Revenu au plus haut niveau après son grave accident sur le Tour de Pologne en 2019, Fabio Jakobsen réalise chaque jour sa chance de continuer à être un professionnel. Le sprinteur néerlandais est maintenant prêt à profiter de l’instant présent pour aller décrocher de nombreuses belles victoires et peut-être une première participation sur le Tour de France. Entretien pour Le Quotidien du Sport et Le Sport.
Fabio Jakobsen présent en 2022 pour essayer de briller
Comment allez-vous ?
Je vais bien. Même si la pandémie reprend un peu d’ampleur, le principal, c’est de se préparer pour cette nouvelle saison. Ça m’a fait plaisir de retrouver l’équipe et de débuter la préparation de cette nouvelle année de compétition. Le camp d’entraînement et la préparation ont pu suivre leur programmation initiale. C’était important de le faire car on est dans une période importante pour faire une bonne saison.
Contrairement à l’année dernière, êtes-vous heureux de pouvoir préparer cette saison normalement ?
Évidemment. Je peux même dire que j’ai eu une agréable surprise. J’ai passé les tests physiques avec le reste de l’équipe. Les résultats ont été similaires à ceux que j’avais l’hiver avant la saison que j’ai connu mon terrible accident. Si je compare à l’année dernière, je vais beaucoup mieux (sourire).
J’ai retrouvé la même condition physique que j’avais avant mon accident. Je suis content et heureux d’avoir pu récupérer autant. J’ai travaillé dur pour y arriver. Ça me permet d’avancer sereinement dans la préparation de cette saison.
Je suis confiant que ça va me permettre d’être d’attaque rapidement pour l’année qui nous attend. J’ai pu attaquer la préparation avec tout le groupe et jusqu’au bout.
« La page est définitivement tournée »
L’année 2021 restera-t-elle celle de la renaissance pour vous avec de nombreuses émotions et surtout des victoires sur la Vuelta et le succès au classement par points ?
C’est évidemment une année qui restera spéciale. J’ai dû repartir de zéro pour me reconstruire et redevenir compétitif. Je pense avoir surtout réussi à renaître sur la deuxième partie de la saison avec mon objectif principal qui était la Vuelta. Je voulais vraiment finir la Vuelta.
C’était important d’aller au bout des trois semaines. Je me suis accroché. J’ai vécu un Tour d’Espagne incroyable avec de grandes émotions. J’ai surtout dû me donner à fond jusqu’au bout. C’était bon de me tester comme ça. J’ai pu ainsi avoir une bonne base de travail pour la saison actuelle. Je me sens maintenant bien.
Je sais de quoi je suis capable si je me pousse dans mes derniers retranchements. C’était au final un incroyable succès. Je ne me serais jamais cru capable de remporter le maillot distinctif du classement par points. Sans oublier les trois succès d’étapes. J’avais tout fait pour être prêt sur cette Vuelta dès que j’ai fait mon retour à la compétition. J’ai pu ensuite couper et profiter de mes vacances pour recharger mes batteries. Mais j’avais envie de vite retrouver la compétition.
Je me sens bien. J’ai vraiment pu apprécier d’être à la maison pour penser à la suite maintenant. C’est une autre année qui démarre. Il y a un an, je me battais pour simplement être présent pour penser remonter sur mon vélo. Juste le fait de rouler avec mes coéquipiers, c’était un exploit et un plaisir.
Je n’oublierai pas les moments difficiles quand j’étais seul à récupérer. Maintenant, je vais de l’avant. Et je peux m’entraîner normalement chaque jour comme si de rien n’était. Je suis simplement heureux d’être un coureur professionnel maintenant. J’ai en plus pu récupérer un niveau intéressant qui va me pousser à progresser encore. La page est définitivement tournée.
Fabio Jakobsen ne pense plus qu’à prendre du plaisir
L’accident que vous avez connu en 2019 fera toujours partie de vous. Cela vous at-il fait changer votre approche de votre sport ?
