Dans ce cyclisme moderne, à l’ère des réseaux sociaux toujours plus envahissants, en parallèle les fan-clubs existent. Et il n’y a pas que Thibaut Pinot qui a le sien…
Pour tous les amoureux de cyclisme, le fan-club permet d’établir un lien avec leur champion préféré. Certains coureurs comme Benoît Cosnefroy (Decathlon AG2R La Mondiale), Arnaud De Lie (Lotto Dstny), pour ne citer que quelques noms sont suivis assidûment. La championne française Marie Le Net (FDJ-Suez) a aussi son fan-club depuis environ cinq ans « Tous avec Marie Le Net ». Juliette Labous (Dsm-Firmenich PostNL), la récente championne de France sur route, 4ème du chrono des Jeux Olympiques, réfléchit sérieusement à la question :
« Je n’ai pas à ce jour de fan-club officiel. En Franche-Comté, on est assez réservés de nature voire même assez casaniers. On l’a bien vu avec Thibaut Pinot. Cela s’est bien passé, mais un petit peu sur le tard. Je m’attends à voir énormément de monde sur le Tour de France féminin (entre le 12 et le 18 août, Ndlr) notamment sur l’étape de Morteau (6ème étape, le 16 août). J’aurai mon virage normalement. Cela devrait être assez fabuleux. Mais toujours pas de fan-club officiel ».
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« On a des gens qui sont près de nous depuis plus de 40 ans » (Madiot)
Manager de la Groupama-FDJ, Marc Madiot est aussi le président du club de supporteurs de l’équipe cycliste ! « Le club des supporteurs de l’équipe existe depuis 1997. Personnellement, avec mon frère (Yvon, Ndlr), on avait un club depuis le début des années 80. On a transposé ce qu’on avait au niveau individuel en un club de supporteurs d’équipe. C’est une des premières choses que j’ai voulu mettre en place quand on a fondé l’équipe ».
Le mode de fonctionnement est bien distinct :« Le club est très structuré et compte environ 1000 inscrits payant leur cotisation. Sur l’année, il y a des rendez-vous ponctuels lors de différentes épreuves. Les supporteurs sont présents en particulier sur des championnats de France et dans les régions. Il y a aussi de petits cocktails d’organisés et des moments d’échanges entre les coureurs et les supporteurs. »
« Dans les hôtels où nous passons les veilles de course en général. Bref, il y a pas mal de rendez-vous pendant la saison. On a des gens qui sont près de nous depuis plus de 40 ans. Cela fait partie de l’ADN de l’équipe. J’aime bien le lien direct avec nos supporteurs. Les coureurs connaissent les supporteurs au moins de vue. Ce qui est bien différent sur les réseaux sociaux. Les coureurs savent alors qu’il y a des gens qui les aiment ».
Les fans clubs prennent de l’épaisseur
Axel Mariault de chez Cofidis détaille le phénomène qui a pris de l’ampleur avec le fan-club de Thibaut Pinot qui a mis le feu au Tour 2023 : « La dernière saison de Thibaut a amplifié le processus. On a vu aussi cela avec Romain Bardet récemment sur le Tour en guise d’hommage à sa carrière. Les gens se rendent compte que même si c’est un détail sur une course, cela peut prendre de l’ampleur et demeurer un soutien de taille pour un coureur. C’est amené à se développer. Cela donne aussi une bonne image du vélo à condition que cela reste encadré et raisonnable sans que ce soit le bazar ».
Le natif de Liffré de 26 ans a lui aussi ses fans : « J’ai surtout un groupe de copains qui se déplacent pour venir me voir sur des courses. Avec le virage Pinot l’an dernier sur le Tour, j’avais un copain qui en faisait partie. Il avait trouvé cela super. Ces mêmes copains étaient venus sur le Lombardie en fin de saison. Mais là où le phénomène s’est amplifié pour moi cela a été sur le championnat de France à une heure de route de chez moi. Certaines personnes avec l’appui de mon entourage ont organisé certaines choses en secret. Une courbe à mon nom. »
« Ils portaient des tee-shirts et étaient venus sur la course en mettant l’ambiance avant l’arrivée. Ils avaient même mis une sono. Même les coureurs du peloton avaient été un peu surpris. Ils devraient encore être présents sur la Polynormande. C’est fun. C’est une motivation supplémentaire sur la course. On n’a pas envie de les décevoir. A chaque fois ce sont de superbes souvenirs. On tisse des liens forts car elles prennent de leur temps ».
Néanmoins, le 6ème de la dernière Cadel Evans Great Ocean Road Race établit certaines différences entre les organisations de soutien : « Il y a des fan clubs comme celui de Guillaume Martin par exemple. C’est davantage traditionnel que pour moi. Les gens ne se déplacent pas forcément sur les courses, mais il y a par exemple un repas d’organisé en fin d’année dans une salle des fêtes. Concernant mon fan-club c’est davantage pour mettre l’ambiance sur la course. Certains ont un fan-club, mais ne connaissent pas 90% des gens qui en font partie. Moi je connais tous les gens qui me suivent. Dans un milieu où on se sent souvent seul, il est toujours bon d’être épaulé ».
Steve Chainel, lui, est un consultant très populaire officiant sur Eurosport. Quand on lui parle de fan- club, il a bien connu le processus pendant sa carrière sportive : « J’ai été un des premiers coureurs en cyclo-cross à avoir un fan-club. Il y avait à l’époque un club de supporteurs bien ancré dans les Vosges. Dès mon premier championnat du monde à Zolder, j’étais espoir, mon père issu du football ne connaissait rien au vélo. Il avait décidé de faire un bus et une asso. Derrière, le club de supporteurs de Steve est né. Ils se déplaçaient avec des manteaux rouges. »
Des bandes de copains qui suivent les équipes
« Paix à son âme, Christophe Thomas était allé chercher des sponsors pour payer les déplacements. A la base, c’était une bande de copains. Progressivement, il y a eu quelques suiveurs. Une communication s’est ensuite faite autour de mes performances ».
Et le champion de France de cyclo-cross 2018 d’ajouter : « Chaque fan-club a son mode de fonctionnement. C’est la même chose quand tu prends les Ultras Parisiens du PSG et ceux du Stade de Lorient par exemple. Les enjeux sont différents. En vélo, c’est pareil. Il y a des fan- clubs très structurés qui veulent faire des déplacements et pousser l’athlète. »
« Et puis il y a les bandes de copains. A l’instar du foot, quand tu t’arrêtais sur les Ultras Pinot, tu avais envie de les rejoindre car tu savais que tu avais une bonne ambiance. Ils sont fous (sourire) et présents pour mettre le feu. Quand tu es sportif de haut niveau, tu aimes naturellement le sport. Et des ambiances de stade, il n’y en a pas tant que cela ». Dans l’effort et quand la sueur coule, tout réconfort est forcément le bienvenu et dépoussière un peu l’image de la petite reine.