vendredi 19 avril 2024

Elohim Prandi (Paris-SG Hand) : « J’ai passé un cap »

À lire

Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

L’arrière gauche du PSG Elohim Prandi (24 ans) a pris une autre dimension en ce début de saison. Victime d’une grave agression le 31 décembre 2021 (6 coups de couteau dans le dos), l’international français, élu joueur du mois d’octobre en StarLigue, est de retour et par la grande porte. Entretien réalisé pour Handball Magazine et Le Quotidien du Sport.

Vous avez inscrit 14 buts contre Dunkerque, votre record. Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un palier cette saison ?

Je me sens bien et c’est certain que j’ai passé un cap. Je sais clairement où je veux aller, je vais me donner les moyens d’y être, ça passe par de la régularité et de très grosses performances.

A quel niveau avez-vous passé un cap ?

J’ai grandi. J’ai pris de la maturité, handballistiquement parlant également. Je travaille sur mes shoots, encore plus sur la compréhension du jeu, sur pleins de détails. Je suis au top de ma forme.

Avez-vous travaillé des choses plus particulièrement ?

Oui, physiquement, mes capacités de tonicité et d’explosivité, mes shoots. Avec les gardiens, on se met des défis. C’est primordial pour nous tireurs d’améliorer notre précision. C’est un tout, mais la confiance est primordiale et je sais que j’ai confiance en moi et je ne doute pas.

Vous dîtes savoir où vous voulez aller. C’est-à-dire ?

J’ai envie de gagner le plus de titres possibles, et pas seulement une fois. Je pense également toujours à l’équipe de France.

Le titre de meilleur buteur du championnat fait-il partie de vos objectifs cette saison ?

C’est compliqué car je ne tire pas les penaltys. Je suis néanmoins bien placé. Je ferai le maximum, et ce serait super, mais je ne pourrai pas mettre 14 buts à chaque match ! (rires)

Votre agression le 31 décembre dernier vous fait-elle voir le handball différemment ?

Ça m’a permis aussi de me remettre en question, de voir où je voulais aller, ce que je devais mettre en place pour y arriver. Sur un terrain, c’est rigueur, régularité et être décisif dans les moments importants. J’ai envie d’être un grand joueur et c’est là qu’on voit les grands joueurs. Cet épisode a été un moment dur mais, au final, ça a été un mal pour un bien.

« J’ai envie d’être un grand joueur et c’est dans les moments décisifs qu’on voit les grands »  

Quand vous avez signé au PSG en 2020, vous étiez très attendu…

On m’a mis très haut médiatiquement. Je passais du Nîmes à Paris qui trustait les titres et les Final Four, avec de super stars. A Nîmes, j’avais des responsabilités, mais on n’était pas du tout sur la même dimension. Il m’a fallu un peu de temps, c’est une réalité, mais mieux vaut tard que jamais et j’ai envie de répondre au standing que je revendique.

Avez-vous eu l’impression que le PSG se posait des questions vous concernant ?

Je pense qu’il s’attendait à largement mieux, que je sois plus décisif, plus important. Maintenant, quand j’arrive, il y avait quand même Mikkel Hansen, Nedim Remili, Niko Karabatic… Luc Steins est aussi arrivé et a pris une place importante. Passer derrière ces joueurs qui ont des années d’expérience au plus haut niveau mondial, c’est compliqué. C’est une question de temps. J’aurais pu y arriver plus tôt, mais c’est comme ça.

Avez-vous douté ?

Bien sûr ! A des moments, on se demande si on a le niveau pour jouer dans un tel club. A Nîmes, même si je ne jouais pas la Ligue des Champions, je jouais la Coupe d’Europe et je n’avais pas ce problème-là. J’ai pris le temps de travailler, encore et encore, et de prendre mon mal en patience.

« Le choix ne m’appartient pas d’être au mondial »

Avez-vous été déçu de ne pas être appelé en équipe de France contre la Lettonie et l’Italie ?

J’ai discuté avec Guillaume (Gille). Il avait ses raisons. Ça me pousse à travailler encore plus.

Comprendriez-vous, après votre début de saison, de ne pas être dans la liste pour le Mondial ?

Le choix ne m’appartient pas. Tout ce qui m’appartient, c’est ce que je fais sur le terrain.

Entre vous et les Bleus, à part une participation à l’Euro 2020 (14ème), ce sont des rendez-vous ratés…

J’ai raté des moments super importants, le Mondial à cause d’un problème à l’épaule, le TQO à cause de la cheville. C’est super frustrant et ça fait péter les plombs. Ensuite, je traîne une pubalgie pendant deux mois et demi et j’arrive à la prépa des Jeux gêné, ce qui m’empêche d’être vraiment à 100%. Il m’arrive après ce qui m’est arrivé… C’est très frustrant, mais ma mère me dit souvent qu’il n’y a pas de hasard dans la vie. J’ai pris du temps pour me reconstruire et pour me réorienter pour toucher ce très haut niveau. Je suis sur le bon chemin.

Avez-vous un préparateur mental ?

Non. J’ai une maman qui est très dans l’humain, ça me permet aussi de discuter. J’ai aussi des gens que je considère comme ma famille, qui m’ont fait m’ouvrir à moi-même, qui m’ont fait découvrir d’autres facettes de ma personnalité. Au final, j’ai compris que c’est moi qui avais les cartes entre les mains.

