Un nouveau chapitre s’ouvre à l’USAM Nîmes Gard. Avec l’arrivée de Ljubomir Vanjes et un remaniement de l’effectif, le club entend se frayer un chemin jusqu’au plus haut niveau. David Tebib, le président, espère se faire une place durable dans le top 5 avant de conquérir l’Europe. Entretien pour Le Quotidien Du Sport et Handball magazine.
Ljubomir Vranjes est arrivé cet été. Il était le meilleur entraîneur du monde en 2014. Vous attendez-vous à passer un cap avec lui ?
Ce que j’attends de Ljubomir Vanjes, c’est bien sûr qu’il mette son expertise au service de tout le club pour le faire grandir dans son ensemble. L’USAM Nîmes Gard, c’est 600 licenciés, 400 garçons, 200 jeunes filles, une section féminine qui voit le jour à la rentrée, en entente avec Marguerrites. Evidemment, l’idée, c’est de l’intégrer à tout le dispositif du club. Bien sûr, spécifiquement la section masculine professionnelle.
Ça a déjà commencé depuis son arrivée. On est dans le très haut niveau. Il s’attache à chaque détail. Il veut faire progresser les joueurs individuellement, mais aussi au service d’une idée collective forte, basée sur l’aspect défensif. D’ailleurs, aujourd’hui, nous ne travaillons que sur l’aspect défensif. C’est intéressant pour lui parce qu’il y a aussi un enjeu fort en termes de valeurs. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi Nîmes.
Il avait des propositions en Allemagne et dans d’autres clubs. Il a choisi Nîmes, non pas pour l’aspect financier, mais pour l’aspect familial qui lui rappelle certainement Flensburg et l’envie de relever un défi avec des joueurs de grande qualité. Il aime beaucoup les jeunes joueurs à fort potentiel, comme Ahmed Hesham et les pépites que nous avons. Il a envie de faire grandir le club et de prendre beaucoup de plaisir.
David Tebib confiant sur l’apport de Vanjes
Vous avez deux nouveaux gardiens, Alexandre Demaille et Joze Baznik..
Ils savent qu’ils arrivent derrière un joueur (Rémi Desbonnet, Ndlr) qui a marqué l’histoire du club. J’attends un gros travail de Gabriel Bourguignon, le coach des gardiens, pour les faire progresser et les faire évoluer. J’ai discuté de ce sujet avec Ljubomir, il a envie de mettre en place un système de défense, avec le contre.
On perdra sur la montée de balle et le jeu rapide puisque Rémi était pour moi le meilleur d’Europe en termes de relance, mais nous aurons d’autres armes. Nous n’avons pas un numéro un et un numéro deux comme pendant très longtemps, mais deux numéros un qui vont se challenger avec des caractéristiques différentes. Plutôt un puncher avec José, un peu plus classique avec Alexandre. J’ai confiance en eux et je suis sûr qu’ils vont faire de belles choses.
Il y a une vraie rivalité entre Nîmes et Montpellier. N’est-ce pas trop compliqué de voir Rémi Desbonnet partir là-bas ?
Il y a une rivalité territoriale même s’il y a aussi nos amis toulousains qui font maintenant partie de la région Occitanie et qui ont un très bon club. Il est évident qu’un USAM-Montpellier, ce n’est jamais anodin. Pour eux comme pour nous, je pense.
Ensuite, Rémi Desbonnet a fait le choix de retourner à Montpellier après avoir vécu de grands moments et une belle progression à Nîmes. Il a rejoint l’équipe de France à la fois grâce au travail du club et de Gabriel Bourguignon, à la fois grâce à son immense travail. C’est un bosseur comme j’en ai rarement vu en dix ans. Il a voulu partir pour un nouveau cycle, une nouvelle aventure. Je lui souhaite évidemment le meilleur et qu’il continue à progresser et à grandir. Nous, on s’occupe de nous.
« Il est quelquefois plus difficile de gagner un match de championnat que de coupe d’Europe »
Certains parlent d’une nouvelle ère à Nîmes. Est-ce justifié selon vous avec tant d’arrivées et de départs ? Je préfère parler de nouveau chapitre. Le livre de l’USAM Nîmes a commencé à s’écrire en 1960. Nous avons clôturé un chapitre la saison dernière et nous en ouvrons un nouveau avec un coach qui est là pour un petit moment (pour quatre ans, Ndlr) et de nouveaux joueurs qui arrivent avec des ambitions.
