dimanche 24 septembre 2023

Equipe de France : Mike Maignan, meilleure gardien du monde ?

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Ses deux performances XXL face aux Pays-Bas et à l’Irlande en mars l’ont propulsé dans une autre dimension. En se révélant au grand public et en intégrant le cercle très fermé des meilleurs gardiens du monde, Mike Maignan a frappé un grand coup… qui ne vient pas de nulle part.

Tous ceux qui l’ont côtoyé avant qu’il n’explose dans les buts du Milan AC la saison passée, en étant essentiel dans la quête du Scudetto et du parcours jusqu’en demi-finale de la Ligue des Champions cette saison le savent. A Lille déjà, il faisait l’unanimité, mais dans un contexte nettement moins médiatique. Son ancien coéquipier chez les Dogues, Jonathan Ikoné, lui aussi parti en Italie depuis, le reconnait (dans L’Equipe) :

« Il était déjà le même Mike qu’on voit aujourd’hui, et donc déjà pour moi le meilleur au monde. Sauf qu’il était moins exposé, mais il faisait des choses incroyables. Il n’a fait que confirmer depuis. »

Sur sa ligne comme dans son jeu au pied, Mike était déjà magique lors d’une saison 2018/2019 où, avec le LOSC, il avait tenté et réussi 10 dribbles avec le ballon dans les pieds, ce qu’aucun autre gardien du Big Five européen n’a réussi à faire lors des dix dernières années.

Maignan a conquis les Bleus

A Milan, il marquait les esprits dès sa première saison en délivrant une… passe décisive à Leão, son ancien coéquipier lillois, pour une victoire 1-0 face à la Sampdoria, une grande première pour un gardien rossoneri depuis Dida en 2006. Comme lui passé par le LOSC et le PSG pour devenir international, Bernard Lama est sous le charme :

« Il est décisif dans les grands moments, ce n’est pas un hasard. Il est complet, puissant, agile, très bon techniquement, capable de relancer avec ses pieds, à l’aise dans tous les compartiments du jeu et mentalement il prouve qu’il supporte la pression car il arrive au sommet avec l’expérience de ses 27 ans. Avec le Milan, il a été impressionnant, avec l’équipe de France également. Il est capable d’effectuer des arrêts qui comptent et rapportent des points. Aujourd’hui, je ne vois pas meilleur que lui. »

Le diagnostic est largement partagé jusqu’en Italie où l’ancien international milanais, Alessandro Costacurta, avait déclaré sur Sky Italia, après le succès des Rossoneri en quarts de finale de la Ligue des Champions face à Naples largement imputé aux arrêts de Mike, notamment un penalty stoppé de Kvaratskhelia :

« Je pense qu’on peut le dire à partir de ce soir, il est le meilleur gardien du monde ! » Son coéquipier anglais, le défenseur Fikayo Tomori, renchérissait sur Eurosport : « Il amène beaucoup de tranquillité, tu sens sa présence. En dehors du terrain, il est un professionnel incroyable. Avant chaque match, il est là pour voir ce qu’on peut ou ne pas faire, discuter, organiser les choses et aider. C’est plus qu’un gardien car il nous aide également lorsqu’on a le ballon. Et quand on en a besoin, il sort des arrêts de fuoriclasse ! »

« Quand on en a besoin, il sort des arrêts de fuoriclasse ! »

Pour Mickaël Landreau dans Le Parisien « Il figure dans mon top 5 des meilleurs gardiens de la planète » avec plus de sécurité et moins d’absences coupables que celui qu’il a remplacé à Milan, Gianluigi Donnarumma, avec une présence supérieure dans le jeu aérien que le duo brésilien de Premier League, Alisson (Liverpool) et Ederson (Manchester City), une marge de progression que peuvent lui envier Thibaut Courtois au Real Madrid, dernier lauréat du Trophée Yachine en 2022, ou Edouard Mendy (Chelsea) qui regardent avec inquiétude la montée en puissance de leur jeune challenger.

Classé 5ème du classement effectué en marge du Ballon d’Or, Maignan est aussi et surtout, à 28 ans, le plus jeune de tous, le seul à ne pas encore avoir passé la barre de la trentaine… et le plus impressionnant dans l’exercice des tirs au but où il a un taux de réussite exceptionnel.

Milan veut le garder à tout prix

Depuis le début de sa carrière, il en a effectivement arrêté 19 sur 52, soit 36,5 % de réussite (face aux 8% de Lloris), dont 10 avec le LOSC, 3 avec le Milan AC (dont 1 face à Salah en Ligue des Champions un mois après son arrivée) et 1 avec les Bleus après avoir fait échec à Depay face aux Pays-Bas en mars dernier (4-0)… cinq ans après avoir fait échec au même tireur lors d’un Lille-Lyon de Ligue 1.

De quoi inverser une tendance qui a beaucoup coûté aux Bleus, battus deux fois en finale de Coupe du monde après la séance des tirs au but, et éliminés du dernier Euro par la Suisse sans que Barthez en 2006 ou Lloris en 2021 et 2022 ne parviennent à en stopper un seul ?

Probablement s’il parvient à maintenir en sa faveur le rapport de forces avec des tireurs forcément impactés par une réputation qui va devoir résister à l’évolution des règles en matière de penaltys souhaitée par l’IFAB (International Football Association Board). A l’horizon 2026, les gardiens ne seront plus autorisés à retarder l’exécution d’un penalty ou à distraire leur adversaire en touchant la barre transversale ou les poteaux.

Pas franchement inquiet par cette perspective, Mike a préféré faire dans l’humour sur son compte Twitter : « Nouvelles règles de l’IFAB pour les penaltys en 2026 : les gardiens devront être de dos au moment du tir… et en cas d’arrêt, coup-franc indirect ! » L’ironie, c’est que même de dos, dans cet exercice si particulier qui relève moins de la loterie que du talent, avec les Bleus, il est sûr et certain de faire au moins aussi bien que Lloris.

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