthèse dans la montée en puissance souhaitée par des nouveaux dirigeants qui visent la Starligue à l’horizon 2024/2025.
Après le PSG et son aventure au Fenix de Toulouse, en duo avec Benoit Peyrabout, l’ancien Barjot ne s’est pas éloigné de la Garonne pour amener son expérience à un groupe qui a assumé son statut de favori.
« Le président Onillon a su me convaincre et je ne regrette pas d’avoir relevé ce challenge exaltant, se félicite le manager général et entraîneur de l’équipe première. Après avoir été entraîneur 25 ans chez les pros, je me suis vraiment éclaté cette saison avec un groupe très motivé et à l’écoute. Désormais, je sais pourquoi je suis là et je suis plus motivé que jamais pour tirer l’équipe vers le haut. »
Bordeaux et Frontignan changent de monde
Le chantier est immense qui va passer par une indispensable professionnalisation d’un mode de fonctionnement pas adapté à la Proligue. Doubler le budget pour atteindre 1,5 M€, recruter entre quatre et sept joueurs plus expérimentés et talentueux pour étoffer l’effectif et l’amener à 16 ou 17 pros, seront les premiers défis à relever… qui ne font pas peur à Gardent « car au hand les joueurs sont sympas et humbles, très loin des excès du star-système ».
Avec 80 % du budget qui émane de partenaires privés, un salaire médian de 2500 euros bruts, le réseau de Jean-Paul Onillon, ancien directeur général de la centrale d’achat du groupe Casino, de Sport 2000, aujourd’hui PDG du logisticien du froid, STG, ne sera pas de trop.
Pour fédérer les énergies autour de la fusion de Lormont/Haut de Garonne et de Bruges 33, celui qui fut aussi président du PSG handball avant l’arrivée des Qataris a été essentiel. « Il a été un accélérateur de projet, se félicite Francisco Contiero, l’ancien président de Lormont qui garde, comme Bruges, ses équipes de jeunes. Avant, tous les gamins partaient, aujourd’hui ils veulent tous rester pour espérer jouer au plus haut niveau. »
Devenir une locomotive pour le BBLHB, sortir de l’ombre de Montpellier pour le FTHB
Désormais locomotive de la deuxième ligue de France en nombre de licenciés, le BBL n’entend pas brûler les étapes, mais assurer dans la sérénité sa structuration en Proligue, se stabiliser dans l’antichambre de l’élite pour mieux se préparer à y assurer sa pérennité un jour.
La quête d’une salle digne de cette ambition est un enjeu important qui pourrait être la salle Jean Dauguet sur la rive droite de Bordeaux. L’aventure ne fait que commencer pour des Girondins qui retrouveront Frontignan la saison prochaine en Proligue. Les Noir et Or en avaient rêvé, ils l’ont fait !
La victoire à Mulhouse, dernière équipe qui pouvait encore les priver de la montée, a envoyé les joueurs de Renaud Boulanger au paradis, de quoi faire une énorme fête à Ferrari dans la foulée. Sur le site du club, le co-président, Jean Garait ne tardait pas à parler de « concrétisation d’un travail collectif entamé il y a plusieurs saisons, à tous les niveaux du club, sportif, administratif, financier. »
Le statut VAP change le fonctionnement des clubs
En se professionnalisant dans les bureaux, en embauchant huit salariés, le club savait où il voulait aller, vers l’obtention de l’indispensable statut VAP qui lui permet aujourd’hui de passer pro et d’écrire la plus belle page de son histoire, 30 ans après la création du club (fusion entre Frontignan, Sète et Mèze), cinq ans après l’accession en Nationale 1 Elite (3ème échelon).
Si sa vocation n’est pas forcément de rejoindre la Starligue pour être une locomotive, à l’instar du projet Bordelais en Nouvelle Aquitaine, se rapprocher de Montpellier et de Nîmes ne fait que renforcer l’ADN d’un département, l’Hérault, et d’une Méditerranée plus handball que jamais avec cinq clubs en élite et désormais deux dans son antichambre (Frontignan/ Thau et Nice). Au moment où, non loin de là, Martigues, leader de Nationale 1 (4ème échelon), vise également, à terme, la professionnalisation, l’accession du FTHB tombe à pic.
Tom Boissy