Le voisin nantais attire beaucoup l’attention à l’échelon régional, national et même international. Mais Cesson Rennes, avec ses moyens et sa méthode, ne cesse de grandir.
Nantes est un club confirmé depuis des années au niveau national. Et même international. Le club entraîné par Alberto Entrerrios a notamment disputé la finale de la Ligue des Champions en 2018 (contre Montpellier). A Cesson-Rennes, on grandit à son rythme. Nicolas Lemonne est bien placé pour le savoir. Il a gardé les cages du club. Il en est désormais un des dirigeants :
« J’ai passé quatre ans à Cesson (entre 2009 et 2013, Ndlr). Je suis arrivé quand le club est monté en première division (2009, Ndlr). On avait le plus petit budget de l’élite. On s’était sauvé contre toute attente. Nous n’avions pas la plus grosse équipe, mais on avait basé notre réussite sur un état d’esprit irréprochable et des valeurs de solidarité et de combativité. Lors de ma dernière année, le club finit 7ème, toujours avec un des plus petits budgets. On sentait déjà ce club en pleine progression sportive ».
Un voisin nantais de plus en plus populaire
L’ancien gardien international, entre 2001 et 2005 (18 sélections), a bel et bien vu ce club évoluer :
« Les années passant, Cesson Rennes a su conserver cette atmosphère familiale tout en se professionnalisant. Sans jamais se renier. C’est l’idée forte de la structuration de ce club. Cesson Rennes est désormais à des années lumières de quand j’étais joueur. En qualité de déplacement et de structuration notamment. On est passé d’une petite salle sympa à une Arena moderne (la Glaz Arena, 4500 places, Ndlr). Le club a vraiment évolué et continue de le faire chaque année. Il y a donc un grand écart tout en maintenant cet esprit familial. Il faut savoir d’où on vient. »
Même l’image de Cesson Rennes n’a plus rien à voir : « Pendant des années, Cesson a traîné cette image de petit club avec un côté amateur dans son organisation. Lors de ma première année dans ce club, Karabatic avait avoué détester jouer dans des salles où il faisait froid et où c’était sale par terre. Cesson était notamment visé. Avec cette nouvelle salle, le regard des autres équipes a changé sur Cesson, et même sur la Bretagne. Se doter d’un tel outil n’est pas anodin. Tous les clubs ne le font pas. C’est le signe de l’envie du club de chercher à grandir encore et toujours ».
Un projet sur le long terme
Avec un Romain Briffe, discret, sérieux et impliqué, demeurant un très beau porte-drapeau de l’équipe : « Il a été formé au club. Il est parti à Chambéry à un moment (entre 2016 et 2020, Ndlr). On espérait le faire revenir. Cela a été fait. Il est important pour notre collectif. On a voulu garder cette ossature de joueurs formés localement ». Ce club en pleine évolution n’en serait pas là non plus sans une certaine collaboration de la ville :
« La ville de Cesson nous aide autant qu’elle peut avec les moyens qu’elle a. On a la chance aussi de bénéficier de l’aide de la métropole, Rennes métropole. Le club a un budget qui tourne à un peu plus de 3 M€. On figure en bas de classement à ce niveau. Mais les choses évoluent et on essaie de les améliorer.
Malgré tout, on reste un club disposant d’une aide des collectivités assez relative. Cette donnée a toujours poussé les dirigeants à trouver des moyens pour remplir le cahier des charges. On a toujours eu besoin d’un apport de partenaires privés assez conséquent. Cette nouvelle salle nous a permis de trouver d’autres ressources. On reste attaché à la ville de Cesson car la salle se situe dans ce territoire. Le club a grandi ici. Il n’a jamais été question de s’en détacher ».
« Nantes est un exemple et non un problème »
Mais comment sortir de l’ombre de l’ogre nantais ? « Certes, la proximité est indéniable. Nantes et Cesson Rennes ont même deux histoires assez similaires. Nantes est monté dans l’élite en 2008. Cesson un an plus tard. Ces deux clubs avaient une bonne structuration de deuxième division. Nantes a pris son envol car la politique sportive des collectivités est bien différente. On les a aidés à prendre cet envol.
Nantes a su aussi construire les choses intelligemment sans brûler les étapes. On a envie d’en faire de même. C’est plus long pour nous que pour eux car nous n’avons pas eu les mêmes moyens au début. L’idée n’est pas de se comparer ni de sortir de l’ombre de Nantes. Nantes est un exemple, mais n’est pas un problème pour nous.
On aimerait avoir la même réussite qu’eux. On va tout faire pour y arriver. Cela prendra davantage de temps. A la différence de beaucoup d’autres clubs, on a chez nous une ligne dans nos charges qui est celle du loyer de la salle. Aix est également dans ce cas.
C’est une des différences majeures avec Nantes. Ils ont des installations mises à disposition par la mairie comme pour beaucoup. A Cesson, on est locataire et le propriétaire est un privé, le Groupe Legendre. Il ne faut pas être jaloux. Il faut s’inspirer de ce que font les autres pour mener au mieux notre projet ».
Cesson Rennes à un seul objectif, le maintien
Dans une zone du territoire où le handball est un bastion, Cesson Rennes fait son trou : « La Bretagne est une terre de sports et notamment de handball. La Ligue de Bretagne est une des plus grosses du pays. Notre difficulté n’est donc pas de se dire il y a Nantes à côté ou Brest pas loin.
Et donc de se demander s’il y a de la place pour tout le monde. Le souci dans une ville est plutôt de savoir s’il y a de la place pour des sports de haut niveau. L’ancienneté du Cesson Rennes Métropole Handball prouve qu’on a une grande légitimité sur le territoire ».
D’ici la fin de saison, une mission reste capitale. « Notre maintien n’est pas encore acquis. Il est en bonne voie. L’objectif est d’y arriver au plus vite pour anticiper et se projeter sur la saison prochaine. Cela n’a pas toujours été le cas à Cesson. Quand on a vécu ce qu’on a vécu ces dernières années, la vigilance est impérative.
Pour des ambitions supérieures, on verra plus tard. On a un collectif qui joue bien et vit bien. On doit le renforcer et le stabiliser sans faire de révolution. Sur les trois dernières années, on a entamé un grand chantier avec pas mal de joueurs nouveaux. On veut maintenant conserver au maximum le collectif ».
Avec quelques retouches déjà enregistrées comme Arnaud Tabarand (Istres), Tiago Rocha (Nancy) ou Rune Schroder (Sävehof). C’est le prix à payer si Cesson Rennes veut se rapprocher du géant nantais.