Les Anglais attendent depuis bientôt 60 ans que leur sélection remporte à nouveau un trophée majeur. Mais cette année plus que jamais, l’espoir est permis. Les Three Lions peuvent compter sur une véritable génération dorée, qui pourrait bien faire scintiller à nouveau l’Angleterre et lui apporter une première couronne européenne.
« On a le sentiment que c’est le moment parfait pour connaître le succès ensemble » confiait Jack Grealish au Times en octobre 2023. Et c’est probablement ce que ressentent, ou plutôt ce qu’attendent les 56 millions d’Anglais. Tous espèrent pouvoir enfin entonner le fameux « It’s coming home ». Même si ce sera finalement sans le joueur de City, absent de la liste finale de Southgate.
Et en 2024, encore plus que d’habitude, l’Angleterre, menée par une génération royale et dans une poule plus qu’abordable (Danemark, Slovénie et Serbie), peut s’autoriser à rêver. Pour cela, elle possède un joyau unique, le joyau de la couronne, le précieux Jude Bellingham.
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Bellingham, l’atout majeur des Three Lions
Du haut de ses 20 ans, il s’est d’ores et déjà imposé en véritable patron du Real Madrid et de l’Angleterre. Il l’avait d’ailleurs déjà démontré lors du match de la qualification contre l’Italie (3-1). Alors que les rares incursions italiennes plongeaient Wembley en apnée, Jude Bellingham, s’est comporté en véritable leader pour remobiliser ses troupes.
Le phénomène du Real Madrid a obtenu le penalty de l’égalisation et remonté puissamment la balle avant de servir Marcus Rashford pour le 2-1. Le prince Harry Kane avait parachevé le festival, compostant le billet anglais pour l’Euro.
Et avec son mélange générationnel composé de joueurs tous plus talentueux les uns que les autres, Gareth Southgate pourrait bien avoir entre les mains le cocktail gagnant de cette édition. En effet, si Bellingham sera incontestablement un des tops joueurs de cet Euro, il sera aussi très bien accompagné.
Avec Harry Kane, Bukayo Saka ou encore Phil Foden, qui sort d’une saison lumineuse, les Anglais possèdent sans doute la seule armada offensive capable de regarder les Bleus dans les yeux. Et pour couronner le tout, à quasiment toutes les lignes, l’Angleterre possède un réservoir de deux ou trois joueurs. Leur ligne d’attaque peut par exemple être suppléée par Cole Palmer ou encore le jeune Anthony Gordon. Rien que ça ! Au milieu de terrain, Declan Rice a franchi un cap cette saison depuis son arrivée à Arsenal. La preuve de la qualité des joueurs retenus : outre Grealish, Rashford et Sterling resteront à la maison.
Une génération royale
Et si Conor Gallagher impressionne dans le volume de jeu, Kobbie Mainoo pousse aussi, du haut de ses 18 ans, pour se faire une place dans la hiérarchie. Bref, un vivier des plus impressionnants, offrant de multiples options pour changer le cours d’un match.
Mais ce vivier est aussi très jeune. Et bien que la plupart des espoirs anglais aient déjà une expérience dans les grandes compétitions avec leurs clubs, à l’image de Foden avec Manchester City ou de Bellingham avec le Real Madrid, pour Bruno Larose, co-créateur du podcast Les Trois Lions, « c’est peut-être encore un peu tôt. Avec cette génération, on est encore au début de ce chemin vers le retour d’un trophée en Angleterre. »
D’autant plus qu’un groupe aussi étoffé n’est pas toujours facile à gérer. Et ce sera sans aucun doute le plus gros défi de Gareth Southgate cet été : trouver la bonne formule. « Le niveau individuel des joueurs est tellement incroyable que si tout ce petit monde arrive à créer une synergie et à bien bosser ensemble, ils peuvent très vite être irrésistibles » confirme Gianni Canonica, animateur du podcast What a Game sur le football anglais.
Et c’est là où le sélectionneur anglais est attendu. A la tête de la sélection depuis 2016 et avec une génération aussi flamboyante, Gareth Southgate sait qu’il doit performer. Bruno Larose est confiant. Selon lui, « c’est un sélectionneur qui peut emmener l’Angleterre encore plus haut, mais il faudra en effet qu’il sache être moins entêté à certains moments et être capable de changer certains choix ».
Le poste de gardien, la chimère anglaise
Un autre gros bémol persiste depuis des décennies dans la sélection anglaise : le poste de gardien. Et cette année encore, le capital confiance ne sera pas au plus haut dans les cages. Aaron Ramsdale manque de rythme et a perdu sa place de titulaire en club avec Arsenal, et l’habituel gardien des dernières campagnes, Jordan Pickford vit une saison ô combien difficile avec Everton. Cette carence combinée à « la défense qui n’est pas non plus très établie, l’ensemble défensif peut leur poser des soucis. A ce niveau, ça se joue souvent à des détails et ces manques en font partie » regrette Gianni Canonica. On notera d’ailleurs que Souhgate laisse Maguire à la maison.
L’armoire à trophées anglaise n’ayant pas été ouverte depuis 1966 (une Coupe du monde), les hommes de Gareth Southgate se doivent pourtant d’éclater ce plafond de verre qui étouffe leur palmarès depuis près de 60 ans. L’Angleterre semble en tout cas en être de plus en plus proche. Eliminés en demi-finale de la Coupe du Monde 2018 (par la Croatie), en quarts du Mondial 2022 (par les Bleus), et surtout, battus en finale de l’Euro 2021 (par l’Italie), « ils n’ont jamais été aussi près » insiste Gianni Canonica.
Ce 11 juillet 2021, les Anglais touchaient du bout des doigts leur rêve de soulever leur tout premier Euro. Mais une séance de tirs au but cruelle venait faire taire Wembley, c’est bien la Squadra Azzura qui allait être sacrée. « Néanmoins, c’est ce genre de moments qui forge un groupe. C’est de l’expérience accumulée et ce vécu avec le talent individuel des joueurs qui explosent cette année, c’est ce qui peut leur faire espérer le meilleur » est convaincu Gianni Canonica.
Avec cet esprit revanchard, les Anglais peuvent en effet espérer avoir tiré assez d’expérience pour cette fois aller au bout. Car hormis ce beau parcours en 2021, on ne peut pas dire que l’Angleterre et l’Euro font la paire. En 10 participations, les Anglais n’ont atteint qu’à deux reprises les demi-finales (1968, 1996), et se sont arrêtés à six reprises en quarts (1972, 1980, 1988, 1992, 2004, 2012).
Un bilan décevant pour une nation pionnière du ballon rond. Il lui revient d’inverser l’histoire et de montrer que cette génération peut être celle qui mettra fin à 60 ans de quête d’un titre majeur.
1966
Le dernier trophée majeur remporté par l’Angleterre. Les Three Lions remportent la Coupe du monde contre la RFA en finale, au bout du suspense grâce à un but de Geoffrey Husrt à la 101ème minute.
Pronostic
Avec une défense solide et une attaque fournie en talents et en confiance, ça ne fait aucun doute : l’Angleterre a tout pour briller. C’est avec un tel potentiel offensif, sans équivalent en Europe, elle peut faire très mal. Avec un esprit revanchard à la pensée de leur défaite en finale en 2021, il est peut-être l’heure pour les Anglais de soulever leur premier trophée majeur depuis 1966. A noter que si les Anglais et les Français tiennent leur rang, ils se rencontreront en demi-finale.
Marine Pattyn