vendredi 2 juin 2023

Cette fois, le PSG est déterminé à quitter le Parc des Princes !

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En se positionnant pour acheter le Stade de France, après avoir demandé à une société américaine de lui dénicher un site pour construire un nouveau stade, les dirigeants parisiens ont amorcé un processus redouté par de nombreux supporters : le départ de son antre historique du Parc des Princes.

Jeudi, les révélations de nos confrères de l’Equipe sur les intentions du PSG de se positionner pour racheter le Stade de France, ont fait l’effet d’une bombe chez les supporters parisiens.

Il s’agit d’un nouvel épisode de la guerre que se livre le club et la mairie de Paris depuis plusieurs mois, au sujet du Parc des Princes.

Les enjeux sont connus de tous depuis plusieurs années maintenant. D’un côté, le PSG qui souhaite acquérir le Parc des Princes pour le rénover, l’agrandir et le mettre au diapason des autres grandes enceintes européennes, de l’autre son propriétaire, la Mairie de Paris, qui hésite.

Ecartelée entre sa volonté de ne pas brader son patrimoine et celle de ne pas braquer les dirigeants, la marge est très étroite qui donne lieu à de multiples saillies médiatiques et laisse craindre une vraie cassure qui n’aurait d’autres conséquences que de voir le PSG quitter Paris.

Longtemps sous-estimée, la menace est aujourd’hui réelle même si la volonté est partagée par les deux camps de ne pas se séparer. Très attachés à la dimension historique du Parc, à sa position centrale, aux liens qui l’unissent aux supporteurs, les dirigeants ne souhaitent pas partir. Conscients qu’un départ hors de Paris serait un énorme coup dur pour l’image de la ville, la Mairie ne veut pas qu’ils partent. Sauf qu’à force de ne pas s’écouter, de provocations maladroites en malentendus, la situation n’a cessé de s’envenimer depuis un an.

Le PSG a investi 85 millions d’euros au Parc

Après avoir déjà investi 85 M€ pour moderniser un Parc qui ne lui appartient pas, promettre de dépenser plusieurs centaines de millions d’euros pour l’agrandir, à condition d’en être les propriétaires (une offre de 40 M€ a même été proposée), les dirigeants qataris ne comprennent pas que la Mairie ne leur donne pas satisfaction, place d’abord le prix de vente à 350 M€ avant de se rétracter pour refuser de vendre tout simplement.

L’incompréhension est telle que QSI s’est d’abord fendu d’un communiqué, le 19 janvier :

« Tout le monde est perdant dans la position prise par la maire. Le PSG est maintenant obligé de trouver des options alternatives pour relocaliser le club. Ce n’est pas l’issue que le club, ni ses supporteurs, espérait » -, avant de mandater une société pour trouver un site où construire un nouveau stade. Membre du fonds d’investissement Sixth Street et spécialisée dans l’exploitation d’enceintes sportives, Legends Hospitality est déjà intervenue dans le cadre de la modernisation des stades de Tottenham et de Liverpool, ainsi que dans l’exploitation de Santiago Bernabeu à Madrid.

Sa mission est claire et nette : trouver un nouveau lieu qui pourrait permettre d’offrir au PSG un stade d’une capacité comprise entre 60 et 90 000 places aux abords de la capitale. Les recherches avaient même débuté avant que le conflit prenne de telles proportions, selon plusieurs sources émanant de la municipalité.

Le PSG étudie d’autres options que le Parc

Elles s’orientent peut-être vers la proximité de l’hippodrome de Saint-Cloud, ou vers Poissy, le club y ayant déjà installé son centre d’entraînement, et le bois de Vincennes à Joinville-le Pont, deux collectivités candidates. Le maire de Poissy, Karl Olive, a même publié sur les réseaux une maquette de la future enceinte avant de pousser Anne Hidalgo à reconsidérer sa position « par rapport à tout ce que rapporte l’éco-système du PSG à la ville de Paris, des milliers d’emplois, un cercle vertueux de l’économie locale. »

Car, au-delà d’une architecture qui peut faire rêver, le coût d’un tel chantier, évalué à plus de 500 M€, autant que sa durée, une bonne dizaine d’années jusqu’à la livraison, sont deux obstacles majeurs qui le rendent hypothétique.

Poissy, Saint-Cloud, Joinville, le Stade De France…

Le Qatar est tellement attaché à Paris intra-muros qu’une telle perspective n’a jamais vraiment été envisagée sérieusement jusqu’à présent. Selon plusieurs sources internes, dans le pire des cas, QSI préférerait se désengager progressivement du club, quitte à le vendre, que de dépenser une somme aussi importante à l’horizon 2035 avec le risque de perdre le lien avec des supporteurs qui ont déjà clamé leur amour du Parc et leur refus de se délocaliser.

La possibilité de se rabattre sur le Stade de France, dont la concession se termine en 2025 a toujours été dans les tuyaux. L’Etat va lancer un appel d’offres pour un prix estimé à 600 millions. Le PSG a posé sa candidature… Est-ce une réelle volonté de la part de QSI ou une façon de mettre encore un peu plus de pression sur la mairie de Paris ?

Anne Hidalgo, consciente d’avoir beaucoup à perdre si elle s’avérait être celle qui a fait fuir QSI, évoque la possibilité de prolonger la convention d’occupation du domaine, et ouvre la porte à d’autres pistes juridiques pour aller dans le sens des dirigeants du club, sans se renier.

En pleine partie de poker menteur, les deux entités se renvoyaient la balle, conscientes qu’il n’était dans l’intérêt de personne de voir la situation se dégrader. La seule possibilité de satisfaire les deux camps semble désormais passer par une renégociation du montant du loyer d’un bail emphytéotique entré en vigueur en 2014 pour 30 ans qui est d’un million d’euros par an avec une part variable liée à l’évolution du chiffre d’affaires du club largement au bénéfice de la ville.

Un nouveau stade pour 500 millions d’euros

Mais avant d’en arriver là, on peut imaginer que les dirigeants qatariens, vexés par la position prise par la mairie à leur égard pendant leur Mondial, auront tout tenté. Si menacer de quitter le Parc n’est pas suffisant, sont-ils prêts aussi à remettre en cause leur volonté de s’inscrire dans la durée désormais qu’ils n’ont plus de Coupe du monde à promouvoir ?

Sur fond d’ouverture du capital à d’autres investisseurs, et en marge du rachat de MU par un autre fonds d’investissement qatari, les lignes bougent. Douze ans après son arrivée, QSI est à un tournant avec le PSG, le risque n’a jamais été aussi grand qu’à défaut de pouvoir acheter le Parc (et de gagner la C1 !), il vende le club.

2012-2022, chronologie d’un bras de fer

2012 : premières négociations avec Bertrand Delanoé, ancien Maire de Paris, avec évocation de la destruction du Parc pour reconstruire un stade neuf sur le même site.

2013 : nouvelle convention, le club s’engage à faire des travaux pour moderniser l’enceinte avec plus de loges avec l’idée de passer à 60 000 places. Les plans sont arrêtés, mais le coup des travaux (500 M€) pousse le club à vouloir être propriétaire. Anne Hidalgo se dit d’abord moins opposée à cette idée qu’à celle de la destruction.

2021 : l’arrivée de Messi pousse le président à accélérer sa volonté d’agrandir le stade. Il considère que c’est une obligation et relance l’idée en accord avec la Mairie qui se heurte une fois de plus à la spécificité d’un ouvrage qui est sur la liste des protections patrimoniales du plan local d’urbanisme de la ville, ce qui rend impossible sa dénaturation, sauf décision contraire prise par le Conseil de Paris. Il faut en effet se rappeler que la municipalité avait refusé la perspective d’une rénovation au moment de l’Euro 2016 en raison de la complexité du dossier.

2022 : en pleine Coupe du monde, et au moment où le club envisage de s’ouvrir à d’autres partenaires financiers, le président Al-Khelaïfi menace de partir. Dans Marca, il déclare : « La Mairie ne veut pas qu’on reste au Parc ». Pierre Rabadan, adjoint aux sports, ironise sur le prix proposé : « 40 M€, c’est moins cher que Paredes ! » Après y avoir été plutôt favorable, l’avoir envisagé avec les dirigeants parisiens, avoir même essayé de convaincre le conseil municipal, Anne Hidalgo déclare : « On ne vendra pas le Parc ». En marge d’une Coupe du monde que la Mairie ne veut pas cautionner, cette attitude choque les dirigeants de QSI et les pousse à lancer un ultimatum.

Tom Boissy

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