mardi 17 septembre 2024

Comment Antoine Griezmann est devenue une légende

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

L’Euro, la Liga et la Ligue des Champions… en 2024, c’est un Grizou plus fort que jamais qui part à la conquête des trois seuls trophées qui manquent à son CV. Même si, à 32 ans, au sommet de son art, le Colchonero est déjà entré dans l’histoire, en devenant, mercredi, le meilleur buteur de l’histoire du club.

2009-2014 : À la Real Sociedad

Arrivé à San Sebastian en 2005, à l’âge de 14 ans, le natif de Mâcon, recalé par la plupart des centres de formation des clubs français, n’en partira que neuf ans plus tard après avoir fait toutes ses gammes au centre de formation.

Après deux saisons en réserve, c’est Martin Lasarte qui le convoque pour la première fois avec les pros en Coupe du Roi, le 2 septembre 2009, quatre jours avant de débuter en Liga 2 face à Murcie. En gagnant rapidement sa place de titulaire, il signe son premier contrat pro et permet à la Real de monter en Liga.

Il lui aura fallu cinq ans pour toucher du doigt son rêve d’enfant, cinq ans pour démontrer que ses qualités techniques et son intelligence de jeu pouvaient lui ouvrir toutes les perspectives. Une belle revanche sur tous les recruteurs français qui le trouvaient physiquement trop frêle… Entre 2010 et 2014, il ne cesse de monter en régime, immédiatement titulaire dans une formation qui lui offre un gros temps de jeu et jamais moins de 35 matches par saison.

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Montanier : « un joueur en or »

Une bénédiction pour un jeune joueur de 20 ans en quête de confiance qui trouve dans le contexte basco-espagnol les conditions idéales pour s’épanouir et progresser. C’est l’arrivée de Philippe Montanier aux manettes, en 2011, qui va le faire changer de dimension.

En doublant ses statistiques, en participant pleinement à la qualification pour la Ligue des Champions, il devient une vraie star à domicile et force la porte de l’équipe de France à quelques mois de la Coupe du monde au Brésil.

« Antoine était déjà un joueur très complet, avec un gros volume de jeu et une efficacité certaine. Pour un coach, c’était l’idéal car il était toujours de bonne humeur et capable de jouer partout, se souvient Montanier. Je l’ai utilisé à gauche, dans l’axe, à droite, derrière l’attaquant, et même latéral gauche… Il était toujours partant, à mettre beaucoup d’engagement dans ce qu’il faisait au service du collectif. Et de toutes ses années à la Real, jamais un problème de comportement. Son état d’esprit a toujours été irréprochable. Un joueur en or ! »

Lorsqu’il quitte la Real Sociedad en juillet 2014 à l’issue de sa saison la plus aboutie (59 matches, 23 buts et 4 passes décisives) il ne le sait pas encore, mais le meilleur est à venir…

Son bilan à la Real Sociedad :

Champion de D2 espagnole (2010)

2014-2019, puis depuis 2021 à l’Atlético Madrid

Transféré pour 30 M€ et un contrat de six ans, en conservant son n°7 porte-bonheur, il maintient aussi son rythme de croisière malgré la pression plus forte dans un club aux ambitions européennes.

« Après la Real, où il a pris le temps de se construire, l’Atlético était un pari difficile car ce n’est pas forcément un club pour les jeunes, poursuit son ancien coach. On pouvait estimer le Barça plus approprié à ses qualités mais, pour sa progression, ce choix de l’Atlético a été le bon car il y est devenu un des meilleurs joueurs du monde. »

Troisième au classement du Ballon d’Or en 2016 et 2018, il n’aurait pas été loin de la 1ère place en 2016 s’il avait gagné ses deux finales de la saison, celle de la Ligue des Champions face au Real (perdue aux tirs au but) et celle de l’Euro face au Portugal. Ses 40 buts en 70 rencontres plaidaient pour lui.

Qu’importe, en remportant deux ans après la Ligue Europa, la même année que la Coupe du monde, il confirmait son inexorable montée en puissance, une régularité de tous les instants qui ne pouvait déboucher que sur un transfert record de 120 M€. Ses cinq années de Colchoneros l’ont transformé au point d’être la cible du Barça pour remplacer Neymar aux côtés de Messi.

