lundi 7 octobre 2024

Clément Pernia : « Chirac et Zidane ne parleront jamais de leur rencontre de 2006 »

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Clément Pernia est l’auteur de La République du Foot, un ouvrage qui en dit plus sur les liens entre la Politique et le football. Depuis l’avènement de la Vème République, il devient un instrument politique majeur des Présidents de la République.

Pourquoi vouloir écrire un livre intitulé « La République du Foot » ?

Clément Pernia : À titre personnel, ce son deux sujets qui m’intéresse. J’ai parlé du foot dans mes ouvrages et mes podcasts. Je me suis dit avec Jean-Baptiste Guegan que dans le contexte de l’élection présidentielle française, les législatives et la Coupe du Monde, c’était le moment de faire un livre sur les liens entre la politique et le football. Nous nous sommes mis à enquêter sur les liens aussi proches que lointains que le football procure à la classe politique.

« Paradoxalement, Chirac et Macron ne sont pas des grands passionnés de foot »

Seulement deux Présidents ont gagné « une Coupe du Monde » il s’agit de Chirac et Macron dans deux contextes complètement différents…

Paradoxalement, ce ne sont pas les deux présidents les plus passionnés du foot. Loin de là. Chirac n’y connaît pas grand-chose avant de s’y intéresser à des fins politiques. Macron s’intéresse au foot par l’intermédiaire de l’OM. Mais il n’est pas un mordu comme Sarkozy ou Hollande.

En 1998, les bénéfices politiques sont nombreux pour Chirac avec une popularité en berne, une cohabitation politique. En fait, Chirac créé un lien avec le sport inédit pour lui. Il fait l’effort de s’y intéresser grâce à ces proches. Le Président en 1998 rencontre l’Equipe de France un an avant la Coupe du Monde, aidé par son Ministre des Sports, Jean-François Lamour.

Il ne connait pas le sélectionneur, ni le capitaine personnellement. Ce sont ses proches qui le poussent à créer un lien de proximité avec les Bleus. Dans le contexte, black, blanc et beurre des Bleus, Chirac a été malin par rapport à la Coupe du Monde.

Pour Macron, il n’y a pas de bénéfice politique puisqu’il y a eu l’affaire Benalla (Benalla est à l’origine de l’accélération  de la parade du bus sur les Champs-Elysées). De plus, la crise des gilets jaunes à l’automne annule l’effet positif de la victoire. Dans cet épisode, le Président Macron se met en scène comme n’importe quel Président mais sans plus.

« Zemmour est un nostalgique des années Platini »

Vous brossez un portrait détaillé des forces politiques et leurs liens avec leur foot, vous vouliez raconter quoi au spectateur ?

Le but est de raconter les liens personnels que certains entretiennent avec le foot. On a fait un focus sur certains candidats comme Zemmour, des députés, des élus comme Karl Olive. Il y a des fans absolu à l’Assemblée nationale. On a réussi à enquêter sur les liens du foot sur nos élus. Il faut ajouter que nous sommes avant une Coupe du monde polémique, puis à deux ans des JO.

C’était l’occasion de mettre en avant dans ce livre les personnes qui se présentaient aux élections, quel est leur vision des choses sur le foot et le sport en général. Il faut rappeler que le sport n’a pas été évoqué pendant la campagne. Il s’agit de comprendre cette proximité entre nos élus et le football.

« Hollande gagnerait 10-0 contre Macron dans un quizz de foot »

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon n’ont aucun lien avec le football. La question a été rapidement tranché. On a discuté avec leurs équipes et eux-mêmes nous ont confié qu’il y avait un désintérêt total pour le football. C’est un grand paradoxe quand on sait que c’est le plus populaire de tous. D’autant plus que les électorats de Mélenchon et Le Pen aiment le foot.

Alors que ce sport réuni toutes les strates de la société, peu importe leur opinion politique. Mélanchon, prend le football comme une récupération politique notamment quand il s’affiche au Vélodrome entre 2017 et 2022.