J’espère que l’histoire démarrera bien, nous avons un championnat très mouvementé avec la réception de Paris, un déplacement à Dunkerque, la réception de Saint-Raphaël et de Chambéry. Je crois que le mois de septembre sera un petit sprint à l’intérieur de ce long marathon qu’est le championnat. Nîmes ne jouera pas de Coupe d’Europe cette saison.
Une qualification européenne est-elle votre priorité n° 1 ?
J’étais déçu pour ce groupe qui a terminé en boulet de canon avec huit victoires en neuf matches, un jeu retrouvé, un véritable ADN. J’ai été très triste pour les joueurs pendant une journée. J’ai eu besoin de ce temps pour me retourner et passer à autre chose. Le coach l’a abordé d’une manière plus positive. Il était content d’avoir plus de temps pour construire son effectif et mettre en place une ligne conductrice. Mais Nîmes a l’intention de retrouver la Coupe d’Europe dès cette saison.
Il faudra travailler dur et trouver des résultats dans un championnat encore plus difficile, encore plus incertain, avec des équipes qui se sont bien renforcées. Les places seront très chères. Je crois qu’il est quelquefois plus difficile de gagner un match de championnat que de Coupe d’Europe. C’est dire à quel point le niveau du championnat est élevé.
« Les recrues connaissent dès leur arrivée les valeurs du club »
Vous dîtes souvent que Nîmes est un club familial. Quelles sont concrètement les valeurs que vous tentez de préserver dans le club ?
La première chose que l’on dit aux joueurs qui arrivent, c’est que nous avons des valeurs portées depuis 1960, qui sont courage, honneur, combativité, solidarité. Ces mots-là résonnent dans notre club et résonnent dans notre société plus que jamais.
Nous étions l’un des rares publics de France où on applaudit autant un retour et un repli défensif qu’un but ou une passe. C’est dire à quel point ces valeurs de combat, d’abnégation sont ancrées dans notre ADN. J’essaie d’être un manager humaniste. Nous sommes peut-être un club un peu particulier.
Il y a 10 ans, le club remontait dans l’élite. Pensez-vous pouvoir intégrer durablement le Top 3 ou est-ce encore trop ambitieux ?
Nous avons encore des marches à franchir. Je crois qu’il faut vraiment s’installer durablement dans le top cinq pendant les deux saisons à venir avant tout. Ce championnat est très difficile.
Ensuite, continuer à faire de bons parcours en Coupe d’Europe et Coupe de France pour, après deux ou trois ans de maturité, viser le podium. C’est à ce prix-là que nous continuerons à progresser jusqu’à notre objectif, qui est la Ligue des Champions.
Il y a 30 ans, le club décrochait son dernier titre de champion. Des choses sont-elles prévues et estce utopique de revoir le club champion à moyen terme ?
En ce qui concerne les 30 ans du titre, on va travailler là-dessus pour toujours s’en rappeler et préserver la mémoire de nos anciens. Je parle souvent avec Alain Porte, pour qui j’ai beaucoup de sympathie, qui représente tellement de choses pour ce club. Peut-être qu’il y aura des idées autour de cela. Il y aura des événements, comme il se doit.
Ensuite, vous savez, j’ai co-écrit un livre qui s’appelle « Tout est toujours possible », avec Valérie Rossellini. Donc je suis convaincu que tout est toujours possible. Ça fait une décennie aujourd’hui que je suis à la tête de ce club. Donc j’espère que l’on pourra gagner des choses pendant la suivante.
« Je pense à bien m’entourer avec des personnes formidables »
Comment passe-t-on de la vente de magnétoscope et de la gestion d’un vidéoclub à la présidence d’un club et de la Ligue de handball ?
Beaucoup de travail, de remise en question et d’humilité. Ce n’était pas évident compte tenu de mes origines, compte tenu de mon background, de réaliser ce parcours. Il n’est pas terminé et il y a encore plein de choses à faire. Mais le travail et ma curiosité intellectuelle m’ont permis de relever un certain nombre de défis.
Vous avez aujourd’hui plusieurs casquettes, en tant que président du club, entrepreneur et vice-président du bureau de la Ligue. Comment arrivez-vous à cumuler ces deux rôles ?
D’abord, en me levant à 4h30 tous les matins, et en terminant à 23h. Ça me laisse une plage horaire plus importante. Aussi, en étant très bien entouré. C’est ce qui me permet de travailler. Je pense à mon épouse, je pense à mon associé, à tous les proches que j’ai au club et à la Ligue, à toutes ces personnes formidables. Le principal, c’est de savoir bien s’entourer, avec des gens compétents avec qui on est en phase au niveau des valeurs.
Propos recueillis par Benjamin Moubeche