jeudi 23 janvier 2025

Guillaume Martin : « Peut-être que je suis un vieux con… »

À lire

Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Goupre Entreprendre

Coureur à part, le Français Guillaume Martin répond à ceux qui estiment qu’il ne gagne pas assez de courses et qu’il se satisfait trop de sa régularité au général du Tour de France (12ème en 2019, 11ème en 2020, 8ème en 2021, 10ème en 2023). A 30 ans, on ne va pas changer le Normand… Entretien pour Cyclisme Magazine et Le Quotidien Du Sport.

Cette année, pour la première fois, vous allez disputer les Strade Bianche !

J’avais déjà été un peu demandeur l’an dernier et ça ne s’était pas fait pour diverses raisons. Dans la mesure où je participais à TirrenoAdriatico. Là, je me suis dit que j’ai envie de le faire une fois dans ma carrière et ne pas le repousser tous les ans. C’est le bon moment en plus avec les chemins blancs qu’on aura sur le Tour de France. Ça a du sens en préparation de voir ce que c’est même si ce sera différent. Ce sera comme un entraînement. C’est une course nerveuse, technique, mais c’est quand même une course pour grimpeurs. Les secteurs sont vraiment durs. On a vu des coureurs français comme Thibaut Pinot ou Romain Bardet y briller, donc pourquoi pas.

Certains se sont inquiétés de la présence de chemins blancs sur le prochain Tour de France. Etes-vous du même avis ?

Je n’ai pas fait la reconnaissance de l’étape du Tour. C’est sûr que j’ai une petite prudence, une petite réticence de base, mais peut-être que je suis déjà un vieux con (sourire). J’attends de voir. C’est sûr que ça occasionnera de la nervosité, du danger, mais en même temps sur le Tour il y en a toujours. C’était la même chose avec les pavés. Ce sera sans doute spectaculaire.

Le championnat de France qui aura lieu le 23 juin chez vous en Normandie entre Avranches Saint-Martin-de-Landelles est aussi un rendez-vous que vous avez coché.

Le parcours ne sera pas extrêmement difficile, mais il aura la particularité d’être en Normandie, d’être chez moi, d’être à quelques kilomètres de Saint-Hilaire-du-Harcouët où j’étais licencié dans les rangs juniors. Je connais bien Daniel Mangeas. Il y a plein de petits clins d’œil donc ce sera particulier pour moi.

Porter ce maillot de champion de France toute une année est-ce un rêve ?

Bien sûr. Je suis passé pas loin en 2019 (7ème, Ndlr) quand Barguil a gagné. A 100 mètres près ! Je sais que j’en suis capable. Mais il faut aussi une part de chance.

Y a-t-il d’autres nouveautés dans votre programme, et avez-vous modifié certaines choses durant l’intersaison ?

Les Strade Bianche, c’est la grande nouveauté du début de saison. Revenir à deux grands Tours, le Tour de France et le Tour d’Espagne, aussi. Mais, dans l’ensemble, ça restera assez classique également dans ma manière de préparer l’année avec les stages.

À LIRE AUSSI : toute l’actualité du cyclisme dans votre mag

« Je continue à progresser »

Doubler Tour et Vuelta, vous l’avez déjà fait deux fois en 2020 et 2021 et ça vous a plutôt réussi (11ème et 14ème, et 8ème et 9ème)…

Oui, c’est ça. J’étais plus inégal sur la Vuelta, mais à chaque fois en adoptant une manière de courir plus offensive, j’avais bien figuré.

Vous n’avez pas connu la victoire en 2023. Etes-vous revanchard ?

Je n’ai pas fait une mauvaise saison pour autant. J’ai été très, très régulier au plus haut niveau donc je ne considère pas que c’était une saison ratée. J’aurais pu aussi gagner une course et ne rien faire du tout à côté et, pour le coup, la saison aurait été ratée. Je ne m’arrête pas à ça, même si bien évidemment on court tous pour gagner.

Que répondez-vous à ceux qui disent que vous ne gagnez pas assez et pas de grandes courses ?