Zemmour aime le football, même si cela a fait un flop notamment à Marseille. Zemmour a un vrai rapport nostalgique, il adorait Rocheteau et Platini. Il ne se reconnait pas en l’arrêt Bosman. Il vit complètement dans une nostalgie du foot. Malgré tout, chez les extrêmes, il y a des passionnés de football. Il faudra être méfiant avant la Coupe du Monde. Les gens repèrent directement ce qu’est la récupération politique dans le football.

« Hollande aime Monaco, c’est étrange quand on connaît la taxe à 75%… »

Emmanuel Macron est moins fan de foot que Hollande ? Quels sont les différences entre les deux hommes ?

Hollande c’est le Président qui s’y connait le plus. Il lit l’Equipe, il a très longtemps voulu être joueur professionnel. Il y a renoncé pour s’orienter en politique. Ce qui est étrange avec Hollande c’est que peu de gens avent que c’est un grand fan de ballon rond. Après on a du mal à identifier Hollande dans son côté supporter. Il est proche de l’AS Monaco, ce qui fait sourie quand on sait qu’il y a eu la taxe à 75% dont l’ASM a été exonéré. Ila  été un temps supporter de Nantes et du Red Star pour se démarquer du PSG de Sarkozy. Si l’on fait un quizz entre Hollande et Macron, Hollande gagne 10-0.

Macron aime le foot grâce aux années Tapie à l’OM. Il est tombé amoureux de l’OM. Mais il s’y connait moins bien. C’est un homme qui a un rapport distancié avec le foot. Il pourrait pas faire 3 heures d’émission de football. Macron pratique le sport, il fait un peu de boxe. Hollande ne pratiquait pas de sport au pouvoir.

« Sarkozy est un enfant de Paris et du Parc des Princes »

Finalement, l’identification de nos Présidents à un club de foot, nous dit quoi sur eux ?

Il y a beaucoup de données qui entrent en compte. D’abord un aspect générationnel. Sarkozy est un enfant de Paris, il a été au Parc des Princes depuis des années. C’est un enfant du Parc. Macron, c’est le quadra qui aime taper dans le ballon. Bien entendu, il y a des aspects politiques.

Macron par exemple, c’est toujours appuyé Marseille pour se rapprocher des peuples et afficher une proximité. C’est l’incarnation de la province par rapport à la ville. C’est un aspect important pour lui. D’ailleurs son mandat traduit bien son amour pour l’OM. Il veut gommer son image de Jupiter.

« Chirac avait un lien particulier avec les sportifs »

Pour terminer, quelle est l’anecdote qui vous a le plus surpris ?

Si je puis dire, j’en ai deux. Zinedine Zidane en 2006 quand il est exclu. On ne voit pas Chirac à l’image. Le Président demande à Jean-François Lamour (Ministre des Sports) ce qui s’est passé. À la fin de la rencontre, Chirac va dans le vestiaire et il s’enferme dans une salle annexe avec Zidane pendant 10 minutes.

Chirac et Zidane ne parleront jamais de cette rencontre en 2006. Personne ne sait ce qui a été dit. On avait coutume de dire que Chirac aimait les sportifs alors que Jospin aimait le sport. Cela a du créer une relation unique entre les deux hommes. C’est un peu comme Macron et Mbappé, les génies se retrouvent, ils se sentent et s’apprivoisent. Une autre anectode, c’est un diner à l’Elysée entre Chirac et des sportifs. Il va voir une sportive originaire du Sierra Leone, Eunice Berber.

Elle se met à pleurer quand il vient à sa hauteur. Chirac lui demande ce qu’il se passe. Elle lui explique qu’il y a la guerre en Sierra Leone et que sa famille est bloquée. Chirac demande d’appeler l’ambassadeur de France en Sierra Leone. Ce dernier, indisponible, l’Elysée contacte l’Ambassade la plus proche. Le Président Chirac demande à ce que la famille soit recherchée. Quelques jours après, Eunice Berber retrouve sa famille en France avant de s’envoler pour l’Angleterre. Cela témoigne de la disponibilité de Chirac pour les sportifs.

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