Gilles Rousset, gardien de l’Olympique Lyonnais entre 1990 et 1993, entraîneur des gardiens et éducateur chez les jeunes du club de 2004 à 2019, livre pour Le Foot Lyon et Le Quotidien du Sport sa vision du club rhodanien.
Quel est votre avis sur la saison de l’Olympique Lyonnais ?
Ce que je vois me désole. Ça me fait de la peine de voir que Lyon n’est plus à sa place, ni en professionnel, ni au centre de formation. Pour les pros, c’est un peu la lente descente aux enfers alors que le budget est conséquent. On sent un affaiblissement de l’équipe.
Quand l’équipe rentrait dans le grand stade, il y avait une très forte ossature lyonnaise avec Lopes, Lacazette, Tolisso, Umtiti, Gonalons, Ferri, Ghezzal, etc. Cela revient un peu maintenant avec l’apparition des jeunes, mais ils sont très jeunes et ne sont pas forcément prêts. Je pense qu’à un moment donné, le football n’a plus été le point central du projet.
Ce qui fait tourner un club de foot, ce sont pourtant les résultats de l’équipe première. Ce n’est pas le five ou le bowling à côté ! Tout ce qui a été fait, c’est très bien, mais ça a été au détriment de l’équipe professionnelle. Tu n’as plus des joueurs de classe comme pouvaient l’être Paqueta, Guimaraes, Fekir ou Memphis Depay.
« Il n’y a plus des joueurs de classe comme pouvaient l’être Paqueta, Guimaraes, Fekir ou Memphis Depay »
Quels ont été les principaux manques ?
Je pense qu’il y a moins d’exigence à tous les niveaux du club et notamment en formation. Mais aussi chez les professionnels, il n’y a plus cette exigence au quotidien qui était propre à l’Olympique Lyonnais. Les mecs avant avaient la fibre lyonnaise et connaissaient les exigences du haut niveau. On en revient aux personnes qui encadrent. Autant au centre de formation que chez les professionnels, il y a beaucoup moins d’exigence.
Vous semblez penser que l’évolution au sein du centre de formation est l’une des raisons qui peut expliquer ce déclin ?
Il n’y a pas que ça. Mais beaucoup d’entraîneurs du centre de formation n’ont pas la connaissance du haut niveau. La communication se gargarise en disant que le centre de formation est l’un des meilleurs au monde, mais les conditions ne sont pas dignes d’un grand club européen.
Quand John Textor voit notre centre de formation composé de pré-fabriqués, il doit halluciner s’il compare avec Crystal Palace, l’un des clubs où il est actionnaire. C’est le jour et la nuit en termes d’infrastructures. De plus, tu ne peux pas former correctement des joueurs en ne t’entraînant que sur du synthétique.
En tant qu’ancien gardien, que pensez-vous de la saison d’Anthony Lopes ?
Anthony Lopes est redevenu le Antho Lopes des grandes années. On est revenu là aussi à des méthodes d’entraînement qui se faisaient avant. Une méthode agressive où l’on ne subit pas. Quand Grégory Coupet, qui entraînait les gardiens, est parti et qu’il y a eu des nouvelles méthodes d’entraînement dites modernes (sic) et bien Antho a été moins bon.
C’est encore une volonté d’avoir voulu changer qui n’a pas fonctionné. Heureusement, on est revenu à des méthodes plus dynamiques, plus toniques et Antho est revenu un très bon gardien avec Rémy Vercoutre comme coach spécifique. Quand les méthodes marchent, pourquoi vouloir tout changer ?
De quel œil voyez-vous l’arrivée de John Textor à l’OL ?
Je suis comme beaucoup de monde, je demande à voir. Je pense que cela peut être très positif dans le sens où il peut y avoir une nouvelle dynamique qui s’installe avec de nouvelles personnes qui arrivent. Ce qu’a fait Jean-Michel Aulas, c’est tout simplement exceptionnel, c’est un homme formidable. Pour moi, c’est le plus grand président du football français de tous les temps.
Durer aussi longtemps que lui et faire ce qu’il a fait, c’est phénoménal. Désormais, il faut préparer la suite. Je ne suis pas spécialement inquiet et je pense que cela peut être une formidable opportunité de partir sur un nouvel axe, mais en essayant de retrouver l’âme qui a été perdue, en faisant tout simplement autrement.