mardi 3 décembre 2024

Coupe du Monde : le Bleus relèvent le défi, malgré les forfaits et les incertitudes

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

L’aventure commence aujourd’hui pour l’Equipe de France, qui a rendez-vous à Clairefontaine. Parce qu’elle n’a jamais réussi à confirmer, d’une phase finale à l’autre, son statut de favorite, l’équipe de France réussirait le plus grand exploit de son histoire en s’imposant au Qatar, quatre ans après le triomphe de Moscou.

Avec un sélectionneur qui a une farouche tendance à transformer tout ce qu’il touche en or, une armada offensive qui fait baver le monde entier, un collectif qui a déjà gagné et a aussi appris à digérer les défaites les plus cruelles, deux Ballons d’Or en puissance dans leurs rangs et un 1er tour qui leur offre l’occasion de monter progressivement en puissance, les Bleus manqueraient de lucidité s’ils n’avaient pas l’ambition d’aller chercher une troisième étoile.

Mais, une fois ce constat idyllique établi, semblable en bien des points à celui qui avait été effectué avant les fiascos des Coupes du Monde 2002 et 2010, avec chaque fois le statut de favori inhérent à la victoire de 1998 et à la finale de 2006, force est de constater que le sens de l’histoire ne plaide pas en faveur des Bleus de 2022, héritiers de ceux qui avaient surpris le monde en 2018.

En quatre ans, certes, Mbappé a encore progressé au point de prétendre sérieusement au titre de meilleur joueur de la planète. Depuis, Benzema est revenu dans le groupe fort de ses exploits madrilènes et d’une course au Ballon d’Or qui l’a fait rajeunir et atteindre des sommets inédits.

Mais, pour le reste, entre les blessures à répétition qui ont perturbé dans des proportions exceptionnelles les derniers matches de préparation, les affaires extra-sportives qui ont défrayé la chronique (judiciaire pour Pogba et Le Graët, économique pour Mbappé) et les interrogations qui accompagnent la forme de plusieurs cadres jusqu’alors incontournables (Griezmann, Coman, Varane, Hernandez, Kanté…), les nuages s’accumulaient à mesure que se rapprochait l’échéance du 22 novembre, date du premier match, piège s’il en est, face à

l’Australie. La souvenir de la victoire laborieuse le 16 juin 2018 dans les mêmes conditions (2-1 grâce à un penalty et un csc), autant que le nul lénifiant qui suivit face aux mêmes Danois (0-0) rappellent que les Bleus sont culturellement rarement à leur aise dans les entames d’une compétition mondiale (défaites face à l’Italie en 1978, à l’Angleterre en 1982, au Sénégal en 2002, nul face au Mexique en 1966, à la Suisse en 2006, à l’Uruguay en 2010) avec seulement six victoires (dont deux avant-guerre) en 15 participations.

L’Équipe de France veut briser la malédiction du champion sortant…

Si la relative faiblesse du groupe offre un droit à l’erreur, et si l’expérience accumulée par le sélectionneur a de quoi rassurer les plus inquiets, l’élimination surprise par la Suisse lors du dernier Euro est venue rappeler la fragilité d’un collectif qui se cherche une identité depuis le sacre de Moscou.

Entre tâtonnements tactiques (3 ou 4 défenseurs ?), largesses défensives et Mbappé dépendance, les Bleus n’ont jamais vraiment maîtrisé leur affaire depuis quatre ans. Ni à l’Euro évidemment, ni pendant la Ligue des Nations malgré deux victoires en trompe l’oeil et un peu miraculeuses face à la Belgique (3-2 après avoir été menés 0-2 jusqu’à la 60ème minute) et l’Espagne (2-1 après avoir été menés 0-1 jusqu’à la 66ème minute).

Comme si, en se reposant sur le talent hors norme d’un Mbappé et la baraka parfois indécente d’un Benzema, le reste des troupes se relâchait inconsciemment. Il faudra davantage de permanence dans la performance et les efforts réalisés collectivement pour prétendre briser la malédiction des champions sortants.

Car si seulement deux pays ont réussi le doublé depuis la première édition (Italie 19341938 et le Brésil 1958-1962), depuis 2010, tous les champions du monde en titre ont été éliminés dès le 1er tour quatre ans plus tard (Italie, Espagne, Brésil et Allemagne… qui ont rejoint la France de 2002) ! Dans des conditions climatiques et un contexte qatari très particulier qui risquent de niveler les valeurs (ou pas), les Bleus seraient bien inspirés de ne pas faire de faux départ.

Eux qui restaient en compétition officielle (Ligue des Nations) sur une série inédite sous l’ère Deschamps d’une seule victoire (face à l’Autriche) sur leurs six derniers matches (deux nuls en Croatie et en Autriche et trois défaites dont deux face au… Danemark !). Faut-il en rajouter encore pour espérer que la bande à Mbappé n’arrive pas au Qatar en terrain conquis ?

Son calendrier

22 novembre : France Australie à 20h

26 novembre : France Danemark à 17h

30 novembre : France Tunisie à 16h

Comment la France s’est elle qualifiée ?

Invaincus dans le groupe D, les tenants du titre ont tout de même bataillé pour assurer la 1ère place, après avoir concédé deux nuls face à l’Ukraine, son dauphin. Malgré un autre nul à domicile face à la Bosnie, les deux victoires face à la Finlande ont suffi pour enchainer une 7ème participation d’affilée à la phase finale.

Le joueur à suivre : Benzema, un joueur en or

Le Ballon d’Or 2022 a perdu tellement de temps avec l’équipe de France, dont il a été exclu pendant cinq ans, pour appréhender cette Coupe du monde avec un énorme esprit de revanche et la volonté de marquer l’histoire. Quart de finaliste en 2014, non sélectionné en 2018, le Madrilène sait qu’il s’agit là de sa dernière occasion de remporter un trophée majeur avec les Bleus.

Le chiffre : 142

Pendant cette Coupe du monde, Hugo Lloris deviendra le joueur français le plus capé de l’histoire. Le gardien de Tottenham devait débuter la compétition avec 139 sélections, à trois capes du recordman, Lilian Thuram (142).

Notre pronostic

Le couac du dernier Euro, compensé en partie par sa victoire lors de la dernière Ligue des Nations, n’est peut-être qu’un accident pour une sélection formatée pour les grands rendez-vous et qui fera tout pour ne pas laisser passer l’occasion d’aller accrocher une troisième étoile à son palmarès. Il faudra tout de même que les planètes s’alignent pour permettre à une sélection riche de ses individualités de renverser cet hiver la tendance dépressionnaire de cet automne.

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