Voir cette équipe participer pour la première fois à la Coupe d’Europe est tout sauf une incongruité quand on sait à quel point le rugby géorgien monte en puissance.
Il ne faut pas avoir fait Polytechnique pour comprendre que le rugby géorgien est en nets progrès. Le président de la GRU (Fédération géorgienne de rugby à XV) le confirme sans fanfaronner :
« Le fait que les fans géorgiens s’attendaient à notre victoire dans le match contre l’Australie (défaite de la Géorgie 35 à 15, Ndlr) est déjà une victoire en soi et témoigne du haut niveau de professionnalisme, se félicite Ioseb Tkemaladze. En principe, avec cette génération et cette victoire de l’équipe nationale sur le Pays de Galles et l’Italie récemment, ils se sont déjà autoproclamés comme prétendants dans le monde du rugby. »
« On peut dire avec confiance que nous sommes sur la voie de devenir une équipe professionnelle de niveau élevé. Nous devons aussi observer leurs matches pendant la Coupe du monde. Je crois que les Lelos (surnom de la sélection géorgienne, Ndlr) montreront de plus en plus de stabilité dans le jeu au niveau professionnel ». En parallèle, les Black Lion, franchise géorgienne créée en 2021, font aussi leur bonhomme de chemin.
La destinée des Black Lion et de la sélection liée
Ils suivent la courbe ascendante de la sélection nationale. « Intrinsèquement, les Black Lion est un club professionnel calqué sur la sélection nationale, explique le président de la GRU. Ce club sert à renforcer la verticalité des hautes performances. En d’autres termes, les joueurs éprouvent ce ressenti de jouer pour la sélection nationale et cela décuple leurs forces. Il existe un vrai lien direct entre l’équipe nationale et les Black Lion. »
« Les jeunes en U18 et U20, qui font leurs preuves, auront la possibilité de jouer pour les Black Lion. Ils auront les mêmes entraîneurs que ceux de l’équipe nationale, ce qui renforcera considérablement leur valeur en tant qu’atouts futurs pour l’équipe nationale et les Black Lion. Cette donnée améliore grandement le développement du rugby géorgien dans son ensemble ».
La jeunesse est plus que jamais au centre du débat : « Les Black Lion offrent aux nouveaux arrivants potentiels cette possibilité de se mettre en valeur autrement que dans leurs championnats nationaux respectifs ou dans leurs équipes étrangères, où ils n’ont peut-être pas suffisamment d’occasions de jouer. Prenez le cas de Ivanishvili (3ème ligne, Ndlr). »
« Il a joué exceptionnellement bien ces derniers temps, et ce en rejoignant les rangs des Black Lion. C’est pareil pour les U20 qui démontrent un plus grand potentiel. A terme, ils apparaîtront plus fréquemment au sein des Black Lion et auront la chance de jouer contre les meilleurs clubs en Challenge Cup. Tout en sachant que le sélectionneur de l’équipe nationale (Maisashvili, Ndlr) peut les suivre de près ».
Le club mise sur un recrutement local
La priorité est également donnée aux locaux chez les Black Lion : « La question du recrutement à l’étranger s’est posée initialement, mais nous avons décidé de prioriser nos propres talents dans un premier temps. Nous avons également de nombreux éléments dans les clubs européens, et nous pouvons envisager leur retour à partir de la saison prochaine si le besoin s’en fait sentir. Nous ne rejetons donc pas la possibilité d’inviter des joueurs étrangers mais, pour l’instant, nous avons l’intention d’utiliser les ressources de nos propres joueurs ». Invitée à intégrer la Challenge Cup cette saison, la franchise de Tbilissi va
constituer une des grandes attractions de la compétition et se mesurera à Gloucester, aux Scarlets, à Castres et Clermont. C’est historique car pour la toute première fois une équipe géorgienne est placée sur la ligne de départ d’une compétition européenne d’un tel niveau. Le résultat d’un gros travail de fond et donc de la montée en puissance du rugby géorgien dont son équipe nationale comptait 15 joueurs sur 33 en provenance des Black Lion pour la Coupe du monde.