«  Je joue dans un des meilleurs clubs du monde »  

Partir à l’étranger ne serait-il pas dans l’ordre des choses ?

Un jour, peut-être, mais je joue dans un des meilleurs clubs au monde et j’ai l’objectif de gagner la Ligue des Champions avec ce club. Je suis venu pour ça aussi et j’y crois dur comme fer ! Pourquoi ne pas rester à Paris encore quelques années et après on se posera la question d’un départ à l’étranger.

Le PSG a sans doute moins de moyens cette saison que d’autres clubs pour gagner la Ligue des Champions. N’a-t-il pas laissé passer sa chance ?

Je ne pense pas. Des joueurs sont partis, sans doute pour des objectifs, pour des raisons financières, pour le cadre de vie. C’est toujours plus attractif de vivre à Barcelone qu’à Paris et de payer moins d’impôts. Mais, moi, aujourd’hui, je suis Français, je joue en France, dans un des meilleurs clubs au monde qui est Français, à Paris, je ne me plains pas !

N’y a-t-il pas un club qui vous fasse rêver ?

J’ai toujours idolâtré beaucoup l’Allemagne, mais entre idolâtré et y aller…

Paris a été battu à Toulouse après 35 victoires de suite en championnat. Est-ce une pression en moins de ne plus avoir ce record à conserver ?

Personne n’aime perdre, on est des compétiteurs ! Mais c’est un mal pour un bien. On est des humains. On a beau être le PSG, ça peut nous arriver de perdre. On a quand même un championnat super relevé, avec de super joueurs. Toulouse est une très belle équipe qui était bien rodée, nous on était encore en rodage. Ça nous a servi de point d’encrage pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.

La défaite de Nantes à Limoges vous a-telle surpris ?

Oui même si j’ai toujours l’impression que le championnat est bien plus dur. En tout cas, cette défaite relance le championnat. Les trois prétendants au titre sont au même niveau.

Vu son budget, le PSG est attendu comme champion tous les ans…

Nantes et Montpellier ont aussi de gros moyens pour attirer de gros joueurs. Aix, Nîmes ou Chambéry ne manquent pas de qualité. Dans ce championnat, tout le monde peut poser des problèmes à tout le monde ! Le niveau est encore monté d’un cran.

Elohim Prandi admiratif des Karabatic

Luka Karabatic a été nommé capitaine des Bleus. Un choix logique ?

C’était déjà le capitaine au PSG. Val (Valentin Porte, Ndlr) a voulu rendre le capitanat et, en termes d’expérience, Luka était le plus légitime.

Cela aurait pu être Nikola Karabatic ?

Ce n’est pas ce qui l’attire le plus. Tout le monde sait que c’est un leader et il n’a pas besoin d’avoir un brassard pour que tout le monde le sache. Sa carrière, ses titres, son expérience, c’est largement au-dessus d’un brassard ! Il n’a pas besoin de ça.

C’est peut-être sa dernière saison. Qu’est-ce que ça fait de jouer avec un tel joueur ?

Avec lui, j’ai énormément appris. Il a un mental extraordinaire. C’est une force de la nature. Il ne cesse jamais d’aller chercher chaque match, chaque titre. Il a toujours faim de victoire. C’est l’un ou le meilleur joueur de tous les temps. C’est surtout psychologiquement qu’il m’impressionne. Il a m’a beaucoup aidé dans ce processus, à être fort, stable, zen, serein.

On a l’impression que, tant que le PSG ne gagnera pas la Ligue des Champions, chaque saison ne sera pas totalement réussie.

On veut gagner le championnat parce que c’est ce qui fait qu’on joue la Ligue des Champions. Mais, le rêve ultime, est de ramener la première Ligue des Champions au PSG qui coure après depuis dix ans. Faire partie de cette équipe, ça restera à vie et j’espère en faire partie. Souvent les favoris ne sont pas ceux qui gagnent à la fin donc j’y crois !

Pour le prochain réveillon, vous n’avez rien prévu ?

(sourire) Non, je vais chez maman !

Trois ans de plus à Paris !

C’était la tendance, au moment de cette interview, c’est désormais officiel, Elohim Prandi a prolongé pour trois saisons supplémentaires avec le PSG qu’il avait rejoint durant l’été 2020, et est désormais lié au club jusqu’au 30 juin 2026. « Cette prolongation va ouvrir un nouveau chapitre important de ma carrière, a réagi Elohim Prandi après la signature de son nouveau contrat.Je suis venu à Paris pour grandir et je suis convaincu que je vais y poursuivre ma progression. J’ai la chance d’évoluer dans l’un des meilleurs clubs d’Europe, qui s’appuie sur un staff de grande qualité, des joueurs très talentueux et des supporteurs dont le soutien est sans faille. Ensemble, nous aurons l’ambition de faire briller le Paris Saint-Germain sur la scène nationale et continentale.”Nous sommes très heureux de continuer l’aventure avec Elohim Prandi, a déclaré pour sa part Jean-Claude Blanc, le directeur général délégué du Paris Saint-Germain. C’est un joueur qui a franchi un réel palier depuis son arrivée au club et qui figure aujourd’hui parmi les plus grands talents à son poste. Son très bon début de saison confirme les attentes placées en lui. Depuis plusieurs mois, il est devenu un rouage incontournable du Paris Saint-Germain Handball, par son engagement et sa capacité à être décisif.  Nous sommes persuadés qu’il contribuera aux futurs succès de l’équipe.»

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi