Candidat à la présidence de la LFP, dont les élections sont programmées le 10 septembre, l’ancien président de l’OM* (finaliste de la Coupe de l’UEFA en 2004), a deux priorités : rendre le football plus attractif pour mieux séduire les téléspectateurs et diffuseurs, et revoir le contrat signé par la LFP avec CVC.
Si vous êtes élu, quelles seront vos priorités ?
La première priorité est de rendre le football plus attractif. Si les gens se désintéressent du football à la télévision, c’est parce qu’il manque pas mal de choses… Ce n’est pas très « glamour », ça manque d’histoire, ça manque de spectacle… Il faut revoir complètement le produit télévisuel. Il faut revoir la façon de filmer le football, de raconter des histoires, c’est très important. Aujourd’hui, le produit que l’on veut vendre aux télévisions, il est devenu trop basic. Trop aseptisé. Il faut fabriquer un produit, avec les joueurs, les entraîneurs, les clubs, où on puisse raconter quelque chose d’autre que le simple déroulement d’un match.
Ça passe par un investissement des clubs…
C’est un accord qu’il faut trouver avec les joueurs, les entraîneurs, de façon à ce que l’on donne plus de vécu. Quand on regarde d’autres sports, on a du vécu. On a des échanges… La Formule 1 par exemple, ce n’est pas très agréable à regarder, sauf qu’on a les dialogues entre les pilotes et les écuries, et plein d’autres choses qui s’ajoutent pour améliorer le spectacle. Le football s’est laissé un peu aller. Le spectacle a baissé, il faut rendre un match plus attractif, il faut raconter autre chose. Entre deux matchs, il faut raconter autre chose que les matchs, pendant le match aussi, il faut raconter autre chose que le match.
« Quand on regarde le Tour, on est au coeur du peloton. Il faut trouver une solution pour que l’on soit au coeur du match »
En basket, au hand ou au volley, quand il y a des temps morts, on a des caméras à l’intérieur. Ça donne du sens, ça donne envie de regarder pour en savoir davantage. Ça raconte une histoire. Le football, c’est plat. Ça dure 90 minutes, on marque des buts et puis voilà. L’époque a changé. Le football est en compétition avec d’autres divertissements, le principal étant Netflix. Il faut dire autre chose, scénariser… C’est un gros effort à faire.
Faut-il en passer par l’évolution des règles du jeu ?
Non… Certaines règles ont déjà évolué pour améliorer la qualité des matchs… Sanctionner les tirages de maillot, décompter les minutes, et d’autres encore, mais ce n’est pas suffisant. On n’est pas au coeur du match quand on regarde un match de football à la télévision. Il faut arriver à trouver des solutions, et il y en a. Je regarde le Tour de France et quand on regarde le Tour, on est au coeur du peloton. Il faut trouver une solution pour que l’on soit au coeur du match.
Est-il encore possible de renégocier les droits accordées à DAZN ?
Disons qu’on est mal parti pour le renouvellement des Droits TV au delà des deux ans. Mais ce que je vous dis là, c’est du moyen terme, ce n’est pas du court terme. Le problème du football, c’est qu’on s’est contenté du court terme. On s’est contenté de prendre le cash. Il faut donner aux diffuseurs quelque chose de fort.
« Le problème du football, c’est qu’on s’est contenté du court terme. On s’est contenté de prendre le cash »
En parlant vulgairement de « prendre le cash », vous évoquez aussi le fameux contrat CVC…
C’est l’autre priorité. Il faut absolument revoir le contrat CVC. Il faut le faire par la discussion, la négociation.
Le contrat est blindé de toutes parts, ça ne vas pas être simple…
Si c’était simple, tout le monde le ferait. Mais il faut y aller, parce que le contrat CVC, c’est une catastrophe. Il faut trouver des solutions. Non pas pour en sortir, ce serait illusoire. Mais trouver un meilleur arrangement pour que le football français ne soit pas à vie tributaire d’un fond financier.
Aujourd’hui Vincent Labrune affiche une certaine confiance, on parle beaucoup du très médiatique Cyril Linette, sans parler du député Karl Olive, vous pensez qu’il y a une place pour vous…
Oui, complètement. Par rapport aux deux que vous avez cité, j’ai d’autres choses à faire valoir. Une certaine expérience. J’ai vendu des droits à l’international pendant dix ans, ça compte aussi. Il faut être imaginatif, travailleur, ce sont des choses que je sais faire. Je ne redoute pas la bataille. Mais encore faut-il être qualifié pour la bataille et pour l’instant, c’est ça l’enjeu.
Comment se déroule l’élection ?
Dans un premier temps, il y a une assemblée générale élective qui élit les membres du conseil d’administration. Le conseil d’administration élit un président qui doit être validé par l’assemblée générale. Pour être élu au conseil d’administration en tant qu’indépendant, il faut avoir deux parrainages. Donc vous passez des auditions, ce que j’ai fait ce matin.
Qui décerne ces « parrainages » ?
Il y a le syndicat des clubs professionnels, qui doit définir un parrainage et l’union des acteurs du football français (UAF), qui regroupe les syndicats des joueurs, entraîneurs, personnels administratifs, médecins, qui peut donner un autre parrainage.
Ils peuvent parrainer plusieurs candidats ?
Autant qu’ils veulent, mais visiblement, ce n’est pas ce qu’ils souhaitent. Ils veulent donner des parrainages de façon plus limitée.
Vous êtes confiant ?
Est-ce que j’obtiendrais, ces parrainages ? Je n’en sais rien… C’est le grand mystère de ces élections.
*Président de l’OM entre 2002 et 2004 (avec une finale de Coupe de l’UEFA à son actif), Christophe Bouchet a aussi été membre du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel et membre du conseil d’administration du G14 (qui regroupait les 14 plus grands clubs européens). Egalement maire de Tours entre octobre 2017 et juillet 2020, l’homme de 61 ans est resté quatre ans, à la tête de Sportive, l’agence de marketing sportif de Lagardère Sports. Il possède également la société Goald, où il officie en tant que consultant en stratégie et marketing du sport.
