Que ce soit dans ses victoires comme dans ses défaites, Gaël Monfils (une fois demi-finaliste, trois fois quart de finaliste) n’a jamais laissé indifférent. A sa manière, il a aussi écrit la légende de Roland-Garros. Retour sur certains de ses matches qui sont restés dans les annales.
Eric Winogradsky s’est occupé un temps de Gaël Monfils. « L’attente autour de Gaël a toujours été forte à Roland-Garros. On garde toujours cette impression qu’il aurait pu mieux faire.
Très certainement…. mais quand on aborde un tournoi du Grand Chelem, à fortiori comme Roland-Garros, il faut avoir eu une préparation exceptionnelle. Gaël a souvent fait l’impasse dans des tournois qui sont bien davantage que des tournois de préparation.
Il est toujours compliqué d’arriver à Paris avec peu de repères. J’espère qu’en cette année 2018 Gaël disputera le tournoi et qu’il ira le plus loin possible. A l’instar de nos Français ».
Flash-back. Roland-Garros 2014. En marge du tournoi, lors de la traditionnelle journée caritative de la FFT au profit des enfants malades, Gaël Monfils divertit la foule. Sur une musique de Bob Sinclair, il se lance dans une battle de « break dance » avec Laurent Lokoli.
Une démonstration qui enchante le public et qui colle tant à la peau du fantasque français. Lors de cette édition 2014, l’ancien n°6 mondial (en novembre 2016, 7 titres sur le circuit) atteint les quarts de finale pour la troisième fois (après 2009 et 2011).
Après ses succès contre Hanescu (en quatre sets), Struff (en trois sets), Fognini lors d’une bataille mémorable (en cinq sets), Garcia Lopez en trois sets, Andy Murray le stoppe brutalement.
Le Français remonte deux sets de retard avant de s’écrouler au 5ème set en ne marquant pas le moindre jeu (6-4, 6-1, 4-6, 1-6, 6-0). Un final à la dramaturgie unique : « Gaël a totalement décroché au cinquième set. Il n’avait plus les mêmes moyens qu’au départ.
« Quand il est bien, Gaël est capable de jouer de manière incroyable »
Il était magnifiquement revenu dans la partie et avait même le match en main. Le voir s’écrouler comme cela sur la fin m’avait totalement sidéré » s’étonne encore Jean-Paul Loth. Pour Florent Serra (ex-36ème mondial), Monfils a néanmoins offert une magnifique résistance à l’Ecossais. Sauf qu’il a fini par payer ses efforts consentis lors des matches précédents : « Gaël avait gaspillé beaucoup d’énergie en début de semaine. En Grand Chelem, l’idéal consiste à passer le moins de temps possible lors des premiers tours. Il l’avait payé
contre Murray en cinq manches. Au moment où il avait fallu pousser le Britannique il n’avait pas pu le faire. Il n’avait plus de carburant sur la fin ». Et que penser de son match contre Cuevas en 2015 en 3h30 ? Sur le SuzanneLenglen, les rebondissements se multiplient entre l’Uruguayen et la « Monf ». Dans une ambiance électrique, le Français est mené 41 dans le 4ème set.
Le Français retourne une situation désespérée et l’emporte en cinq manches (4-6, 7-6, 3-6, 6-4, 6-3). En 2010, le Français finit par perdre une partie incroyable au 2ème tour contre Fognini (9-7 au 5ème set) après avoir mené deux sets à rien et compté, un puis deux breaks d’avance dans les 3ème et 4ème sets.
« Gaël est imprévisible. Quand on l’attend, il ne brille pas et quand on ne l’attend pas c’est le contraire ! »
Un match irrationnel qui est stoppé à 5 partout dans le 5ème set à 21h56 avant de se conclure le lendemain ! C’est en 2008 que la « Monf » va le plus loin dans le tableau de Roland-Garros.
Il frôle l’exploit contre Federer en demi-finale (2-6, 7-5, 3-6, 5-7) après de belles victoires contre Clément, Horna, Melzer, Ljubicic et Ferrer. Cette année-là, Florent Serra (éliminé en 16èmes de finale par Ginepri) se trouve dans la partie de tableau de Monfils.
« Gaël, on le connaît. Il est imprévisible. Quand on l’attend, il ne brille pas. Quand on ne l’attend pas, c’est le contraire. Il est alors capable de jouer de manière incroyable. Malheureusement, sur ce genre de match, il n’est jamais arrivé à se transcender.
Il avait pourtant fait un très beau parcours cette année-là. Mais même si c’était sur terre battue Roger Federer s’était montré supérieur. Son jeu convenait parfaitement au Suisse. Souvent, le parcours de Gaël à Roland s’est d’ailleurs stoppé face à Federer.
Gaël se tient très loin de sa ligne de fond de court. Avec un Suisse très offensif cela complique la tâche de Gaël. C’était pourtant la période où il était le plus affûté. Mais Roger prenait la balle si tôt et Gaël courait… Au bout d’un moment cela a fini par craquer ».
Federer bête noire de Monfils
Par quatre fois, le Bâlois aux désormais 20 titres du Grand Chelem a anéanti les espoirs de Monfils Porte d’Auteuil (en 2008, en 2009, en 2011 et en 2015) :
« Gaël aurait pu accrocher une victoire dans un Grand Chelem. Mais il aurait fallu qu’il ait une année avec un tableau ouvert. On ne pouvait pas dire non plus qu’il était parmi les trois prétendants au titre. Par contre, il figurait parmi les dix possibles. Gaël a effectivement souvent été stoppé par Federer lors de ses Roland-Garros.
Mais lors de cette période Federer était le deuxième meilleur joueur du monde sur terre battue. Le Suisse dispute tout de même quatre finales à Roland-Garros (2006, 2007, 2008, 2011) et en gagne une (2009). A part Nadal qui a fait mieux ? » insiste Jean-Paul Loth.
Son ancien coah Eric Winogradsky est du même avis :
« Quand on veut remporter un tournoi du Grand Chelem, et quelle que soit la surface, il faut battre les meilleurs joueurs du monde. Gaël reste ce joueur aux qualités athlétiques phénoménales. Ce qu’on peut lui souhaiter, c’est qu’il puisse rassembler l’ensemble de ses aptitudes pendant quinze jours. Sans avoir de jour sans…
Si c’est à Roland-Garros, c’est encore mieux. Pour en arriver là, il faut auparavant avoir accumulé suffisamment de matches, de temps sur le terrain. Il faut avoir affronté les meilleurs joueurs du monde auparavant en tenant le rythme face à eux. C’est la préparation en amont qui fait, qu’à un moment donné, on est capable de se sublimer sur la durée ».
Même si Gaël Monfils n’est jamais allé au bout à Roland-Garros il a donné aux gens des émotions qui n’ont pas de prix.