
Elu à 65 ans le 14 décembre dernier 14ème président de la FFBB, Jean-Pierre Hunckler le successeur de Jean-Pierre Siutat évoque ses chantiers pour les quatre prochaines années.
Vous avez été élu avec une écrasante majorité. Que signifie cette victoire pour vous ?
C’est déjà une grande fierté et un honneur de présider une Fédération comme celle de basket. C’est aussi la résultante d’un travail très important pour préparer cette élection. Tout le monde a dit qu’elle s’est déroulée facilement avec un seul candidat, sauf qu’on était sur un nouveau modèle d’élection. C’était la première fois que les clubs votaient directement.
Quels sont vos chevaux de bataille pour le basket français ?
Concernant la très haute performance, il faut continuer de travailler pour progresser et être le plus haut possible sur les résultats au niveau international pour les équipes filles, garçons, 3x3, jeunes et seniors. Ensuite, je suis très attaché au développement sur les territoires. Depuis deux ou trois ans, on sait qu’on ne peut plus progresser beaucoup sur les territoires car on a des manques de créneaux dans les salles et des manques d’encadrement. Nos clubs sont à saturation.
A partir de là il faut trouver des solutions. Sur les 15 dernières années, on a gagné environ 300 000 licenciés, mais on a perdu 300 clubs ! Il faut absolument retrouver cet ancrage du basket. L’idée est d’avoir des satellites pour créer de l’activité dans des endroits où il n’y a plus d’activité basket. Qu’il y en ait eu ou non d’ailleurs.
Cela consiste notamment à cibler les 600 terrains de basket 3x3 construits en France depuis deux ans et financés en grande partie par l’Etat, la Fédération et certains partenaires. On doit activer ces terrains-là pour qu’on provoque de l’activité basket. C’est très important pour le développement de notre sport.
Une des autres idées est d’aller travailler communément avec les clubs et les comités départementaux en priorité, mais aussi avec les ligues pour nous épauler afin de développer de nouveaux encadrants. On doit en avoir beaucoup plus qu’aujourd’hui. On doit vraiment les mettre à la disposition de nos clubs pour qu’ils puissent s’occuper de ces enfants qui attendent de rentrer dans les clubs de basket car ils veulent pratiquer ce sport.
Il faut aller aussi sur le comité départemental sur ce qu’on appelle les groupements d’employeurs. On doit mettre à disposition des gens 5 heures, 10 heures par semaine. Ensuite, le gros travail consiste à expliquer à nos dirigeants de clubs qu’il faut pratiquer le basket autrement, quitte à modifier les saisons.
Cela peut permettre à des jeunes qui ont envie de faire du basket 4 ou 5 mois dans l’année de pouvoir le pratiquer et intégrer les clubs. Demain, ils peuvent devenir de futurs dirigeants, des arbitres, des joueurs. On n’a pas le droit de continuer à refuser des gens comme on le fait.
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« A Los Angeles, on sera encore plus performants »
Que voulez-vous faire de différent par rapport à Jean-Pierre Siutat ?
Ce que je viens d’expliquer est déjà quelque chose de différent par rapport à ce qui a été fait. On va aussi modifier les critères du PSF. Ce sont des subventions d’Etat qui seront données aux clubs. On va mettre en place des critères permettant d’aider les clubs dans leurs frais de fonctionnement davantage que dans les frais d’investissement.
J’ai aussi créé une commission entreprise nous permettant de développer le basket entreprise sur les territoires. C’est une autre nouveauté. Je vais aussi demander à l’institut national de formation, épaulée par les instituts régionaux, de proposer une formation simplifiée d’encadrement, pour qu’au plus bas niveau on puisse avoir vite de nouveaux encadrants, accueillant les jeunes en particulier sur les terrains de 3x3 et sur le 5x5 afin de mieux les faire rentrer dans la famille basket au niveau départemental.
La grande nouveauté va donc consister à gérer ce nouvel élan qu’on doit donner au développement du basket en termes de licenciés. Aujourd’hui, nos clubs sont à saturation. Il faut absolument trouver des idées nouvelles pour continuer à développer le nombre de licenciés.
