La remontée du HAC en Ligue 1 cette saison s’explique aussi par le dynamisme d’une formation qui s’appuie sur un centre d’entraînement, la Cavée verte, classé deuxième meilleur de France par la FFF en 2022.
Entre l’Olympique Lyonnais (1er) et le PSG (3ème), si Le Havre (2ème) s’est une fois de plus invité à la table des grands, c’est grâce au travail effectué par tous ses éducateurs au sein d’un centre de formation dirigé par François Rodrigues (un ancien du PSG) depuis 2018 dont le budget de fonctionnement, proche des 5 M€, permet d’accueillir 230 jeunes footeux, 95 pour l’école de football, 40 à la préformation et 95 à la formation dont 39 internes. Crédité d’une note de 4/5 sur la base de cinq critères immuables (professionnalisation, temps de jeu en équipe une, sélections nationales, scolarité et représentation européenne), La Cavée compte parmi ce qui se fait de mieux actuellement en France.
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Une sélection encore plus drastique
La saison passée, sur les 31 joueurs de l’effectif de Luka Elsner en L2, 12 en étaient issus, après avoir signé leur premier contrat pro, ce qui est devenu une habitude, à un rythme moyen de 3,5 par saison.
Sur les cinq dernières saisons, 48% du temps de jeu de l’équipe pro a été effectué par des joueurs formés au club, les plus emblématiques étant Sangante et Lekhlal, l’actuel et l’ancien capitaine. Cette saison, pour le retour en L1, 10 ont été intégrés au groupe pro, qui ont entre 17 et 21 ans ; Gomis, Sangante, Kechta, Bodmer, Ebonog, Bentoumi, Ngoura, Logbo, Joujou et Casimir.
Pour le cinglant succès face à Lorient lors de la 4ème journée (3-0), trois étaient titulaires (Sangante, Kechta et Logbo) alors que Joujou, sur le banc, délivrait deux passes décisives après son entrée en jeu. Sur le site officiel des Ciel et Marine, François Rodrigues ne voulait surtout pas sous-estimer cette réussite :
« Etre deuxième, derrière l’intouchable OL, ça veut dire beaucoup. Les gens ne se rendent pas compte. Très modestement, c’est une performance incroyable. Avec des moyens extrêmement limités, c’est d’être capable de rivaliser avec les meilleurs. »
Au-delà des moyens financiers qui permettent de placer les jeunes joueurs dans les meilleures conditions, surtout d’attirer également les plus doués de leur catégorie, c’est bien la philosophie havraise qui fait la différence, celle des éducateurs en charge de la formation évidemment, mais aussi, et peut-être surtout, celle des pros.
Le HAC juste derrière la formation de l’OL
« Aujourd’hui, ne peut être à la tête de l’équipe première qu’un entraîneur ayant un œil très avisé sur ce qui se fait à la formation », insiste Rodrigues. Malgré des résultats décevants, Paul Le Guen était dans ce registre. L’ancien coach du PSG n’hésitait par exemple pas à appeler le proviseur d’un collège pour défendre la cause d’un pensionnaire du centre qui avait été exclu pour indiscipline, en l’occurrence, l’actuel Lorient Isaak Touré ! Luka Elsner n’agit pas différemment qui joue le jeu… en donnant du temps de jeu aux plus jeunes. Pour eux, désormais en L1, la marche à franchir s’avère plus haute.
Cela va donc obliger les formateurs à élever aussi leur niveau d’exigence pour ne pas assécher la passerelle avec les pros. Ça passe par l’amélioration perpétuelle des installations de nouveaux travaux sont prévus pour moderniser la Cavée verte et rénover ses terrains -, et une sélection encore plus drastique.
A terme, si les coéquipiers de l’étonnant Sangante pérennisent leur présence en Ligue 1, les effectifs du centre devront diminuer. Toujours sur le site du club, le directeur sportif, Mathieu Bodmer, expliquait l’inéluctable évolution « pour se concentrer un peu plus sur le développement personnel, travailler davantage sur le perfectionnement individuel. » Chez les jeunes, c’est en privilégiant la qualité à la quantité que le doyen espère s’installer durablement en L1.
Tom Boissy
