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Frédéric Fauthoux : « Renforcer la grosse identité défensive de l’équipe de France »

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Avant daffronter, ce vendredi soir, la Croatie dans une salle bouillante à Zadar et la Bosnie-Herzégovine lundi, Frédéric Fauthoux, nouveau coach de l’Équipe de France, et le manager Boris Diaw évoquent ces deux matchs décisifs pour le Championnat dEurope de cet été et sur la forme des joueurs Français.

Même lieu qu’il y a trois mois, avec des acteurs bien différents. Comment on gère la difficulté de faire une Équipe de France en plein milieu de saison, avec les absents, les blessés ?

Boris Diaw : C’est une configuration différente, parce que, déjà, cette fenêtre-là est compatible avec les joueurs d’Euroligue. On a encore une qualification à aller chercher puisqu’on va jouer à Zadar, une salle en Croatie qui est particulièrement hostile. Sur la composition de l’équipe, c’est vrai que, par rapport à celle qui avait été annoncée il y a un mois, trois joueurs n’ont pas pu être présents sur cette fenêtre : Vincent Poirier (Anadolu Efes), qui a eu un souci médical, Jaylen Hoard (Maccabi Tel-Aviv), qui a été blessé, et enfin Evan Fournier (Olympiakos), pour des raisons personnelles. Et pour éviter toute question subsidiaire, on a été en contact avec lui, à la fois Fred et moi-même, et on a jugé qu’il était normal qu’il ne soit pas là sur cette fenêtre.

Quels ont été les axes de travail depuis le début du rassemblement, sachant quil ny a pas beaucoup de temps ?

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Frédéric Fauthoux : Un peu comme lors de la première fenêtre, c’est-à-dire continuer à renforcer la grosse identité défensive qu’a l’équipe de France. Défensivement, il faut qu’on soit présents, parce qu’il y a aussi une vraie volonté de défendre dur. Et puis, trouver des automatismes que l’on n’a pas encore acquis. Connecter les joueurs entre eux pour qu’ils arrivent à trouver des solutions en attaque, mais aussi conditionner ce groupe-là. Comme l’a dit Boris, on sait que le contexte va être très difficile. Donc, il faut commencer à préparer les joueurs mentalement pour jouer un bon match.

« Je ne suis pas inquiet pour Neal (Saro, ndlr). Plus il monte, plus il élève son niveau d’exigence »

Pour créer ces automatismes-là, est-ce que ce nest pas difficile de faire un groupe avec tous les absents ?

FF : Pas tellement. Alors, bien sûr, ce ne sera jamais peaufiné à 100 %, mais on a déjà des joueurs qui jouent dans le même club. Par exemple, Strazel, Okobo et Cornelie jouent ensemble à Monaco. Et puis, ce ne sont pas les seuls, il y en a d’autres, comme les gars de l’ASVEL. La plupart ont aussi déjà joué ensemble en jeune, donc les automatismes arrivent tout de même plus vite.

Peux-tu nous parler de Neal Sako (ASVEL), que tu as connu en club, et si tu le sens prêt à assumer les responsabilités qui vont être les siennes ?

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FF : Je ne suis pas inquiet pour Neal par rapport à ce qu’il va vivre. Parce que c’est quelqu’un, je peux le dire tranquillement, qui m’étonne tout le temps. J’aurais toujours cru que son niveau aurait pu s’arrêter ou qu’il arrivait à sa limite. Et en fait, plus il monte, plus il élève son niveau d’exigence. L’année dernière avec Cholet, cette année avec l’ASVEL et l’Euroligue… En fait, il performe tout le temps. Donc, maintenant, la question, c’est jusqu’où il va pouvoir aller. Et à chaque fois, je trouve qu’il absorbe toutes ces nouvelles échéances super bien. 

C’est quelqu’un qui croit énormément en lui et qui travaille énormément aussi pour atteindre ce niveau-là. Physiquement, il s’est étoffé, dans le jeu, il fait de moins en moins d’erreurs, il a une meilleure finition. Au vu de sa motivation de vouloir réussir et de ce qu’il met en place pour y parvenir, ce n’est pas étonnant.

Est-ce que pour ces matchs-là, dans un contexte décisif et hostile, vous attendez beaucoup de Théo Malédon (ASVEL), qui justement fait une superbe saison ?

FF : C’est un match international avec l’équipe de France, c’est un autre contexte et on ne sait jamais réellement comment un joueur va réagir face à ça. Par contre, il a quand même donné énormément de garanties par rapport à ce qu’il produit depuis le début de la saison. Il joue à un niveau très élevé et on ne voit pas de coup de mou depuis le début de la saison. Moi, en tout cas, je n’attends pas qu’il fasse son match référence pour dire qu’il est installé. Simplement, s’il joue comme il joue avec l’ASVEL depuis le début de la saison, on pourra dire qu’il marquera énormément de points pour la suite.

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Comment vous expliquez la non-sélection de Nadir Hifi (Paris), lui qui fait une superbe saison ?