Jean-Pierre Hunckler l'homme de liaison
Votre autre grand challenge consiste aussi à renouer les liens un peu distendus avec la Ligue Nationale et les instances internationales.
C’était effectivement une de mes priorités. Dès le 18 décembre, je suis allé à la Fédération Internationale à Genève. On s’est revus pour la semaine de la NBA. Les liens sont rétablis. On va avancer rapidement maintenant pour mettre en place des choses entre la France et la FIBA et la FIBA Europe. Sur le même rythme, on a renoué des liens normaux avec les ligues nationales.
Lors de la Leaders Cup qui va se dérouler à Caen (du 14 au 16 février, Ndlr) nous allons organiser un bureau commun de travail entre la Ligue et la Fédération. Cela sera suivi d’un moment convivial entre nous pour que les gens apprennent à se connaître et à travailler ensemble. Il faut un peu de temps maintenant pour mettre en place les choses.
Mais, sur le plan des relations, c’est résolu. Une de mes autres priorités est aussi liée au monde de l’entreprise. On appelle cela le vivre ensemble. Cela touche les activités basket hors compétition, comme le basket santé, le basket tonic, le micro-basket.
On veut aussi travailler sur l’inclusion et j’y suis très attaché, à savoir l’insertion par le sport pour une première chance ou une deuxième dans la vie. Il est important de développer toute cette partie sociale. Par le monde de l’entreprise on va être en capacité de proposer des choses intéressantes au niveau des formations.
« Tout le monde rêve d'une médaille d'or »
Revenons au haut niveau. La médaille d’or est-elle la quête affirmée pour les Jeux de Los Angeles ?
Tout le monde rêve d’une médaille d’or. Il faut qu’on travaille encore. Les matchs se jouent sur des détails. On doit les analyser. Cela doit nous permettre de gommer ce petit écart qui nous sépare des Américains avec la progression de Victor Wembanyama, et des Américaines.
Dans quatre ans, on sera encore plus performants. On a des générations de grande qualité avec des joueurs de grande expérience. On peut envoyer des équipes très compétitives sur des épreuves continentales et intercontinentales. Le premier objectif est de rester sur le haut du pavé européen et mondial. On travaille déjà pour aller chercher ces fameuses médailles.
Dès l’été prochain en espérant décrocher la plus belle des médailles aux Championnats d’Europe (du 19 au 29 juin pour les féminines et du 27 août au 14 septembre pour les garçons, Ndlr). N’oublions pas non plus nos équipes de jeunes qui font aussi de très bons résultats tous les étés.
C’est important car c’est la base de la pyramide. Nous avons aussi le plan de performance fédéral où nous avons intégré le 3x3. On va travailler avec les clubs professionnels et les centres de formation pour intégrer cette discipline. Cela va nous permettre de développer des circuits professionnels pour continuer de progresser, dès 18 ans, et à terme de proposer des joueurs de qualité pour aller sur des équipes A 3x3 garçons et filles.
Comment faire pour garder nos pépites ?
La solution miracle n’existe pas. On n’évitera pas des fuites de joueurs. Cependant, il faut absolument que les clubs arrivent à proposer de vrais projets à ces joueurs-là. Et, qu’à un moment, cela fasse réfléchir le joueur. Qu’il se dise :
« Pendant un an estce que je ne peux pas être le joueur vedette d’une équipe montée autour de moi ? » Quitte à gagner moins d’argent dans un premier temps pour en gagner plus après. Il y a déjà un gros travail qui est fait par les clubs et à travers certains agents.
On doit travailler tous ensemble pour proposer aux filles et aux garçons de vrais projets. Pour qu’ils et elles finissent par hésiter un peu en pensant qu'il n’y a pas que l’appel de l’argent ! Les exemples de Guerschon Yabusele et Théo Maledon sont à donner. Même Evan Fournier qui était un peu à l’arrêt en NBA où il a fait une belle carrière se relance maintenant en Euroligue. C’est du bonus pour l’équipe de France.
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