L’entraîneur adjoint de l’équipe de France, champion olympique cet été, et coach du Team Chambé, espère que son club se qualifiera pour les joutes européennes.
Le début de saison de Chambéry correspond-il à vos attentes ?
Plus ou moins. On est plutôt dans un bon timing et dans une bonne dynamique. Globalement, on est plutôt en place.
Trouvez-vous votre effectif plus fort que l’an dernier ?
Plus stable assurément. On avait un groupe assez jeune. Cet effectif avait besoin d’expérience. On l’a payé assez cher la saison dernière. On a subi pas mal de défaites pour apprendre. Nous sommes maintenant plus solides dans ce qu’on propose et dans nos émotions.
C’est de bon augure. On a peu changé de joueurs à l’intersaison. On s’est basé sur du vécu avec un groupe qui a pris un an de maturité. Il y a eu aussi l’arrivée de Sebastian Skube. Sébastian a apporté son expérience. Il est demi-centre et il stabilise notre jeu. Il génère de la confiance sur l’ensemble du groupe.
« Objectif Europe pour le club »
Cette saison est-elle placée sous l’angle de la revanche ?
On ne le voit pas comme cela. On savait qu’à l’intersaison en laissant partir certains joueurs ayant des sollicitations externes ; et pour combler certains manques financiers liés au Covid, on perdait des joueurs d’expérience. On n’a pourtant pas été loin d’obtenir une place européenne (7èmes) en finissant à un point de Toulouse qui dispute la Coupe d’Europe. Cela reste une saison pour faire grandir ce groupe jeune. Maintenant, on veut tirer la quintessence de cet effectif qui a bien progressé et gagné en expérience.
Quels sont alors les objectifs précis à atteindre cette saison ?
Gagner ce point supplémentaire qui nous aurait permis d’être européen. C’est l’objectif du club. On veut aussi avoir notre mot à dire dans les Coupes nationales. Ces compétitions ont pour nous une saveur particulière. Avant la pandémie, on s’était qualifiés pour le Final Four de la Coupe de la Ligue. Mais on n’a jamais pu le disputer. On a à cœur d’atteindre à nouveau ce niveau.
Le top 3 pas dans les cordes de Chambé
Que manque-t-il au « Team Chambé » pour atteindre le top 3 du championnat ?
On n’a pas cette prétention ! On a la moitié des budgets des clubs de cette catégorie. Montpellier, le PSG, Nantes et Aix ont des budgets bien supérieurs. Au moins le double ! Au-delà de l’aspect purement financier, ces clubs disposent aussi de 17, 18 pros.
Cela permet de pallier à toute blessure. Nous, on en compte 14. Dès qu’on a un blessé c’est de suite très pénalisant. Dans la durée, c’est donc plus compliqué.
« Gagner ce point supplémentaire qui nous aurait permis d’être européens »
Avec un titre de champion olympique en poche, votre approche en tant que coach est-elle devenue différente ?
C’est toujours une richesse. On côtoie le niveau international. On apprend des meilleurs joueurs du monde, mais aussi de ce qui se fait tactiquement de mieux dans les différentes nations. Ce qu’on voit habituellement en spectateur, là de fait on analyse car on doit faire face à des adversaires. Cela permet d’étudier d’autres points tactiques. On s’en sert évidemment pour notre quotidien aussi. Cela alimente et enrichit le panel tactique. On se nourrit de cette reconnaissance internationale.
Est-il facile de concilier à la fois le métier de coach en club et celui d’adjoint en sélection. C’est quand même très rare !
Ce doit même être une première en France. Ce n’est pourtant pas dans les habitudes de la Fédération. Mais ce cumul n’est pas compliqué pour moi. On n’a pas autant de plages de repos que quand on est juste entraîneur de club. Toutefois, je trouve cela rafraîchissant. Cela m’apporte beaucoup d’énergie.
Érick Mathé se méfie de la concurrence au championnat d’Europe
Le titre de champion d’Europe échappe à la France depuis 2014. On ne comprendrait pas qu’elle échoue après son succès olympique…
Il y a de la concurrence en face. Qu’on puisse atteindre le dernier carré final dans chacune de nos compétitions, c’est déjà quelque chose de fort. Cela traduit une grande stabilité. Lors des derniers Mondiaux, on était arrivés avec moins de fraîcheur en Egypte (la France avait fini 4ème, Ndlr). On avait deux joueurs blessés à l’abord du dernier carré. Ceux encore présents avaient fini un peu usés.
L’élément fraîcheur en fin de compétition est toujours primordial. Si on arrive à gérer au mieux les organismes, on pourra prétendre à une nouvelle médaille. Mais on est plusieurs nations à le vouloir l’obtenir et cela se joue souvent à pas grand chose. Cela offre néanmoins souvent de belles médailles quand la pièce tombe du bon côté pour nous (sourire).