« Je suis motivé pour être une légende de l’Atlético Madrid »

Deux ans et pas mal de frustrations catalanes après, son retour au Wanda Metropolitano n’a pas été du goût des supporteurs qui lui reprochaient de les avoir trahis. Mais, fidèle à lui-même, c’est sur le terrain qu’il a répondu aux nombreux sifflets. Après une première saison décevante, perturbée par une blessure, ses excuses publiques n’auraient pas suffi s’il n’avait pas rapidement retrouvé son efficacité, dans un style plus mature.

C’est un nouveau Griezmann qui s’exprime alors dans un rôle plus reculé, plus joueur et meneur de jeu qui sied bien aux caractéristiques d’une équipe dans laquelle il redevient rapidement indispensable.

Sans négliger sa casquette de buteur, il ajoute celle de meilleur passeur de la Liga en 2022/2023 (16 passes). Et alors que les contacts avec les clubs d’Arabie Saoudite se multiplient avant le Mondial au Qatar, à 32 ans, il envoie un signe fort à ses supporteurs dans Marca :

« Je suis motivé pour devenir quelqu’un d’important à l’Atlético, pour être une légende de ce club. J’ai beaucoup d’objectifs pour cette saison, notamment de remporter la Liga. J’en ai besoin. Je ne l’ai jamais fait. » A l’aube de dépasser Luis Aragones comme meilleur buteur de l’histoire de l’Atlético (173 buts), auteur d’un doublé le 19 décembre contre Getafe, il l’a égalé il n’était jamais apparu aussi déterminé. En fin de contrat en juin 2026, il savait ce qu’il lui restait à faire pour être considéré comme le meilleur joueur de l’histoire des Colchoneros.

Son bilan à l’Atlético Madrid (en cours) :

Vainqueur de la Ligue Europa (2018), finaliste de la Ligue des Champions (2016), vice-champion d’Espagne (2018 et 2019), meilleur buteur de l’histoire du club, avec 174 buts.

2019-2021 : Au FC Barcelone

« Il avait toutes les caractéristiques techniques, physiques et mentales pour s’imposer au Barça. Sauf qu’il n’y est pas arrivé au bon moment. Le club traversait une vraie crise et ne lui offrait pas un contexte favorable. Et cela n’a rien à voir avec Messi car Antoine n’a pas d’ego mal placé, il se met toujours au service de l’équipe comme il a si bien su le faire en équipe de France avec Mbappé. » Philippe Montanier analyse ainsi l’échec relatif du passage de son ancien joueur. Perturbée par la crise sanitaire, sa première saison fut sa plus mauvaise en championnat depuis dix ans, avant une deuxième plus conforme à son statut et qui lui aurait offert une première Liga sans un coupable relâchement collectif favorable… à l’Atlético Madrid. Son passage en Catalogne lui aura permis d’ajouter la Coupe d’Espagne à son palmarès.

Son bilan au Barça :

Vainqueur de la Coupe d’Espagne (2021), vice-champion d’Espagne (2020)

Depuis 2014 avec l’équipe de France

Si sa carrière en club a parfois connu des hauts et des bas, en sélection, par contre, depuis sa première cape en mars 2014 face aux Pays-Bas, jusqu’à sa 127ème face à la Grèce en novembre, sa trajectoire a été d’une exceptionnelle régularité. Joueur le plus utilisé par Deschamps, il est sur une série de 84 matches d’affilée, record mondial largement battu.

Meilleur passeur de l’histoire devant Henry et Zidane (26), le meilleur buteur de l’Euro 2016 (6 buts) est le 4ème buteur de l’histoire des Bleus (44 buts) juste derrière Mbappé (46), Henry (51) et Giroud (56), également 4ème en nombre de sélections derrière Giroud (129), Thuram (142) et Lloris (145) avec l’espoir de les coiffer tous (à l’exception de Mbappé), certainement après la Coupe du Monde 2026, sa quatrième. Pour Montanier, « à défaut d’être le meilleur, il est déjà le joueur le plus complet du monde. »

Son bilan avec les Bleus (en cours) :

127 sélections, 44 buts, 30 passes décisives Vainqueur de la Coupe du monde (2018), finaliste (2022), finaliste de l’Euro (2016), vainqueur de la Ligue des Nations (2021)

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