On est loin de l’euphorie qui habitait les supporters nantais en 2021, à la création du collectif nantais. Mais si l’initiative, très populaire, n’a pas les moyens d’influer sur l’avenir du FC Nantes, elle continue d’avancer. Doucement.
Lors de l’été 2021, Philippe Plantive, chef d’entreprise nantais, et Mikaël Landreau tenaient une conférence de presse pour annoncer la création du Collectif Nantais. Un projet qui se veut populaire et local, présenté comme une alternative à la présidence contestée de Waldemar Kita.
L’idée est à la fois de réunir des fonds pour racheter le club où s’associer avec un repreneur solide. Dans le même temps, experts, amoureux du club, anciens joueurs… travaillent sur la réalisation d’une sorte de « livre blanc » du FC Nantes idéal…
Le Collectif nantais avait disparu de la sphère médiatique
Un an et demi plus tard, le projet avance moins vite que prévu et, jusqu’à la semaine dernière, avait même disparu de la sphère médiatique.
C’est un communiqué sorti le jour de la Saint-Valentin qui a donné aux nombreux supporters nantais des nouvelles du projet porté par des amoureux du FC Nantes. Dans ce communiqué, on apprend que le collectif nantais a collecté 8 millions d’euros, répartis sur un peu plus de 1800 souscripteurs. On y trouve des entreprises, des anciens joueurs du club et des supporters, via un crowdfunding populaire. Une banque d’affaires a également été désignée pour accompagner le Collectif nantais dans son entreprise.
On apprend aussi que le mandat des membres du conseil d’administration est étendu jusqu’en 2028 et que Marc Jegaden (patron de 8 socités), prend la tête du collectif en lieu et place de Philippe Plantive.
C’est l’occasion de constater que le collectif est en retard sur plusieurs objectifs.
Une ambition initiale de 10 millions d’euros revue à la baisse.
Le 30 juillet 2021, une réunion du conseil d’administration du Collectif Nantais se réunit. Le capital de l’entreprise est alors de 7000 actions d’une valeur de 1 € détenues par trois entreprises. Proginov, Fastea Capital et Micka qui possèdent 2500 actions chacune. Dans cette réunion sont évoqués plusieurs sujets, comme la nomination d’un président et d’un directeur général. Les statuts sont également modifiés. Mais surtout, une augmentation de capital de 10 millions d’euros est décidée par l’ensemble des trois associées. Cette augmentation de capital, toujours caractérisée par l’émission d’actions à 1 euro doit-être terminée au 31 décembre 2021, au mieux.
Lors de la réunion du 21 février 2022, l’entreprise n’a pas réussi à atteindre l’objectif fixé. Seuls 7,5 millions d’euros ont été récoltés par les trois associés. Soit le montant minimum des souscriptions nécessaires à une augmentation de capital.
12 000 signatures de soutien, mais seulement 1728 souscripteurs chez les supporters
Objectif rempli après une souscription allongée du 31 décembre 2021 et 28 février 2022.
Le 9 mars, probablement face à l’objectif non atteint et à la volonté également de mêler le peuple jaune et vert à la démarche du collectif, une campagne de crowdfunding est lancée par l’organisation.
Immédiatement, l’engouement est bel et bien présent chez les supporters nantais. On compte 1728 souscripteurs qui permettent de récolter un total de 259 000 €, soit une moyenne de 149,88 € de don par personne. Une forte somme, mais décevante si on la compare avec les 12 000 signatures obtenues dans une pétition de soutien au Collectif Nantais. On est encore loin de l’objectif maximal fixé à 8 millions d’euros.
Néanmoins, pour les organisateurs du projet, l’ensemble est qualifié de réussite collective. Suite à ces évènement, le capital social a été augmenté de 259 000 € par l’intermédiaire de la société « Fédérons autour du collectif nantais ».
Le capital étant désormais porté aux alentours de 7 767 000 euros (le récent communiqué avance désormais le chiffre de 8 millions d’euros)
A la recherche de nouveaux investisseurs
Si financièrement, les objectifs mettent plus de temps à être remplis pour le Collectif Nantais, en interne, la structure se renforce. Ainsi, plusieurs collèges ont été mis en place, selon les investissements réalisés par les personnes et entreprises participant au Collectif Nantais, le 27 juin 2022. Ces collèges d’associés se basent sur des investissements minimums de 100 000 €, 500 000 €, 1 000 000 € et un dernier collège a part concernant le groupe « Fédérons ensemble pour le Collectif Nantais ».
Ils sont représentés par 2 et 3 investisseurs ayant des mandats portant sur 6 exercices, qui se termineront donc en 2028 comme pour les trois premiers associés initiaux.
Comme indiqué dans le communiqué, Marc Jegaden, membre du premier collège et dirigeant de Vestal Group, prend la suite, dans le cadre d’une présidence tournante.
Le nouveau président et les collèges des administrateurs auront principalement pour mission de trouver de nouveaux investisseurs, en coopération avec une banque d’affaires mandatée dans ce cadre. Déjà plusieurs entreprises locales ont investi dans le projet, comme la fromagerie Beillevaire, Sodem, Brangeon ou encore le Noble Âge.
Les supporters sont déçus
Suite au lancement du crowdfunding, un véritable élan populaire s’était lancé, notamment sur les réseaux sociaux. Un emballement porté par les fans invétérés des Canaris
En effet, on ne compte plus le nombre de supporters arborant fièrement sur leur photo de profil, leur carte associée à leur participation au crowdfunding, où l’on retrouve le logo du Collectif Nantais (le numéro et le profil correspondant à l’adhérent).
A la fin du financement participatif, le 24 mai 2022, on comptait un peu moins de 1800 souscripteurs.
Moins d’un an plus tard, les fans sont majoritairement déçus. Pour beaucoup, le projet est en train de stagner, et le prolongement de la recherche d’investisseurs jusqu’en 2028 inquiète.
Il faut dire que l’un des prérequis du projet de la part de Mickaël Landreau et ses collaborateurs, est de travailler main dans la main avec un mécène qui colle avec la philosophie du FC Nantes. Ce fameux mécène n’a pas encore été trouvé, et le Collectif nantais n’a pas encore les moyens de peser sur le FC Nantes. Surtout pas de se positionner pour racheter le club. La solution rêvée par certains est devenu une lointaine envie.
Les adhérents au crowdfunding ont compris que l’actuel président, Waldemar Kita, n’acceptera de vendre le club qu’à un gros investisseur prêt à mettre un gros chèque sur la table plutôt qu’au Collectif.
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La vie sportive du FC Nantes contribue aussi à réduire l’influence des anti Kita. Depuis le lancement du Collectif Nantais, le FC Nantes a remporté la Coupe de France, avec des moments d’émotion inoubliables (comme l’envahissement du terrain après la victoire en demi-finale contre Monaco) et les joueurs d’Antoine Kombouaré, ont réalisé l’exploit titanesque de se qualifier pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa, en affrontant la Juventus Turin, 27 ans après la demi-finale de la Ligue des Champions, dans une période où les Jaune et Vert étaient au sommet de leur art. Le nul ramené de Turin est un véritable exploit qui valide la bonne passe sportive du club, qui met le projet de rachat au second plan.
D’autant que le mercato hivernal a suscité un grand intérêt chez les suiveurs, avec des recrues qui démontrent une certaine ambition (Joao Victor, Mollet, Delort, Hadjam…).
Le mercato, qui était régulièrement dénoncé par les ennemis de Waldemar Kita, a cette fois convaincu. Un élément de plus qui a ralenti l’influence du Collectif nantais sur l’ambiance générale.
Killian Ravon et Arnaud Mercière