A 30 ans, je n’écoute plus ce genre de chose ! Je n’ai donc pas envie de leur répondre. Je me suis coupé de pas mal de réseaux sociaux comme Twitter. Je ne lis pas forcément les articles qui me concernent. Le cyclisme est un sport tellement dur pour ne pas se parasiter avec des choses extérieures.

On connaît votre attachement à votre régularité au général du Tour de France. A 30 ans, n’avez-vous pas envie de courir autrement ?

On ne claque pas des doigts et on lève les bras ! C’est un peu plus compliqué que ça (sic). Il faut faire en fonction de sa nature, de ce que l’on est. Je suis fier de mon parcours et il n’est pas fini. Je trace mon sillon.

Voir Lafay et Izagirre lever les bras sur le Tour de France n’est-ce pas plus fort comme sensation que de terminer 10ème du général ?

C’est différent. Je ne me compare pas, je ne suis pas envieux, je suis fier de ce que je fais et j’étais content pour mes coéquipiers. Encore une fois, je trace ma route. Peut-être que ça me mènera à une victoire sur le Tour ou le Tour d’Espagne ou peut-être pas. J’ai quand même pas mal de distance par rapport à tout ça.

Cédric Vasseur ne vous pousse-t-il pas à changer votre façon de courir pour gagner davantage ?

L’équipe est aussi contente de ce que je fais. Elle a aussi besoin d’un coureur qui vise le classement général. Je rapporte des points UCI aussi de cette manière-là. Je pourrais courir différemment, viser plus de victoires d’étapes, mais, en même temps, c’est le terrain qui décide. On peut perdre du temps pour une chute ou pour X raisons. Quand j’ai fait des Vuelta où j’étais un peu tourné vers les victoires d’étapes, ça a été parce que j’avais perdu du temps au début au cause d’une bordure alors que je n’étais pas parti avec cet état d’esprit-là.

Il y a eu pas mal d’arrivées et pas mal de départs dans l’équipe. Aurez-vous cette année davantage de renfort en montagne ?

Il y a eu 12 changements avec des renforts de poids pour la partie grimpeurs avec Ben Hermans et Kenny Elissonde notamment. On continue d’avoir un effectif solide.

Vous êtes en fin de contrat. Cela ne vous rajoute-t-il pas une pression supplémentaire ?

La pression, à 30 ans, dans ma situation, elle est quand même moindre que celle que j’avais à 22 ans quand j’avais tout à prouver. Je suis détendu par rapport à ça. Je suis avant tout concentré sur mon début de saison. Je n’ai pas du tout en tête mon avenir pour le moment.

Ce serait quoi un bon Tour de France pour vous ?

C’est déjà d’être au meilleur niveau de performance possible. L’an dernier, j’ai fait 10ème du général. J’avais déjà fait 8ème (en 2021, Ndlr), mais j’avais été meilleur en ayant fait 10ème. J’étais plus fier de cette 10ème place que de la 8ème. Je vais simplement essayer de réaliser la meilleure performance possible dans ce qui s’annonce comme le Tour le plus relevé de l’histoire.

Sentez-vous que vous pouvez encore progresser ?

Je continue à progresser, j’ai des données bruts qui me le font dire. Après, dans un sport comme le cyclisme, tout ne dépend pas que de moi. Il y a l’adversité, les circonstances de course. Parfois, il faut de la chance. Il y a des choses que je ne maîtrise pas.

Les JO seront-ils à votre programme ?

Probablement non. Si on fait appel à moi, je serais très heureux de répondre favorablement à l’invitation, mais le parcours, sur le papier, n’est pas forcément assez difficile. Pourquoi pas dans un rôle d’équipier, mais il y a beaucoup de coureurs. J’ai plus en tête les Championnats du monde.

A part le Tour, quelle course rêveriez-vous de remporter ?

Le Dauphiné, c’est une course que j’aime bien et sur laquelle j’ai bien figuré par le passé (3ème en 2020, 6ème en 2023, Ndlr).

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi