samedi 20 avril 2024

Cyrille Guimard : « La France est larguée en matière de formation »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

À 74 ans, Cyrille Guimard demeure un personnage incontournable du cyclisme français. L’ancien coureur et directeur sportif à succès, éphémère sélectionneur de l’Équipe de France entre 2017 et 2019, n’a jamais cessé d’être une force de proposition, et de contestation.

En 2020, le peloton a été dominé par une nouvelle génération de jeunes coureurs de moins de 23 ans. Qu’est-ce que cela dit de l’évolution du cyclisme mondial ?

Voir des potentiels aussi importants parvenir à s’exprimer et à gagner les plus grandes courses est une bonne nouvelle pour le vélo sur le plan mondial. Et je m’en réjouirais si c’était aussi le cas en France. Or, nous ne sommes pas invités.

Pour quelles raisons ?

Elles sont d’ordre politico-structurelles. A force de se regarder le nombril et de faire preuve d’autosuffisance, le vaisseau France a perdu de sa superbe. Pourtant, il faut se souvenir qu’entre 1975 et 1986, les Français ont gagné 9 Tours de France, avec en plus des vainqueurs comme LeMond et Van Impe, formés en France et qui gagnaient dans des équipes françaises.

Aujourd’hui, nous n’avons que quelques arbres pour cacher la forêt. Et encore, Julian Alaphilippe a fait toute sa carrière dans des équipes étrangères ! L’âge d’or du cyclisme français est loin et je ne vois aucune raison de croire qu’il peut revenir.

« Aucun coureur Français n’est en position de jouer autre chose que le podium du tour »

La faute à qui ?

Nous sommes en France dans un système qui ne nous permet pas d’évoluer, de nous remettre en cause. La Fédération a un gros problème structurel. Or, c’est d’elle que doivent venir les innovations, notamment en matière de formation où nous sommes largués et donc incapables d’avoir des jeunes de 20 ans prêts à en découdre avec les meilleurs. Ce système est inadapté.

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Que faudrait-il faire pour changer les choses ?

Repartir de zéro pour faire en sorte que le cyclisme appartienne enfin aux clubs, aux licenciés, aux organisateurs… alors que le seul droit qu’ils ont aujourd’hui est de payer pour appartenir à une fédération qui est déconnectée de la réalité des équipes professionnelles comme des clubs amateurs. J’en veux pour preuve la décision prise par la Fédé d’interdire toutes les courses de cyclo-cross quand bien même la gouvernance de la Covid-19 le permettait !

Le cyclo-cross qui est le dénominateur commun de tous les champions en devenir…
Les meilleurs viennent de là. En France, nous n’avons qu’Antoine Besnoit capable de rivaliser en Coupe du monde et il est dans une équipe belge ! Lorsque j’ai abordé le problème avec les responsables fédéraux il y a deux ans, on m’a répondu que le priorité était le cyclisme sur piste…

Le prochain coureur français vainqueur du Tour de France n’est donc pas pour demain…

Je suis réaliste. A terme, aucun n’est en position de jouer autre chose qu’un podium, au mieux. Nous avons de bons coureurs avec une bonne marge de progression comme Cosnefroy, Gaudu, Madouas, un Alapahilippe très performant sur les Classiques, Martin, Pinot ou Bardet plutôt en fin de carrière. Mais de là à gagner le Tour…

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