Au coeur du jeu des Bleus, entre Pogba, Rabiot et N’Golo Kanté, si Tchouaméni est parvenu à devenir indispensable, il va rapidement devoir compter avec Zaïre-Emery. La montée en puissance du jeune Parisien est-elle de nature à remettre en cause la hiérarchie du milieu ? Le face à face avec Aurélien Tchouaméni.
Warren Zaïre-Emery
Technique : 3/5
La sobriété caractérise le jeu du jeune milieu parisien qui s’appuie sur une technique maîtrisée et sans fioritures. Habile à droite comme à gauche, capable de faire des différences balle aux pieds dans de petits périmètres, il préfère encore jouer simple et se reposer sur sa qualité de passe.
Ses prises de balle restent son point fort, avec des contrôles orientés qui lui permettent de se sortir de situations difficiles, de se mettre dans le sens du jeu pour s’ouvrir le champ de vision. Sa marge de progression passe par davantage de prises de risques, notamment dans le domaine offensif où il n’apporte pas encore tout ce qu’il pourrait.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité du foot dans votre mag
Mental : 4/5
En faisant ses débuts pros à moins de 16 ans, en assumant ensuite son ascension rapide vers les sommets, une médiatisation qui ne cesse d’augmenter, il a bluffé tout le monde. Insensible à la pression, il semble vivre son arrivée dans la cour des grands avec une maturité largement supérieure à son jeune âge.
Au-delà de toutes autres qualités, son mental reste son principal point fort, celui qui lui permet d’exprimer son talent de footballeur en exploitant tout son potentiel. Quand trop de joueurs plus doués que lui s’éparpillent ou subissent les enjeux, lui semble s’en nourrir.
Physique : 2/5
Il n’est pas très grand (1m78), pas très rapide, ni très puissant, mais son volume de jeu lui permet de compenser un physique moyen pour un footballeur de haut niveau.
Son activité dans la récupération défensive, son souci de se rendre disponible offensivement sans fuir ses responsabilités en font un partenaire précieux, un joueur toujours utile qui gagnerait tout de même à travailler sa vitesse et sa tonicité pour devenir plus explosif et être en capacité de gagner plus de duels.
Intelligence de jeu : 4/5
Qu’il soit utilisé sur un côté, ce qui lui arrive souvent au PSG lorsque Ruiz ou Vitinha occupent l’axe, ou en sentinelle du milieu, sa capacité d’adaptation dit beaucoup de son intelligence tactique. Dans le replacement, la manière qu’il a de compenser les montées des uns et des autres, de se rendre disponible aux quatre coins du terrain montre qu’il comprend le jeu pour se déplacer dans les zones essentielles comme pour jouer juste, ce qu’il fait la plupart du temps.
Le plus jeune joueur de l’histoire du PSG (16 ans, 4 mois et 29 jours) à jouer en L1 et en Ligue des Champions est aussi un des plus intelligents.
Palmarès : 2/5
A seulement 18 ans, il ne peut pas être encore assis sur un palmarès XXL. Il a tout de même déjà deux titres de champion de France à son actif en étant un joueur essentiel du groupe parisien, et une Coupe de France pour le doublé en 2023/2024. Champion d’Europe U17 en 2022, sa présence lors de l’Euro 2024 en Allemagne lui ouvre en grand les portes d’une consécration internationale que le Bayern et Dortmund ont retardé en 8èmes et demi-finale de la Ligue des Champions pour ses deux premières campagnes européennes.
Total : 15/25
Aurélien Tchouaméni
Technique : 3/5
Sans être aussi diabolique qu’un N’Golo Kanté ou un Verratti, le Bordelais possède la palette complète du milieu moderne, capable de réaliser de beaux gestes techniques sans en faire une fin en soi. Sa qualité de passe, son jeu long, sa frappe de balle surtout le rendent redoutable dès lors qu’il se retrouve face au but. S’il marque peu (3 buts avec le Real, 5 avec Monaco, 3 avec les Bleus), ses incursions balle aux pieds dans le camp adverse sont souvent tranchantes qui lui permettent de casser les lignes.
Mental : 4/5
La facilité avec laquelle il franchit les étapes de sa carrière, de Bordeaux à Monaco, puis au Real, démontre qu’il a une tête bien faite, un mental hors norme. Dans un registre force tranquille, sa progression a toujours été linéaire depuis ses débuts pros à 17 ans avec les Girondins de Bordeaux. Il fallait être costaud pour s’imposer dans le si difficile vestiaire madrilène, tout autant pour succéder à Pogba en équipe de France, le double défi a été relevé haut la main. Souvent présent dans les grands rendez-vous, à seulement 24 ans, Aurélien avait des allures de vieux briscard en abordant son premier Euro.
Physique : 4/5
Il s’agit certainement d’un de ses points forts, celui qui le rapproche le plus de la « Pioche » pour avaler les kilomètres, gagner les duels, au sol et dans les airs, prendre les espaces et faire jouer sa puissance. Du haut de son mètre quatrevingt-sept, il a pris l’habitude de dominer physiquement ses adversaires, d’imposer son gabarit pour faire régner la loi du milieu.
Intelligence de jeu : 4/5
Entre ses coups de boutoir, ses fulgurances techniques et son activité défensive, il est un bon mélange entre Pogba et N’Golo Kanté. Sans aller encore jusqu’à être aussi décisif que le premier, aussi actif que le second, la régularité de ses performances et son excellente vision du jeu peuvent lui permettre, à court terme, de faire aussi bien que ses deux aînés car il en a le potentiel.
Palmarès : 3/5
Champion d’Espagne en 2024, vainqueur de la Coupe du Roi en 2023, finaliste de la Coupe du Monde en 2022, vainqueur de la Ligue des Nations en 2021, sa victoire en Ligue des Champions face à Dortmund le place sur l’orbite des plus grands… qu’il rejoindra lorsqu’il aura gagné un titre avec l’équipe de France. Cet été peut-être…
Total : 18/25
Verdict
Six ans séparent le Madrilène du Parisien, et il n’en faudra certainement pas autant pour voir Warren fondre sur Aurélien, à moins que Didier Deschamps, ou son successeur, ne décide de les associer au milieu, au détriment de Rabiot ou Kanté. En attendant, l’ainé a encore l’avantage grâce à une expérience et à une puissance supérieures dans le jeu. Même si la précocité du plus jeune joueur de l’histoire des Bleus (appelé pour la première fois à 17 ans et 255 jours, trois ans avant Tchouaméni) rend tout pronostic difficile. Car avec lui, tout semble possible.
À LIRE AUSSI : avec qui passe l’avenir des Bleus
Tom Boissy