Après avoir ramé à Bordeaux, boosté Montpellier, c’est le Stade Rennais que le Landais de 27 ans dynamise de toute son efficacité. Sa générosité dans l’effort, sa capacité à entraîner les autres derrière lui ont transformé le jeu des Bretons. De quoi lui permettre de rêver à l’équipe de France ?
« C’est un garçon discret, respectueux. Avec les statistiques qu’il a, il s’appellerait Labordinho, on parlerait beaucoup plus de lui. Il mérite d’avoir sa chance en équipe de France ! »
Christophe Huteau, l’agent originaire du Sud-Ouest qui a longtemps travaillé avec Mathieu Valbuena, tient sa nouvelle tête d’affiche. Pourtant, à la base, l’ancien joueur formé à Mont de Marsan, passé par le centre de formation des Girondins de Bordeaux, n’avait pas forcément le profil du futur serial buteur tant recherché par toutes les écuries de L1.
Au Red Star en National, à Brest ou Clermont en L2, à défaut d’être suffisamment efficace, le Landais se cherchait un style. Pas très rapide, ni très puissant, doté d’une technique correcte sans plus, il savait que son salut passerait, forcément, par sa capacité à ne surtout pas douter de lui, à ne rien lâcher, jamais, à sauter sur toutes les occasions qui se présentent, à ne pas en manquer une.
Même à Bordeaux, où il revint en 2016 pour sa première saison complète de Ligue 1 (36 matches), ses six buts ne plaidaient forcément en sa faveur.
« Le chemin vers les bleus est encore très long »
Un an et trois petits buts de plus, aucun supporteur des Girondins ne cria au scandale en le voyant s’envoler pour Montpellier. A 24 ans, c’est pourtant dans l’Hérault qu’il allait finir pour en devenir un (héros). Mais là encore, en prenant son temps, en s’arrachant sur tous les ballons, en faisant fi d’un style peu académique, mais qui allait finir par s’imposer comme une évidence.
C’est à la Mosson, avec Delort au soutien et Savanier à la baguette qu’il allait éclore et s’avérer être l’un des attaquants les plus complets de sa génération. Parce qu’à force de trop s’attarder sur ses points faibles, ses lacunes, on avait oublié l’essentiel : ses points forts, sa palette complète, sa capacité à marquer dans toutes les positions, du gauche, du droit, de la tête, de volée, de près, de loin…
Bref, un vrai chasseur de buts à qui il ne manquait finalement qu’un terrain de chasse digne de son talent et de sa détermination. Depuis qu’il est en Bretagne, il rayonne. Avec en point d’orgue la victoire face au PSG en octobre dernier (2-0), son but et sa passe décisive, Gaëtan Laborde se révèle aussi en Ligue Europa Conférence, buteur face à Tottenham.
Premier à effectuer le pressing, premier à sauter sur tous les ballons qui passent dans la surface adverse, Laborde se surprendrait presque à endosser les habits de leader dans une équipe qu’il découvre à peine, mais qui n’a pas tardé à apprécier sa mentalité exceptionnelle, sa grinta, une humilité façonnée par les aléas d’une carrière chaotique.
Laborde au coude à coude du classement des buteurs
Comme si, à 27 ans, il recueillait enfin les fruits de son travail. A la bataille pour le classement du meilleur buteur du championnat avec Mbappé, David, Ben Yedder ou Bayo, il est même de plus en plus cité pour le groupe France. Interrogé à ce sujet, son entraîneur, Bruno Genesio ne considérerait pas ça « comme une anomalie car il est décisif » sans oublier de replacer ses performances dans un contexte « où la concurrence est dure avec de très bons joueurs à son poste. »
Face à des joueurs qui évoluent en Ligue des Champions dans les meilleurs clubs européens, Laborde a encore un sacré palier à franchir pour espérer chanter la Marseillaise. Il s’en rapprocherait s’il parvenait à amener ses meilleures stats (16 buts et 8 passes décisives en 2020/2021 avec Montpellier) à un niveau encore supérieur.
Fidèle à sa philosophie, il refuse de s’enflammer : « Tellement de joueurs extraordinaires postulent aussi chez les Bleus que le chemin est encore très long… »
Tom Boissy