Si le gardien d’Istres de 25 ans, Clément Gaudin (26 ans le 13 mars) a surpris en s’engageant la saison prochaine dans un club de D3 allemande (SG Kondringen-Teningen ), c’est pour mieux se préparer à devenir kiné. Un choix réfléchi et assumé.
Vous avez décidé de rejoindre une D3 allemande la saison prochaine (SG Kondringen-Teningen). Pourquoi ?
Je ne vais pas affirmer que mon parcours s’arrête, mais je le mets un peu entre parenthèses. Je parle du haut niveau dans le but de reprendre mes études. J’ai trouvé une école en Allemagne pour faire des études de kiné. Comme mon frère. Il vient de finir un cursus en octobre. Je vais intégrer la même école que lui. Du coup, je me suis trouvé un club pour ne pas totalement stopper le handball et continuer à jouer. Devenir kiné est un vrai projet de reconversion.
Cela me laisse le choix aussi. Comme je n’arrête pas totalement le handball, après mes trois ans d’études, je pourrai peut-être retrouver un autre club et ne vivre que de ce sport, tout en commençant à travailler comme kiné. Ou alors j’en serai à stopper totalement le handball pour me lancer à fond dans cette profession. C’était le bon moment pour le faire.
Quand je vais finir mes études, je n’aurai pas loin de 29 ans. Comme gardien, on peut encore jouer quelques années. Si la motivation est là, je pourrai continuer. Dans le cas contraire, je travaillerai à mon compte. Si j’avais pris la même décision à 36 ans, cela aurait été plus compliqué de se relancer derrière et de retrouver des clubs désireux de vous faire signer.
Clément Gaudin tente un nouveau challenge inédit
Par rapport au handball, comment allez-vous gérer les choses dans les trois ans à venir ?
Il y a quelques années, je me demandais déjà ce que j’allais faire après le handball. On ne vit pas du handball jusqu’à la fin de sa vie. En tant que joueur en tout cas. Ce sont des questions qu’il faut se poser. J’ai eu la chance, l’opportunité ou le déclic d’y réfléchir assez jeune plutôt que de me retrouver à 40 ans sans rien. Je vais continuer néanmoins à me servir du handball pour faire mes études à côté. Je vais continuer à jouer. En Allemagne, le niveau demeure très élevé.
Les salles sont pleines, l’ambiance est magnifique. Il y a des attentes aussi. Par contre, je risque d’avoir plus de temps libre par rapport à la première division en France où on s’entraîne deux fois par jour. Concernant des études de kiné, il faut être présent pour la pratique. Ce n’est pas comme sur d’autres activités où le distanciel reste possible.
C’était le bon arrangement. Je vais dans un bon club. Il y a pas mal de jeunes joueurs qui, soit travaillent soit font des études à côté. Je serai donc logé à la même enseigne. Mon frère y a travaillé comme kiné. J’ai eu de bons échos. Les gens sont gentils et avenants. Ils comptent m’aider pendant ma durée d’études. A moi de leur rendre tout cela. Cela n’enlève rien à ma motivation. J’espère aligner des performances là-bas.
Avoir pris cette décision avec une forme de recul, cela n’a rien à voir avec un rejet du milieu en France ?
Absolument pas. Si j’en avais eu marre, j’aurais arrêté totalement. J’aime toujours ce sport profondément. Je suis dedans depuis que je suis né. Le handball fait partie de moi. La France est un magnifique pays de handball. Je ne garde que de bons souvenirs des clubs dans lesquels je suis passé (St-Raphaël, Paris, Nice et Istres, Ndlr). Mais je me donne cette chance de pouvoir concilier deux choses sans pour autant totalement m’arrêter non plus. En France, les études de kiné, c’est compliqué avec quatre ans d’études. Pas facile de concilier tout cela dans un club de StarLigue ou de ProLigue.
« Pas du tout envie de quitter istres sur une descente »
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
J’ai connu trois ans de centre de formation à Paris. Je me suis formé dans un club qu’on connaît de A à Z. Puis j’ai connu la N2, la N1. A Nice, j’ai connu la deuxième division. Là, c’est ma troisième saison à Istres. Je n’ai pas de regrets. J’ai fait ce que j’ai pu. Je me suis fait plaisir. Je suis monté crescendo. Je suis content de mon parcours. J’espère que cela va continuer en Allemagne d’un point de vue scolaire.
Avec votre projet acté l’an prochain, cela va-t-il être facile de rester concentré avec Istres ?
Cela va plutôt me faciliter la tâche. J’ai une pression en moins. Contrairement à ce que j’ai pu connaître ou pour d’autres joueurs, quand on arrive en fin de contrat il faut être performant pour trouver un club. On pense un peu plus à soi et moins à l’équipe. Le fait d’avoir déjà mon avenir tracé pour les trois ans à venir va faire que je vais être plus relâché et moins stressé. Je vais donner le maximum. Je n’ai vraiment pas envie de partir de ce club sur une descente avec ce sentiment du travail inaccompli.
Je n’ai jamais connu cela. Je suis arrivé à Istres et le club s’est maintenu. Je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas cette année. On a un bon groupe. On a eu pas mal de nouveaux joueurs, ce qui a compliqué un peu les choses en début de saison. Mais on travaille bien. On sait que ce n’est pas facile. Cependant, on a l’habitude d’être dans ce rôle. Depuis deux ans, on n’a pas lâché. On n’a pas peur.