La notion de plaisir est devenue primordiale pour moi. C’est une évidence. Avant que cela m’arrive, je me focalisais surtout sur les résultats et j’avais une progression programmée. Je pensais simplement à courir pour être le meilleur. Maintenant j’ai appris que c’était spécial et que c’était une chance de faire ce qui me plaisait.
Ça arrive à tout le monde de connaître des moments qui marquent une vie et qui permettent de relativiser. De plus, je réalise que je fais quelque chose de spécial dans ma vie. Je suis encore plus heureux d’être présent cette année, de m’entraîner et de faire partie du groupe. Maintenant, je regarde devant maintenant. Je fais attention aux détails.
Le meilleur est à venir, je relativise beaucoup de choses maintenant. Je n’ai plus la frustration des déceptions comme auparavant. Je sais aujourd’hui que je suis en forme et que je peux simplement faire du vélo. Mon niveau est encore bon. Et, je sais la chance que j’ai d’être encore présent aujourd’hui. Je veux maintenant le prouver sur les courses.
« Mon équipe m’a soutenu »
Comment avez-vous vécu le soutien de votre équipe et de vos partenaires ?
Ils m’ont aidé à revenir. Ils m’ont aidé à gagner encore. Il y a un an, tout le monde attendait mon retour et me demandait quand j’allais revenir dans le groupe. Ils ont toujours été attentifs à ma récupération et mon rétablissement. C’était sympa de se sentir toujours comme un membre de l’équipe. Dès que j’ai pu reprendre la compétition, j’avais cette envie de ne pas les décevoir.
Même quand c’était dur, ils étaient là. Ils m’ont fait confiance. Stybar, Van Lerberghe ou Sénéchal étaient toujours derrière moi à me pousser pour gagner. Sur la Vuelta, ils ont tout de suite fait en sorte de me mettre en confiance. Patrick Lefevere a toujours été confiant aussi. Tout le monde dans l’équipe m’a soutenu. C’est pour cela que je crois encore plus dans la force du groupe dans le vélo. J’adore faire partie de cette équipe.
Qu’espérez-vous maintenant pour la suite de votre carrière ?
Je veux simplement tout faire pour continuer à être un coureur professionnel, le plus longtemps possible. J’adore ce que je fais. Je vais tout faire aussi pour tenter le plus de courses possibles. Même si, je sais que je suis un sprinteur et que je serai présent pour viser la victoire, notamment sur certaines classiques, sans oublier des courses à étapes comme ParisNice ou Tirreno.
Je ferai tout aussi pour remporter une étape sur un grand Tour. J’espère encore récupérer et redevenir le sprinteur que j’étais avant. Je sais que je suis fait pour cela et j’y trouve un vrai plaisir dans ce rôle. L’adrénaline qui est présente est unique au monde. La chute et l’accident sont toujours possibles. Ça fait partie de moi maintenant.
« Le meilleur est à venir »
Patrick Lefevere a déjà fait comprendre que vous seriez sûrement sur le Tour de France en 2022. Comment avez-vous accueilli la nouvelle et que représente le Tour pour vous ?
Le Tour de France est la course la plus importante. Même les personnes qui n’aiment pas faire du vélo regardent le Tour de France. Dans notre équipe, je sais que ce sont les meilleurs coureurs qui y participent. L’an passé, on a pu voir que Mark Cavendish avait encore le niveau pour y faire de grandes choses.
Il a aussi sa chance d’y aller. On verra d’ici là comment se passe la saison. Notre équipe y alignera la meilleure des équipes. Les décisions se feront plus tard. On en saura plus le moment venu. Mais je suis sûr que le sprinteur qui y sera fera de grandes choses.
La France vous a plutôt réussi par le passé et dans vos jeunes années…
La France est un vrai pays de cyclisme. Les gens adorent le Tour de France. En plus, cette année, le parcours est sympa. Dans ma carrière, j’ai déjà connu de beaux moments sur le Tour de Normandie ou le Tour de l’Avenir. Il y a toujours une bonne ambiance. Tous les coureurs rêvent de faire le Tour. Je suis prêt à le connaître un jour. Je construis ce moment au quotidien. C’est l’objectif maintenant.