FF : Il y a plusieurs joueurs sur lesquels on a hésité, dont Nadir. Déjà, on ne peut pas prendre tout le monde. En plus, on essaie de faire l’équipe la plus cohérente possible avec le temps qui est très réduit pour intégrer un grand nombre de joueurs. Nadir était en concurrence avec un joueur comme Elie Okobo (Monaco), par exemple, que je connaissais mieux et qui est peut-être, par rapport au jeu que je propose, plus facile à intégrer.

Parce que c’est vrai que Nadir a un jeu aussi un peu spécifique et il faut, je pense, un peu plus de temps pour l’intégrer. C’est quelque chose dont j’ai discuté avec lui et qu’il comprend très bien. Mais ce qui est sûr aussi, c’est que Nadir aura sa chance. C’est inévitable. Il fait une saison extraordinaire. Si Paris est à ce niveau-là, c’est aussi grâce à ses performances. Donc, c’est quelqu’un que l’on verra dans le futur, de toute évidence.

Justement, on entend souvent cette phrase : « on ne peut pas donner la chance à tout le monde ». Mais cela signifie aussi que la France a un gros vivier de joueurs. Quest-ce que vous pouvez dire sur ça ?

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FF : Effectivement, on a cette chance et on le voit bien sur notre secteur intérieur lors de cette fenêtre. On a beaucoup de joueurs en NBA, on a aussi beaucoup de blessés, et pourtant, on arrive encore à avoir des joueurs performants, qui sont des athlètes incroyables pour pouvoir jouer à ce très haut niveau. De toute façon, on essaie de trouver la meilleure équipe complémentaire possible. Donc forcément, on n’a pas toujours les meilleurs joueurs, on n’a pas les 12 meilleurs marqueurs français pour faire la meilleure équipe possible. C’est pour ça que sur des fenêtres comme celle-ci, c’est un exercice particulier de trouver des joueurs qui peuvent immédiatement s’intégrer et créer des complémentarités. 

Alors que si on a une période beaucoup plus longue, comme par exemple pour un Championnat d’Europe, on aura un groupe plus élargi parce qu’on aura le temps de tester des joueurs et de voir s’ils peuvent jouer ensemble. Les compétitions seront plus longues, donc on aura besoin de plus de monde.

Boris Diaw : « C’est important de voir qu’on a énormément de joueurs »

Est-ce que cette grosse génération facilite les choses ?

FF : Peu importe. En tout cas, moi, je pense surtout que ce n’est ni facile, ni difficile. Il faut simplement se dire qu’on a la chance d’avoir ça et qu’il faut en profiter.

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Boris Diaw : C’est important de voir qu’on a énormément de joueurs. Et en plus, vu comment sont organisées à la fois les fenêtres et les compétitions, cela change à chaque fois le vivier dans lequel on va pouvoir puiser. Donc, du coup, ça agrandit encore l’éventail de joueurs. Mais on voit qu’on a énormément de talent et beaucoup de pays nous envient ça.

Quel avis portes-tu sur la progression d’année en année de Mathew Strazel (Monaco), qui fait un début de saison remarquable ?

FF : C’est une très bonne chose. Parce que souvent, les gabarits comme Mathew (1m82, ndlr) sont un peu stoppés avant, puisqu’on cherche des grands joueurs avec des spécificités un peu différentes. Et lui, de par sa force de travail et son caractère, réussit à s’imposer. Et surtout, ce qui est intéressant, c’est qu’au fur et à mesure des années, pour l’avoir bien connu à l’ASVEL un peu plus jeune, il a réussi à améliorer son jeu et à l’étoffer. 

Je pense surtout à son tir. Il y a 2-3 ans, il tirait avec les pieds au sol, et là, il arrive vraiment à avoir un tir de haut niveau en suspension, comme peuvent l’avoir Larkin (Anadolu Efes), James (Monaco), etc. Et surtout, il réussit à jouer avec de grands joueurs à côté, ce qui n’est pas toujours donné à tout le monde. En plus, c’est quelqu’un de très attachant, donc ça fait d’autant plus plaisir de voir réussir des jeunes joueurs comme ça.

« En Betclic Elite, le niveau de jeu progresse d’année en année »

Qu’est-ce que vous pensez de la progression de la Betclic Élite ? Et est-ce que vous pourriez nous dire où vous la classez parmi les meilleurs championnats d’Europe ?

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FF : En Europe, on a quand même l’Espagne, qui est un très, très gros championnat. Mais c’est vrai qu’on peut se situer avec la Turquie, peut-être dans le top 2, top 3. Le championnat de France progresse énormément grâce déjà aux locomotives que sont les trois équipes d’Euroligue. Ça permet aussi de tirer beaucoup de monde vers le haut et que d’autres équipes, avec des moyens financiers et un modèle et un fonctionnement différents, progressent et les titillent sur des compétitions. Comme a pu le faire Le Mans, d’ailleurs, à la Leaders Cup.

Donc, ça, c’est plutôt super positif pour notre basket parce qu’on est visible, on attire de gros joueurs. Et le niveau de jeu, j’ai l’impression, progresse d’année en année, car on donne envie de venir et il y a des joueurs qui choisissent peut-être des équipes un peu moins référencées de notre championnat pour pouvoir se montrer et, un jour, peut-être jouer en Euroligue avec une équipe du top 3. Ce qu’a beaucoup fait l’Espagne et ce qui lui a servi pour se développer.



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